Le 18 juillet 2013, la ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Martine Hansen, a tenu une conférence de presse afin d’attirer l’attention des chercheurs, du public comme du privé, sur l’intérêt qu’ils pourraient avoir à participer au programme européen COST de coopération dans le domaine de la recherche scientifique et technologique.
Fondé en 1971, ce programme finance les coûts de mise en réseau de la recherche menée en Europe. Il intervient en complément des programmes-cadres de recherche, depuis leur création en 1984. En visant à réduire la fragmentation des investissements dans la recherche en Europe et à ouvrir la recherche européenne à la coopération mondiale, le programme COST se présente comme "un pilier dans l’effort de création d’un Espace européen de recherche", comme on peut le lire sur le site internet qui lui est dédié.
Trente-cinq pays participent à ce programme européen (les 28 Etats membres de l’UE ainsi que la Bosnie, la Suisse, la Norvège, la Serbie, l’Ancienne république yougoslave de Macédoine, la Turquie et l’Islande). Neuf domaines-clés sont visés par ce programme (biomédecine, agriculture, forêts, physique et nanosciences, chimie, sciences de la terre, technologies de l’information et de la communication, transport et développement urbain ainsi que "sociétés, cultures et santé"). La dixième catégorie de projets pouvant faire l’objet d’un financement concerne les propositions mêlant plusieurs de ces domaines.
Ce programme prend en charge les coûts pouvant intervenir dans la coopération entre des chercheurs issus d’au moins cinq pays des Etats participants, engagés dans des programmes déjà financés, que ce soit au niveau national ou européen. Le financement recouvre les frais engagés pour des meetings, des ateliers de travail, des conférences, des écoles d’entrainement et des missions scientifiques de court terme notamment.
Le programme COST a bénéficié de 250 millions d’euros au titre du Cadre financier pluriannuel 2007-2013. Il finance actuellement 330 actions, qui durent en moyenne entre 4 et 5 ans, pour un montant moyen de mille euros par an et par chercheur. D’après les confidences de Martine Hansen, il n’y a pas à craindre que ce programme obtienne moins de budget dans le cadre des négociations du nouveau Cadre financier pluriannuel 2014-20, autrement nommé "Horizon 2020".
COST est aussi tourné vers la coopération internationale puisqu’il peut impliquer des chercheurs de pays qui ne sont pas membres, mais qui sont définis comme des "pays proches voisins" de l’Europe ou des "pays partenaires internationaux".
Comme l’a souligné Martine Hansen, le programme a aussi l’avantage de permettre à des chercheurs de rejoindre en cours une action COST mais aussi d’être "non bureaucratique", et donc facile d’accès. Le docteur Carlo Duprel, du Fonds national de la recherche (FNR), gère l’interlocuteur au Luxembourg pour le programme COST.
Il est aussi pensé pour aider les jeunes chercheurs à se bâtir un réseau de contacts internationaux.
La ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Martine Hansen, a souligné que le programme COST est particulièrement pertinent pour la recherche luxembourgeoise, parce qu’il soutient à la fois la recherche publique et la recherche privée, mais aussi compte tenu de la relative jeunesse de la recherche luxembourgeoise. "Pour nous, il est extrêmement important d’avoir des contacts internationaux, de collaborer avec des chercheurs, qui peuvent avoir plus d’expérience, et apprendre d’eux", a-t-elle effectivement dit.
Actuellement, 46 actions COST (il y en avait 20 en 2005) sont menées au Luxembourg. Le Centre de recherche public Gabriel-Lippmann et l’université du Luxembourg constituent 70 % de la participation luxembourgeoise. On retrouve parmi les participants privés SES ASTRA, l’hôpital du Kirchberg ou encore Dupont de Nemours. Les retours recueillis par le ministère, venant des institutions participantes, montrent que les transferts de compétences en termes de leadership, de management, de présentation, de compétences écrites sont jugés bénéfiques voire très bénéfiques mais que le programme a aussi un impact au niveau de la visibilité internationale, sur les connaissances rassemblées sur un thème spécifique ou encore sur la participation dans des comités scientifiques.
Au total, 55 chercheurs sont actuellement engagés dans des actions COST au Luxembourg. Parmi eux, on ne retrouve toutefois que sept femmes. La ministre, Martine Hansen, a ainsi émis le souhait que la part des chercheuses augmente. D’ailleurs, c’est une chercheuse qui était invitée à venir donner un exemple d’une action COST et de son intérêt notamment pour les jeunes chercheurs.
Trois ans après avoir terminé sa thèse de doctorat, le docteur Jenny Renaut, actuelle responsable de la plate-forme protéomique et métabolomique végétale au Centre de recherche public Gabriel-Lippmann, fut chargée de la coordination d’une action COST qui a réuni, de 2006 à 2010, cent laboratoires dans le monde, entre autres issus de 26 pays européens, sur la Protéomique végétale en Europe. Le programme lui a permis d’apprendre "à coordonner un projet" et "à gérer un groupe", en vue de nouer des contacts avec des chercheurs internationaux. Cette collaboration a aussi enfanté d’une publication, sous forme d’un numéro spécial, entièrement dédié aux travaux poursuivis dans ce projet, du magazine européen Journal of proteomics mais aussi la tenue d’une conférence internationale à Luxembourg. La chercheuse explique également que cette collaboration a permis de rendre, pour ce domaine de recherches, le Centre de recherche public Gabriel-Lippmann bien plus visible sur la scène internationale. Par la suite, Jenny Renaut a d’ailleurs participé à une deuxième action COST, toujours en cours, sur le Protéomique des animaux d’élevage et participé au comité de gestion d’une troisième action, achevée en 2012, en tant que représentante du Luxembourg sur le stress abiotique chez les végétaux.
Martine Hansen a également souligné "l’impact économique direct" des actions COST. Elle avait ainsi invité Marcel Pettinger, de SES ASTRA, pour parler de l’implication de son entreprise dans ce programme européen. Il a expliqué que dans le domaine des télécommunications, COST constitue "la voix de l’Europe". De 1978 à 1985, un premier programme COST, étudiant l’influence du temps sur les transmissions satellites, avait fait l’objet d’un rapport final, publié ensuite par la Commission européenne et nourrissant des recommandations européennes "reconnues dans le monde entier". Cette recherche a notamment été poursuivie par une action COST basée sur la modélisation de la propagation des ondes radio par satellite et continue encore aujourd’hui.