Le Conseil "Affaires étrangères" (CAE) s’est réuni le 24 juin 2013 à Luxembourg.
Le résultat des élections présidentielles en Iran du 14 juin 2013, l’accord sur le Kidal au Mali et les récents événements en Turquie ont été abordés. Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont ensuite consacrés au Partenariat oriental de l’UE, en vue du Sommet de Vilnius de novembre 2013.
Lors d’une conférence de presse, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères a commenté les événements en Turquie. Pour lui, la manière dans les manifestants ont été traités ne correspond pas aux critères d’adhésion à l’UE de Copenhague qui exigent entre autres le respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme. Elle est par conséquent "totalement inacceptable".
La discussion des ministres s’est ensuite étendue à la question de savoir s’il fallait, comme prévu, ouvrir un nouveau chapitre de négociations, en l’occurrence le chapitre 22 consacré à la politique régionale, avec la Turquie. Le ministre a expliqué qu’un groupe de pays était pour un gel des négociations. D’autres étaient d’avis, comme l’a résumé Jean Asselborn, que ce serait le faux message à lancer actuellement et qu’il constituerait une grande déception pour ceux qui manifestent actuellement pour plus de libertés, de démocratie et de réformes en Turquie. Mais pour toute décision concernant l’élargissement, l’unanimité des Etats membres est requise.
Une approche de compromis envisagée, et qui sera rediscutée au Conseil Affaires générales du 25 juin, est de ne pas tenir comme prévu dans l’immédiat une conférence sur la réouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie, mais d’accepter l’ouverture du chapitre 22 et de négocier vraiment plus tard dans l’année. Les négociations durent depuis presque 10 ans, a souligné Jean Asselborn, et elles vont encore durer aussi longtemps, et il est donc pour lui peu sage de se saisir d’un événement pour interrompre un processus qui s’étale sur une si longue trajectoire temporelle. "Il faut montrer que ce pays qui appartient à la sphère de l’islam est tout à fait capable de se mettre sur les rails pour devenir un pays démocratique", a déclaré le ministre, pour qui "il ne faut pas mettre en question de grands objectifs à cause des perturbations actuelles". Comme dans les pays arabes, les événements en Turquie montrent selon lui qu’un certain « paternalisme politique », où un seul dirigeant prétend pouvoir montrer la voie à tous, est un modèle "qui ne marche plus".
En présence de la commissaire européenne Connie Hedegaard, les ministres ont eu aussi un débat sur le changement climatique. Il s’agissait d’évaluer la contribution de la politique extérieure de l’UE en matière de changement climatique par la "climate diplomacy" en vue du probable accord international sur le climat de 2015. Conscients des enjeux considérables liés au changement climatique, les ministres ont réaffirmé la nécessité d’appréhender ce phénomène de manière horizontale et globale dans les politiques de l’UE et de persévérer sur la voie des efforts déjà engagés en la matière.
Le déjeuner de travail offert par la Haute Représentante Ashton aux ministres des Affaires étrangères a été consacré à l’Afghanistan. En présence du Secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, les ministres ont fait le point sur la politique UE-OTAN des 18 mois à venir. Les discussions ont notamment porté sur l’action globale de l’UE en appui aux efforts afghans pour renforcer la police civile et l’Etat de droit. Les ministres ont également fait l’état des lieux de la situation politique en Afghanistan avant l’échéance électorale de 2014.
Le Conseil a ensuite mené des discussions sur le Processus de Paix au Moyen-Orient, en se livrant à une analyse des derniers développements sur le terrain et en faisant le point sur les incitations que l’UE pourrait fournir pour encourager une reprise des négociations et soutenir les initiatives du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en la matière.
En ce qui concerne le voisinage Sud de l’UE, les ministres ont en premier lieu traité de la Syrie, notamment suite aux des discussions qui ont eu lieu dans le cadre du G8 des 17 et 18 juin derniers. Dans ce contexte, la Haute Représentante a présenté l’approche globale de l’UE portant sur la Syrie, la Jordanie et le Liban, pour aider ces pays à faire face aux conséquences du conflit syrien. Les ministres ont réitéré la nécessité d’une solution politique et ont été encouragés par la possibilité d’une conférence internationale sur la Syrie dite de "Genève II". Dans ce contexte, le ministre Asselborn a réaffirmé que la seule option concrète pour mettre fin au conflit ne pouvait être que politique, une option militaire ne pouvant que déstabiliser durablement le pays et la région. Il a ajouté que ce ne pouvait être la tâche de l’UE de rééquilibrer l’évolution sur le terrain militaire en faveur du régime d’Assad par des livraisons d’armes à l’opposition, et qu’une telle option ne favoriserait pas la tenue de la conférence Genève II, où la participation des parties s’avère d’ores et déjà difficile. Il a par ailleurs rappelé la décision du CAE précédent du 27 mai 2013, qui dit que "les Etats membres se sont engagés à titre national à s’abstenir d’exporter des armes à ce stade et, en tout état de cause, à appliquer un certain nombre de critères stricts à d’éventuelles exportations futures".