Le ministre des Affaires étrangères islandais, Gunnar Bragi Sveinsson, a annoncé le 12 septembre 2013, la suspension des négociations d'adhésion avec l'Union européenne, pour toute la durée de la législature en cours.
"Nous avons dissous l'équipe et les groupes de négociation, et plus aucun sommet n'aura lieu", a affirmé Gunnar Bragi Sveinsson lors d'un discours devant le parlement islandais rapporté par l’AFP, ajoutant que "l'UE [avait] décidé qu'il n'y aurait plus de dotation au titre de l'Instrument d'aide de préadhésion (IPA)". L'IPA pour l'Islande représentait en 2011 et en 2012 quelque 12 millions d'euros et 5,8 millions en 2013.
Le 13 septembre, en réponse à une question de l’Agence Europe, le porte-parole du commissaire à l'Élargissement Stefan Füle a en effet précisé que "la Commission européenne (était) en train de clarifier avec les autorités islandaises les projets IPA en cours". "Il a également été décidé de mettre en attente l'attribution de fonds pour de nouveaux projets" dans le cadre des fonds 'IPA I', soit les allocations budgétaires prévues pour la période 2011-2013. "Comme notifié aux autorités islandaises, l'Islande ne sera pas concernée par les fonds 'IPA II' (qui couvrent la période 2014-2020) dans les circonstances actuelles", a-t-il encore poursuivi.
Le ministre des Affaires étrangères islandais a encore assuré que le gouvernement était "à l'unisson sur ce sujet". "Aucun tort n’a été fait (aux relations entre l’Islande et l’UE), le processus a été suspendu, rien n'a été fermé, et nous voulons améliorer notre communication et renforcer nos liens avec l'UE sans y adhérer", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement islandais est issu d’une coalition de partis de centre-droit eurosceptiques formée en avril. Forte d’une importante opinion publique islandaise opposée à l'intégration de l'île dans une politique européenne commune, cette coalition avait été portée au pouvoir notamment sur la promesse de mettre fin au processus d’adhésion, lancé par la candidature de Reykjavik en 2009. Les négociations d'adhésion avaient d’ailleurs été suspendues dès janvier 2013 lors de la campagne des élections législatives.
La principale pierre d’achoppement entre l’Islande et l’UE est le sujet de la pêche, jamais abordé lors des négociations. La pêche au maquereau, tout particulièrement, reste source d’un différend important entre Reykjavik et Bruxelles, l'UE ayant déjà menacé l'Islande de sanctions commerciales si elle ne réduisait pas son quota de prélèvement.
Dans sa déclaration devant le parlement, le ministre des Affaires étrangères islandais a néanmoins ajouté que son pays poursuivrait un lobbying intense et visible au sein des structures dans lesquelles l'Islande coopère déjà largement avec l’UE et il a appelé à renforcer et approfondir la coopération bilatérale dans des domaines comme la pèche, l’énergie ou les problématiques relatives à l’Arctique.
Comme le rappelle le site de la Commission, avant son processus d’adhésion, l'Islande était déjà fortement intégrée dans différentes structures de l'UE en tant que membre de l'Espace économique européen (EEE), de l'espace Schengen, de l'Association européenne de libre-échange (AELE) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Dans le cadre de l'EEE, l'Islande participe déjà au marché unique et contribue financièrement à la cohésion sociale et économique de l'Europe. L'Islande est également signataire du règlement de Dublin relatif à la politique européenne en matière d'asile et partenaire de l'UE dans le cadre de la politique relative à la dimension septentrionale, qui vise à promouvoir la coopération dans le Nord de l'Europe.