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Tourisme - Environnement
Après une seconde publication par la Commission européenne des données sur les eaux de baignade flatteuses pour le Luxembourg, le parti Déi Gréng revient à la charge pour dénoncer la "tromperie sur la marchandise" du gouvernement
08-08-2013


déi GréngLe 5 août 2013, en pleines vacances scolaires, la Commission européenne a publié sur la page de garde de son site internet des informations sur les eaux de baignade, afin de guider les vacanciers dans leur recherche de ces lieux de détente. Pour ce faire, elle les rend attentifs au rapport annuel sur la qualité des eaux de baignade de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), publié en mai 2013. L'AEE a mesuré la qualité des eaux par le prélèvement d’échantillons sur plus de 22 000 sites de baignade en Europe, afin de détecter d'éventuels polluants nocifs pour la santé et des bactéries pouvant provenir d'eaux usées ou de déchets d'élevage.

"Vous pouvez aller à la plage l'esprit tranquille cette année: l'eau de 95 % des plages satisfait aux normes de qualité minimales de l'Union européenne. Quant aux autres sites de baignades (rivières et lacs), ils sont 91 % à respecter ces normes",  lit-on dans le texte de présentation qui souligne également les progrès enregistrés en 2012 par rapport à 2011.

Dans cette publication intitulée "Chypre et le Luxembourg en tête du classement des eaux de baignade", la Commission européenne passe ensuite en revue le classement des Etats membres. On y apprend donc que tous les sites de baignade ont été jugés «excellents» au Luxembourg et à Chypre. Avec plus de 90 % de sites dans ce cas, Malte, la Croatie et la Grèce suivent. A l’opposé, la Belgique (13 %), les Pays-Bas (7 %) et le Royaume-Uni (6 %), comptent le plus de sites ne respectant pas les normes minimales.

La Commission profite également de cette publication pour expliquer que l'AEE et elle "souhaitent que davantage de mesures soient prises pour garantir que la totalité des eaux de l'Union européenne soient adaptées à la baignade et potables", par la réduction de la pollution par les eaux usées, l’amélioration de l'évacuation des eaux des exploitations et terres agricoles, et un meilleur contrôle des déchets animaux susceptibles de souiller les plages.

Vingt sites de baignade en 2011 et plus que onze en 2012

A la suite de cette publication, plusieurs médias luxembourgeois, écrits et radiophoniques, ont relayé l’information concernant l’excellence des sites de baignade nationaux.

Celle-ci n’a pas laissé le parti Déi Gréng insensible, qui a réagi par un communiqué de presse daté du 8 août 2013, par lequel il dénonce une "tromperie sur la marchandise" orchestrée par le gouvernement.

Le même titre et la même expression étaient déjà employés en tête d'un premier communiqué de presse, que Déi Gréng avait diffusé quelques jours après la publication du rapport de l’AEE en mai 2013. Ils y avançaient que le surgissement du Luxembourg en tête du classement serait dû au fait qu’entre 2011 et 2012, année de référence pour la dernière étude, le nombre de sites de baignade luxembourgeois échantillonnés a baissé de 20 à 11, par le retrait des sites de baignade situés le long de certaines rivières polluées, que les touristes utiliseraient pourtant comme eaux de baignade.

Le gouvernement n’avait pas apprécié la critique et avait rétorqué qu’il suivait les critères définis dans la directive 2006/7/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade, laquelle "s'applique à toute partie des eaux de surface dans laquelle l'autorité compétente s'attend à ce qu'un grand nombre de personnes se baignent et dans laquelle elle n'a pas interdit ou déconseillé la baignade de façon permanente." Ainsi, les rivières Our et Sûre ne furent plus prises en compte car elles ne se prêtent pas, en raison de leur morphologie, à être des eaux de baignade, expliquait le gouvernement, se défendant d'avoir simplement appliquer pour le tourisme luxembourgeois "les mêmes conditions que celles qui valent pour les établissements situés du côté allemand de ces rivières frontalières".

A la lecture du communiqué de presse du 8 août 2013, ces arguments gouvernementaux n’ont pas convaincu Déi Gréng. Les écologistes y maintiennent leur accusation de "tromperie sur la marchandise" expliquant que "les mauvaises analyses de la Sûre et de la Moselle ne sont simplement plus prises en compte". Or, ces deux cours d’eau fournissaient jusqu’alors 40 % des analyses nationales...

Le député écologiste, expert du tourisme, Henri Kox, dénonce le caractère "dangereux pour l’Homme mais aussi nocif pour le tourisme" de la manière d’agir gouvernementale. "Sur place, en particulier dans les campings, [les touristes] ouvrent les yeux à leur arrivée, ne remarquent pas les panneaux signalétiques ou encore sont contraints de les ignorer. Il est en tout cas douteux qu’ils reviennent", prévient-il.

Le député Camille Gira déclare pour sa part que le gouvernement, plutôt que de se concentrer sur les sites sans problèmes, "doit améliorer la mauvaise qualité des sources et cours d’eau luxembourgeois par des décisions courageuses". "Cela ne signifie pas seulement traiter en priorité les nombreuses stations d’épuration manquantes ou vieillies, mais aussi de mettre en place une exploitation des sols qui épargne les eaux", précise-t-il.