Le réseau Enterprise Europe Network-Luxembourg de la Chambre de Commerce, de la Chambre des Métiers et de Luxinnovation, en collaboration avec le Ministère des Classes Moyennes et du Tourisme et le Ministère de l’Economie et du Commerce Extérieur, a organisé le 25 novembre 2013 une conférence à l’occasion du lancement de la "Semaine européenne des PME 2013". Son sujet : "Les futurs programmes européens et instruments financiers pour soutenir l’internationalisation des PME à l’horizon 2020".
La conférence a abordé notamment plusieurs questions: Quels sont les futurs programmes mis en place par l’UE pour répondre aux attentes des PME ? Quelles mesures concrètes de soutien existe-t-il pour faciliter l’accès des PME aux financements ? Quels sont les mécanismes de soutien à disposition des PME pour faciliter l’accès au crédit et sous quelles conditions ? Comment financer ses projets de recherche et développement grâce aux programmes de l’UE ? Comment se protéger des risques liés aux transactions internationales et aux exportations ?
Steve Breier, membre du comité de direction de la Chambre de Commerce, a placé la séance dans le contexte de la politique de la Commission européenne vis-à-vis des PME, qui travaille surtout avec les Etats membres pour permettre l’accès des PME aux financements, un sujet important pour les PME luxembourgeoises et les banques, mais aussi dans le contexte des nouveaux programmes prévus pour la période budgétaire 2014-2020. Il a qualifié l’année 2013 d’année de transition en termes de croissance, et parlé de 2015 comme de l’année où il faut vraiment compter sur une reprise. L’économie au Luxembourg est en train de se consolider, les entreprises devraient d’ores et déjà anticiper et se positionner en vue de 2015. Les programmes Horizon 2020 qui soutiennent la recherche et COSME, qui est censé soutenir le développement des PME, devraient être dans la mire des PME luxembourgeoises.
Mireille Busson, de la DG Entreprises et Industrie de la Commission européenne, qui est en charge de la mise en œuvre de la Small Business Act, a, elle, souligné à quel point les PME sont au centre de l’économie européenne et que, de ce fait, la Commission, qui mise sur une croissance "durable, intelligente et inclusive", accorde une grande importance à ses trois axes d’action pour soutenir les PME : simplification administrative, accès au financement et accès aux marchés internationaux. Le budget 2014-2020 de l’UE a certes baissé, passant de 994 à 960 milliards d’euros sur 7 ans, une baisse de 3 %, mais, a-t-elle souligné, les budgets destinés au soutien et au financement des PME ont augmenté, que ce soit dans Horizon 2020 et dans COSME. Quant à l’accès aux marchés internationaux, 600 organisations régionales font désormais partie d’un réseau qui peut livrer des informations, y compris en provenance de marchés de pays tiers comme la Chine et l’Inde, le réseau EEN du Luxembourg étant une porte d’entrée disponible. La Commission va veiller à donner un soutien particulier aux PME qui travaillent sur des KET, nouvel acronyme bruxellois pour « key enabling technologies », ces technologies qui peuvent changer tout un secteur et le quotidien des gens.
Romualdo Massa Bernucci, directeur à la BEI, qui est le plus grand bailleur de fonds multilatéral du monde, a évoqué le chiffre de 61 000 PME qui avaient été soutenues par sa banque pour des prêts d’un montant moyen entre 50 000 et 60 000 euros. L’année 2013 va aller au-delà de ce chiffre, les PME étant devenues une priorité. http://www.eib.org/projects/priorities/sme/index.htm La banque a recours à plus de 140 intermédiaires en Europe et veut augmenter de 40 % ses prêts aux PME, notamment pour leur permettre l’accès aux marchés internationaux. Elle investira aussi dans la formation des jeunes grâce à des "investissements dans les compétences" ciblant des projets dans les domaines de l'éducation, de la formation professionnelle et des prêts aux étudiants, ce afin que l’on arrive à diminuer en Europe le chômage des jeunes. L’orateur a encouragé les Etats membres à recourir aux fonds du Fonds d’investissement européen (EIF) qui veut développer ses activités dans la titrisation des actifs de PME. (voir une étude récente de l’EIF)
Nicolas Koch, de l’EIF a parlé de l’importance de conforter les investisseurs dans les PME. Les activités de l’EIF, qui ne compte que 230 employés, ont un « grand effet multiplicateur », et avec les nouveaux programmes 2014-2020 de l’UE, le mandat de l’EIF va être élargi et couvrira également COSME et les prêts étudiants. Pour accéder aux fonds de l’EIF, les intéressés doivent passer par ses intermédiaires. Pour le Luxembourg, il s’agit de Bridgeport Development Capital, Capital Partners Holding B.V., Gilde Equity Management Benelux Partners ; Iris Capital Management ; Mangrove Capital Partners, Metric Capital Partners, Newion et Partech International. Sur 10 ans, 21 millions d’euros ont été investis dans les PME luxembourgeoises, qui viennent s’ajouter aux plus de 100 millions d’euros de la BEI.
Les intervenants de Luxinnovation, Katharina Horst et Arnaud Duban, ont parlé des stratégies pour accéder aux financements européens pour la RDI. Les sommes disponibles dans le cadre du nouveau programme de recherche Horizon 2020, qui vient d’être voté au Parlement européen, sont passées de 50,2 milliards d’euros à presque 80 milliards. Priorité sera donnée à l’excellence scientifique, qui n’est pas au cœur du travail des PME avec 24 milliards d’euros, aux défis sociétaux dotés de 32 milliards et au leadership industriel doté de 18 milliards. Les éléments de ces trois axes sont en voie de publication. Le financement d’un projet peut aller jusqu’à 100 %. Les délais pour y accéder seront raccourcis de 12 à 8 mois. L’on fera plus confiance aux promoteurs d’un projet.
Il faudra développer une stratégie propre selon les types de projets. Dans le domaine de la RDI, il faudra comme PME disposer d’un réseau et d’une vision à long terme, en sachant que les taux de succès pour décrocher un financement est très bas parce qu’il "faut se battre avec les meilleurs dans l’UE". Pour les KET, toute PME jouera "dans la cour des grands". Luxinnovation offre toute une panoplie de services pour aider les PME à adopter la meilleure approche possible et de trouver des partenaires dans le cadre des financements PME du nouveau programme Horizon 2020 qui se met en place. Car il s’agit d’affronter plus de 10 000 concurrents et de le formuler de manière telle qu’il puisse cadrer avec les exigences de Horizon 2020. Entre 2007 et 2013, 23 PME luxembourgeoises ont pu bénéficier de 9 millions d’euros de financements pour leurs projets, ce qui représente 17 % de tous les financements européens, alors que cette moyenne se situe dans l’UE autour de 15 %. Le Luxembourg est donc plutôt bien situé. Trois PME ont même été considérées comme des leaders dans leurs domaines. En tout, 46 projets impliquent des PME luxembourgeoises.
Sabine Stölb, qui est en charge des programmes Interreg au Ministère du développement durable, a expliqué que potentiellement, les PME luxembourgeoises pourraient être intéressées aux programmes Interreg tournés vers la Grande Région et vers l’Europe du Nord-Ouest (NWE). Elles pourraient être les bénéficiaires directes de projets ou bien fournir des services à des projets dont elles ne sont pas les promotrices directes, ou bien en être le groupe-cible. 22 % des projets Interreg touchent à des PME. Pour les programmes de la période 2014-2020, les programmes seront prêts à être consultés à la fin du 1er semestre 2014. Ils toucheront, pour ce qui est de la grande Région, au RDI, à la réduction des émissions de CO2, aux transports durables, à l’environnement et à l’apprentissage tout au long de la vie.