Le 2 mai 2013, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de baisser le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement de l’Eurosystème de 25 points de base, à 0,50 %, à partir de l’opération devant être réglée le 8 mai 2013. Le taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal est réduit de 50 points de base, à 1,00 %, avec effet au 8 mai 2013.
Un taux historiquement bas qui était attendu par certains économistes, comme en avait témoigné la prise de position du ministre luxembourgeois de l’Economie, Etienne Schneider, qui avait regretté début avril 2013 que cette décision n’ait pas été prise auparavant.
"La baisse des taux d'intérêt devrait contribuer à soutenir les espoirs d'une reprise plus tard dans l'année", a estimé Mario Draghi, président de la BCE, qui a acté le fait que la reprise attendue avec le printemps n'avait pas eu lieu. Les derniers indicateurs publiés font en effet état d'une dégradation continue du climat économique tandis que le chômage a encore battu des records en mars, avec 12,1 % de la population active de la zone euro.
Pour Gaston Reinesch, président de la BCL, cette décision "vise à envoyer un signal aux marchés que la BCE est prête à continuer une politique monétaire très accommodante au vu de faibles pressions inflationnistes et d'anticipations en termes d'inflation bien ancrées". "La BCE veut permettre aux banques de continuer à accéder à des liquidités abondantes à un faible taux", a souligné le président de la BCL que les rédactions du Luxemburger Wort et du Tageblatt ont interrogé pour leurs éditions datée du 3 mai 2013.
Par ailleurs, la BCE a annoncé qu'elle allait poursuivre ses opérations de prêts à taux fixes et montants illimités sur une semaine "aussi longtemps que nécessaire", et au moins jusqu'au 8 juillet 2014. Ses opérations de prêts sur trois mois courront elles jusqu'à la fin du deuxième trimestre 2014, également à taux fixe et pour des montants illimités.
Une décision que Gaston Reinesch appelle à ne pas sous-estimer, "car elle donne aux banques l'assurance de trouver auprès de l'Eurosystème les liquidités requises et elle devrait favoriser l'allocation de crédits aux agents économiques".
Enfin, Mario Draghi a annoncé que le Conseil des gouverneurs avait décidé de lancer des consultations avec les autres institutions européennes sur des initiatives concernant la gamme de garanties acceptées des banques en échange de prêts, la question des difficultés que les petites et moyennes entreprises ont à accéder au crédit dans nombre de pays apparaissant comme un enjeu majeur à l’heure actuelle. En attendant l’issue de ces consultations, le président de la BCE a rappelé qu’il était essentiel que les gouvernements intensifient la mise en œuvre des réformes structurelles en cours au niveau national, tout en ne perdant pas le rythme dans les efforts visant à l’approfondissement de l’UEM, notamment via la mise en place d’une union bancaire.
Plus globalement, Mario Draghi a répété la disposition de la BCE à agir, laissant entendre que de nouvelles mesures pouvaient être envisagées en cas de dégradation plus forte de la conjoncture.
Pour Gaston Reinesch, "l'effet de la baisse du taux directeur dépendra ultimement de la transmission par les banques des conditions accommodantes aux acteurs économiques". En effet, a-t-il expliqué, "ce sont les établissements de crédit qui assurent l'intermédiation financière" et "le choix de prêter aux agents économiques ou non leur appartient".
Cependant, assure le président de BCL, la BCE fait "tout son possible pour rétablir la transmission de sa politique monétaire et inciter les banques à prêter, notamment aux entreprises non financières". "Dans la zone euro tout comme au Luxembourg, le nouveau taux directeur historiquement bas et les liquidités abondantes devraient contribuer au développement économique", estime-t-il, dans la droite ligne du message transmis par le président de la BCE.