Le 27 novembre 2013, Eurostat a publié des statistiques sur les acquisitions de nationalités d’Etats membres de l’UE. En 2011, 783 100 personnes ont acquis la nationalité d’un État membre de l’UE (alors constituée de 27 Etats membres), ce qui a constitué une baisse de 3,6 % par rapport à 2010. C’est une première baisse "après trois années consécutives de hausse", souligne le communiqué de presse d’Eurostat. L’année 2010 avait néanmoins constitué un pic, de telle sorte que le nombre d’acquisitions en 2011 reste plus élevé qu’en 2009.
Le communiqué de presse explique par ailleurs que cette diminution est "principalement due aux baisses observées dans quatre des cinq pays octroyant le plus la nationalité", en termes de volume. Sont ainsi distingués la France, qui affiche la plus forte baisse en volume (114 600 acquisitions en 2011, soit – 20 % par rapport à 2010), suivie de l’Italie (56 200, - 15 %), du Royaume-Uni (177 600 personnes, - 9 % par rapport à 2010) et de l’Espagne (114 600, - 7%). Seule l’Allemagne (109 600, + 5 %), parmi les cinq plus gros pourvoyeurs de naturalisés dans l’UE, a enregistré une augmentation. Ensemble, ces cinq pays ont représenté 73 % de toutes les nationalités octroyées par les États membres de l’UE, souligne Eurostat.
Le Luxembourg affiche pour sa part la troisième plus grande baisse relative (- 21 % avec 3400 nationalités octroyées) après la Lettonie (- 33 %) et la Bulgarie (- 31 %), et juste devant la France.
Il est par ailleurs à noter que la baisse est plus forte chez les ressortissants d’Etats non membres de l’UE. Ils constituent près de 87 % des acquisitions de nationalité d’un Etat membre mais leur nombre (680 075) a baissé de 8,2 % par rapport à l’année précédente.
Eurostat constate une légère prédominance de femmes (52 % des acquisitions) et un âge médian de 32,5 ans, près d’un tiers étant âgées de moins de 25 ans et quasiment la moitié ayant entre 25 et 44 ans, alors que les "55 ans et plus" représentaient moins de 7 %.
Au Luxembourg, 53,3 % des personnes ayant acquis la nationalité en 2011 étaient des femmes et l’âge médian s’élève à 34 ans. Le Luxembourg a la particularité, partagée uniquement avec la Lituanie, qu’aucune personne âgée de 0 à 14 ans, n’a obtenu la nationalité.
La Hongrie a enregistré la plus grande augmentation du nombre de nouveaux citoyens sur une année. Il y en a eu 14 468 de plus qu’en 2010, pour un total de 20 554 nouveaux citoyens, "en raison d’une nouvelle réglementation simplifiant la procédure pour acquérir la nationalité", notamment pour les membres des minorités hongroises hors de Hongrie. La Grèce (une augmentation de 8146) et l’Allemagne suivent.
La Hongrie affiche également le taux de naturalisation le plus élevé, à savoir le nombre d’octrois de nationalité par rapport au nombre de résidents non-ressortissants de l'État membre. Elle affiche un taux de 9,8 octrois de nationalité pour 100 résidents étrangers, suivie de la Pologne (6,7), la Suède (5,8), Malte (5,3) et le Portugal (5,2).
Les taux les plus bas se retrouvent en République tchèque et en Slovaquie (0,4 chacun), puis en Lettonie (0,6), en Estonie et en Autriche (0,7 chacun). La moyenne dans l’UE se situe à 2,3 octrois de nationalité pour 100 résidents étrangers.
Ce taux a atteint 2,5 en Belgique et 3 en France. Si le Luxembourg affiche, comme l’Allemagne, un taux de naturalisation relativement faible de 1,5 pour 100 résidents étrangers, il affiche en revanche le taux le plus élevé d’octrois de nationalité quand on le considère par rapport au nombre d’habitants. Il affiche ainsi 6,6 octrois de nationalité pour 1 000 habitants et est suivi, loin derrière, par la Suède (3,9), le Royaume-Uni (2,8) et la Belgique (2,7).
Dix États membres de l’UE ont accordé moins d'une nationalité pour 1 000 habitants. La France (1,8) et l’Allemagne (1,3) sont proches de la moyenne de l’UE qui s’est établie à 1,6 octroi de nationalité pour 1 000 habitants.
Les statistiques diffusées par Eurostat s’intéressent également dans le détail aux continents et pays d’origine des personnes ayant acquis la nationalité d’un des Etats membres de l’UE.
Ces nouveaux citoyens de l'UE étaient principalement originaires d’Afrique (26 % du total des acquisitions de nationalité), d’Asie (23 %), de pays européens hors UE (19 %), d’Amérique du Nord et du Sud (17 %) ou d'autres États membres de l'UE (11 %).
Le Luxembourg et la Hongrie sont les deux seuls Etats membres dont la majorité des nouveaux citoyens sont des ressortissants européens.
En 2011, les groupes les plus nombreux ayant acquis la nationalité d’un État membre de l’UE étaient d’origine marocaine (64 300 personnes, dont 55 % ayant acquis la nationalité française ou espagnole), turque (48 900, dont 58 % ayant acquis la nationalité allemande), équatorienne (33 700, dont 95 % ayant acquis la nationalité espagnole) et indienne (31 700, dont 83 % ayant acquis la nationalité britannique).
Les Roumains forment le 5e groupe le plus nombreux après une augmentation de 72 % du nombre de ressortissants roumains (soit 26 030 personnes au total) ayant acquis une nationalité d’un autre Etat membre de l’UE que le leur. La grande majorité l’a acquise en Hongrie (61,15 %).
Les Roumains sont ainsi le premier groupe de citoyens de l’UE ayant acquis la nationalité d’un autre État membre de l’UE. Ils sont suivis des Polonais (11 000), des Italiens (7 500) et des Portugais (6 900).
Les Polonais ont le plus souvent acquis la nationalité allemande (4 344 d’entre eux).
Près de la moitié des Italiens concernés ont acquis la nationalité belge (3697) et 5,7 % l’ont acquise au Luxembourg, qui figure ainsi pour les Italiens en 4e position derrière l’Allemagne et la France.
Pour ce qui est des Portugais, 55 % des nouvelles acquisitions se sont produites en France (soit 3 085 personnes), le deuxième pays d’adoption étant cette fois le Luxembourg (15,8 %) devant l’Espagne (12,9 %).
Au Luxembourg, le premier groupe de naturalisés est constitué par les Portugais (31,9 % des nouveaux citoyens), suivis par les Belges (13,2 %), les Italiens (12,5 %), les Français (9,2 %) puis les Allemands (6,1 %).
En Belgique, c’est le groupe des Marocains (23,6 % de 29 800 acquisitions) qui arrivent en tête, comme en France, où ils constituent 18,3 % des acquisitions. Suivent en Belgique les Italiens (12,4 %), les Turcs (7,9 %) et les Congolais (3,9 %) et en France, les Algériens (13,1 %), les Turcs (5,5 %) et les Tunisiens (5,5 %). En Allemagne, après les Turcs (25,7 %) viennent les Irakiens (4,4 %), les Ukrainiens et les Polonais (4 % chacun).