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Environnement - Santé
L’air que respirent les citadins européens est toujours trop pollué selon l'édition 2013 du rapport sur la qualité de l’air de l‘Agence européenne de l’Environnement
15-10-2013


qual-air-eea (Source: Agence européenne pour l'Environnement)Environ 90 % des citadins européens sont exposés à au moins l’un des polluants atmosphériques les plus nocifs à des niveaux jugés dangereux pour la santé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon le rapport annuel de l'Agence européenne pour l'Environnement (AEE ou EEA) publié le 15 octobre 2013. D'après les normes de qualité de l'air appliquées par l'Union européenne, moins strictes, les habitants des villes ne seraient "que" près d'un tiers à être concernés.

Le rapport annuel de l'EEA sur la qualité de l'air en Europe examine l'exposition des citoyens aux polluants atmosphériques et donne un aperçu général de la qualité de l'air en Europe. Son édition 2013 coïncide avec de nouveaux résultats scientifiques publiés par l’OMS, qui suggèrent fortement que la pollution de l’air peut être dangereuse pour la santé humaine à des niveaux de concentration inférieurs à ceux admis jusqu’à présent. Deux polluants particuliers, les particules fines et l’ozone au niveau du sol, continuent d’entraîner des problèmes respiratoires, des maladies cardiovasculaires et des décès précoces selon l’EEA. Le rapport 2013 de l'agence est par ailleurs accompagné d'une série de fiches détaillées par Etat membre sur les performances de chaque pays.

"La pollution de l’air est nocive pour la santé de l’homme et pour les écosystèmes. Selon les normes actuelles, une grande partie de la population ne vit pas dans un environnement sain. Pour s’engager sur la voie de la durabilité, l’Europe devra se montrer ambitieuse et aller plus loin que la législation en cours", a affirmé Hans Bruyninckx, le directeur exécutif de l’EEA, à l'occasion de la publication du rapport.

Selon le commissaire européen à l’Environnement, Janez Potočnik, "la qualité de l’air est l’une des principales préoccupations de nombreux citoyens. Des enquêtes révèlent qu’une large majorité d’Européens a parfaitement conscience de l’impact de la qualité de l’air sur la santé, et réclame des autorités publiques qu’elles agissent aux niveaux européen, national et local, même en période d’austérité et de crise. Je suis prêt à répondre à ces préoccupations au travers de la révision prochaine de la politique de qualité de l’air par la Commission".

Les principales conclusions du rapport

Les particules de matière (PM) constituent le risque sanitaire le plus grave lié à la pollution atmosphérique dans l'UE et entraînent une mortalité prématurée. PM est le terme générique utilisé pour désigner un mélange de particules (solides et liquides) en suspension dans l'air qui présentent une large gamme de tailles et de compositions chimiques. Ainsi la dénomination  "PM2,5" se réfère-t-elle aux particules dites "fines" qui ont un diamètre maximum de 2,5 micromètres, la dénomination "PM10" désignant les particules d’un diamètre de 10 micromètres maximum.

Malgré un recul des émissions de particules estimé à 14 % pour les PM10 et à 16 % pour les PM2,5 entre 2002 et 2011, les taux d’exposition aux PM restent très élevés. Les auteurs du rapport estiment qu'en 2011, près de 33 % de la population urbaine dans l’UE a été exposée à des concentrations de PM10 supérieures aux valeurs limites journalières les plus strictes de l'UE, quand en 2010, ils n’étaient que 21 %.

Depuis 2002, le degré d’exposition au-dessus de la valeur limite a varié entre 20 % et 44 %, sans qu’aucune tendance apparente n’ait pu être dégagée au cours de cette période, poursuivent les auteurs. En se fiant aux normes plus strictes de l’OMS, ils seraient jusqu’à 88 % à avoir été exposés à des concentrations de PM10 supérieures aux valeurs limites journalières en 2011.

Pour ce qui est des particules fines (PM2,5), le rapport souligne qu’entre 20 % et 31 % de la population urbaine a été exposée à des concentrations supérieures aux valeurs limites annuelles de l'UE entre 2009 et 2011. Selon les niveaux de référence de l'OMS, plus stricts que ceux imposés par la législation de l'UE, ce sont entre 91 % et 96 % des citadins qui ont été exposés à des concentrations de particules qui dépassent les valeurs de référence fixées pour la protection de la santé humaine.

Les centres urbains et industriels d'Europe centrale et orientale, mais aussi de l'est de la France, du nord de l'Italie et du nord de l’Espagne sont les plus mauvais élèves en la matière. Au Luxembourg, aucun dépassement n’a été signalé pour ce qui est des PM10. Pour les PM2,5, le Grand-Duché ne dispose pas de données.

L'ozone (O3) peut être à l'origine de problèmes respiratoires et entraîner une mortalité prématurée. Malgré une tendance à la baisse dans l’UE des émissions de gaz précurseurs de l’ozone, l'exposition à ce polluant reste très élevée dans les villes, ce que les auteurs expliquent par une augmentation des transferts intercontinentaux de l’O3 qui est "susceptible de masquer les efforts européens de réduction". En effet, 98 % des habitants des zones urbaines de l'UE ont été exposés en 2011 à des concentrations d'ozone supérieures au niveau de référence de l'OMS. Selon les normes européennes, ils étaient 14 % à avoir été exposés à des concentrations supérieures à la valeur cible de l'UE.

Les dépassements les plus importants ont été observés dans les Etats membres d’Europe centrale et du sud. Au Luxembourg, aucun dépassement sensible n’a été enregistré en 2011. En 2010, environ 3,2 % de la population totale luxembourgeoise a été exposée à des concentrations supérieures aux normes de l’UE. Par ailleurs, en 2010 (derniers chiffres disponibles), 21 % des terres arables en Europe ont été exposées à des concentrations d'ozone préjudiciables, ce qui s'est soldé par des pertes agricoles.

Le dioxyde d'azote (NO2) peut également être responsable de divers effets nocifs sur la santé humaine et est par ailleurs une cause majeure d'eutrophisation (croissance excessive des algues et des végétaux dans l'eau) et d'acidification de l'environnement. Le NO2 est une des gaz précurseurs qui contribue également à la formation de particules et d'ozone.

En 2011, environ 7 % des Européens vivant en milieu urbain ont été exposés à des niveaux de NO2 supérieurs aux valeurs limites de l'UE. Malgré un recul des émissions d’oxydes d’azote de 27 % depuis 2002, de nombreux pays européens dépassent encore les plafonds d'émission fixés par la législation de l'UE. En 2011, ils étaient huit. Il s’agit de l’Autriche, de la Belgique, de l’Espagne, de la France, de l’Allemagne, de l’Irlande, du Luxembourg et des Pays-Bas. Le Grand-Duché, avec un dépassement de près de 64 % des plafonds d’émissions, fait ici figure de plus mauvais élève européen.

Un autre sujet de préoccupation est le benzo(a)pyrène (BaP) qui est un agent cancérogène. Une proportion considérable de la population urbaine de l'UE (de 22 à 31 % entre 2009 et 2011) a été exposée à des concentrations dépassant la valeur cible de l'UE, qui devra être respectée au plus tard en 2013. Selon les seuils plus strictes établis par l’OMS, jusqu’à 94 % de la population des zones urbaines de l’UE a été exposée à des concentrations supérieures aux valeurs limites. Ce constat est particulièrement valable pour les pays d’Europe centrale et de l’est. L'augmentation des émissions et des concentrations de benzo(a)pyrène en Europe au cours des cinq dernières années est donc préoccupante selon les auteurs du rapport. Le Luxembourg semble ne pas être touché par cette vague.

En ce qui concerne le dioxyde de soufre (SO2), des progrès notables ont été enregistrés: les émissions ont été réduites de manière significative au cours des dernières années grâce à la législation de l'UE qui exige l'utilisation de technologies d'épuration des émissions et une plus faible teneur en soufre des carburants. 2010 a été la première année où la population urbaine de l'UE n'a pas été exposée à des concentrations de SO2 supérieures à la valeur limite de l'UE, et 2011 suit la même tendance. Au Luxembourg, aucun dépassement n’a été constaté.

Dans l'UE, les concentrations de monoxyde de carbone (CO), de benzène et de métaux lourds (arsenic, cadmium, nickel, plomb et mercure) dans l'air extérieur sont généralement faibles, localisées et sporadiques, avec peu de cas de dépassement des valeurs limites et valeurs cibles fixées par la législation de l'UE. Néanmoins, le Luxembourg fait partie d’un groupe de 17 pays, dont les pays baltes, la Pologne et les Balkans occidentaux, où des concentrations de mercure critiques sont répandues à travers 90 % de leur écosystème (p. 83 du rapport).