En amont du Conseil européen des 19 et 20 décembre 2013, le Premier ministre Xavier Bettel a eu plusieurs entrevues bilatérales, qui ont servi à préparer les discussions de la réunion du Conseil européen. Il a ainsi rencontré le 16 décembre le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, le 18 décembre le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, et dans la matinée du 19 décembre 2013, Xavier Bettel a eu une entrevue avec le président du Parlement européen Martin Schulz. A la sortie de ce dernier entretien, les deux hommes politiques ont donné une conférence de presse conjointe. (voir la vidéo)
Xavier Bettel a dit envisager une coopération bilatérale étroite avec le Président du Parlement européen, dans le but de promouvoir le projet européen auprès des citoyens en Europe. Vu "la frustration croissante des citoyens envers l’Europe", une telle coopération aurait pour objectif de faire comprendre aux gens l’importance de l’Union européenne. Dans ce contexte, il a annoncé qu’une rencontre avec Martin Schulz est prévue dans les mois à venir.
Le Premier ministre a ensuite mis l’accent sur le fait qu’en matière de directive sur la fiscalité de l’épargne le Luxembourg reste sur la position adoptée par le gouvernement précédent. "La place financière luxembourgeoise est en pleine transformation [..] et le Luxembourg a marqué son accord pour l’échange automatique d’informations pour le 1er janvier 2015. On demande à ce que chaque partie respecte ses engagements et le Luxembourg est bien sûr prêt - dès que les négociations avec la Suisse auront donc débuté et qu’on pourra nous faire un rapport – à respecter tous les engagements qui ont été faits", a-t-il fait savoir. Car c’est "à la lumière" de ce qui sera rapporté de ces négociations et avec les autres pays tiers que le Luxembourg est censé, selon les conclusions du Conseil européen de mai 2013 prendre une décision. "Or, ici, nous sommes dans le noir !", a lancé un Xavier Bettel un brin ironique.
L’image que certains essayeraient de véhiculer sur certains autres membres lui fait de la peine, a-t-il ajouté. "C’est une claque pour tous les gens qui travaillent au quotidien de manière propre et claire, quand autour d’une table à 28, on essaie toujours de montrer du doigt l’un ou l’autre sur un certain point qui n’est pas correct", a dit Xavier Bettel.
Martin Schulz a félicité le Premier ministre de ses nouvelles fonctions et a remercié le Luxembourg pour son soutien au Parlement européen. Dans le cadre de leur coopération, Martin Schulz a fait savoir, qu’ensemble avec Xavier Bettel, ils ont décidé d’organiser prochainement un événement au Luxembourg, afin de pouvoir débattre de la situation actuelle et de l’avenir de l’Union européenne.
Le Président du Parlement européen a par ailleurs dit pouvoir comprendre la position du Grand-Duché concernant la directive sur la fiscalité de l’épargne. "Or, ceci ne signifie pas que je partage les détails de l’argumentation du gouvernement luxembourgeois", a-t-il ajouté. Il a mis en avant les efforts accomplis par le Luxembourg en la matière durant les dernières années et souhaité que davantage d’efforts soient faits et plus rapidement dans un avenir proche. « Ce qui importe, c’est qu’il y ait une volonté dans ce sens", a-t-il indiqué.
Cette volonté est illustrée par une déclaration de Xavier Bettel à l’issue du Conseil de gouvernement, le 18 décembre 2013: "La promesse donnée à notre gouvernement (au Conseil européen de mai 2013, ndlr) ne dit rien d’autre qu’il devra d’abord être négocié. Elle n’est pas liée à un résultat que la Suisse accepte de participer à l’extension du champ d’application de la fiscalité de l’épargne. Nous ne pourrons pas éternellement tirer le frein à main. Nous avons le temps jusqu’en mars, ensuite nous verrons, où nous en sommes."
Au cours de la conférence de presse avec Martin Schulz, Xavier Bettel a aussi apporté son soutien au ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn. Ce dernier avait, lors de la réunion du Conseil Affaires générales du 17 décembre qui préparait la réunion du Conseil européen, qualifié "d’affront" la tentative de la Commission européenne de biffer dans le projet de conclusions du sommet toute référence à la conditionnalité de négociations sur la fiscalité de l’épargne avec les pays tiers que sont la Suisse, le Liechtenstein, Andorre, Monaco et Saint-Marin avant que ne que soit élargi le champ d’application de l’échange d’automatique d’informations sur les revenus de l’épargne. Après l’éclat en réunion, il avait lui-même mis José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy au courant de l’incident et des raisons de son coup de colère. "La position adoptée par Jean Asselborn est celle du Grand-Duché", a confirmé Xavier Bettel.