Le 1er janvier 2014, la Grèce a pris les rênes de l'Union européenne. Cette cinquième présidence tournante du Conseil assumée par la Grèce depuis son adhésion en 1981 se déroule à un moment où l'Europe et la Grèce traversent une phase de transition cruciale.
Selon la présidence, le grand défi pour l'UE est de rétablir la confiance au cœur et à l'esprit de ses citoyens. Dans ce cadre, elle mettra tout en œuvre pour la promotion des politiques et des actions afin de parvenir à une croissance durable, la lutte contre le chômage, la promotion de la cohésion économique et sociale et des réformes structurelles, l'approfondissement de l'intégration et l'achèvement de l'UEM, ainsi que pour relever les défis externes et notamment les tensions en matière de migrations. Le tout alors qu’en raison des élections européennes de mai 2014, la présidence grecque sera de fait écourtée de deux mois et demi.
C’est ce qu’a rappelé l’ambassadeur grec à Luxembourg, Theodoros Georgakelos, devant le public de la Maison de l’Europe à Luxembourg le 17 janvier 2014, à l’occasion de la présentation du programme de la présidence grecque. L’événement était organisé par la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg et l'Ambassade de Grèce.
Le diplomate a tout d’abord souligné que la présidence grecque s’inscrivait dans la confiance en l’avenir malgré la crise profonde traversée par son pays et l’UE dans son ensemble. "Il y a des signes qui montrent que les choses s’améliorent : il y a un rééquilibrage des finances publiques, de la balance du commerce extérieur, et la Grèce a même dégagé un excédent primaire budgétaire qui sera bientôt confirmé par Eurostat, je l’espère", a-t-il déclaré. "Ce sont des signes fragiles mais nous sommes confiant sur le fait que nous nous trouvons sur une courbe ascendante".
Le premier objectif de la présidence grecque sera donc que l’UE renoue avec la croissance. "Il s’agit d’équilibrer l’assainissement budgétaire avec la reprise dans l’économie réelle", appuie l’ambassadeur qui rappelle les paroles du Premier ministre grec, Antonis Samaras, la semaine précédente devant le Parlement européen. "Ce n’est pas une défaite de tomber, la défaite c’est de ne pas se relever", avait-il déclaré. "Et on se relève, je l’espère", poursuit l’ambassadeur.
Les axes prioritaires de la Grèce pour cet exercice, qui avaient été présentés le 8 janvier lors de la cérémonie officielle de lancement à Athènes, sont donc au nombre de quatre : la croissance et l’emploi ; l’approfondissement de l’intégration de l’UE et de la zone euro ; la gestion de la migration légale et illégale, des frontières et de la mobilité ; et enfin, en tant que thématique transversale, la politique maritime.
L’objectif principal d’Athènes sera d’équilibrer le calendrier de l’assainissement budgétaire avec la mise en œuvre d’un Pacte pour la croissance et l'emploi davantage "réaliste et sensiblement améliorée", pour en faire un programme d'investissement européen diversifié qui mette l’accent sur l'emploi. "Il faut un effort pour injecter des liquidités dans l’économie réelle, en particulier pour les PME dont on sait qu’elles sont de grandes pourvoyeuses d’emploi. On ne veut pas que le chiffres se portent bien mais que les citoyens se portent mal", a insisté Theodoros Georgakelos.
En termes d’approfondissement de l’intégration, l’ambassadeur insiste sur l’importance de la mise en place de l’Union bancaire et du Mécanisme de résolution unique (MRU) dans le cadre de l’Union économique et monétaire (UEM). "Ce mécanisme est nécessaire si on veut casser le cercle vicieux de la dette".
Sur la migration et la mobilité, le diplomate note que la mobilité est un principe fondamental qu’il faut protéger car il est source de croissance. Quant à la gestion des flux migratoires, celui-ci martèle que le poids de la gestion des frontières extérieures de l’UE devra être partagé de manière équitable et solidaire par tous les Etats membres et non reposer sur les seuls pays qui subissent le plus de pression car situés à la périphérie de l’UE. La lutte contre les circuits criminels ainsi que le renfort de la coopération et des actions préventives dans les pays tiers d’origine et de transit d’immigration illégale sont des priorités. "Il n’est cependant pas question de négocier les valeurs de l’UE dans ce contexte", précise l’ambassadeur.
Enfin, la thématique des mers, et plus particulièrement de la politique maritime européenne, est ainsi introduite par la présidence grecque comme une thématique transversale à ses trois priorités. L’objectif de la Grèce sera ainsi de redéfinir et relancer la politique maritime de l’UE sans la confiner aux aspects de la croissance et du développement. Athènes veut ainsi une stratégie maritime pour la croissance, mais également s’attaquer aux problématiques énergétiques, de sécurité et de migration.
"Nous avons vu ces dernières année une évolution de la crise, d’abord financière, puis économique, sociale et enfin politique. Il faut casser cette séquence et user de toutes les possibilités pour rétablir la confiance et lutter contre un euroscepticisme qui est rampant", a poursuivi le diplomate. Et de conclure : "Je suis convaincu que nous pouvons faire mieux ensembles que seuls".