Le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, a présenté le 17 mars 2014 le Programme de développement rural (PDR) national aux membres de la commission de l’Agriculture de la Chambre des députés.
Ce document qui tient compte des nouvelles règles de la politique agricole commune (PAC) pour 2014-2020 devra être finalisé fin avril 2014 pour être envoyé à la Commission européenne. Tout comme le PDR 2007-2013, le PDR 2014-2020 présente une analyse des forces et faiblesses du secteur agricole-viticole et décrit la stratégie nationale pour y faire face. Le PDR définit aussi les aides accordées pour chaque domaine d’action. Une enveloppe de 237 millions d’euros est prévue pour 7 ans, dont 22 millions pour des infrastructures, 15 millions pour la modernisation d’entreprises et de machines et 12 millions pour la diversité.
Fernand Etgen a rappelé lors de sa rencontre avec la commission de l’Agriculture que la Commission européenne contrôle et vérifie selon quels critères les aides sont distribuées. Le développement de l’agriculture luxembourgeoise est selon lui vue en relation avec la biodiversité et la protection de l’eau. Une préoccupation majeure du gouvernement est de concilier la politique agricole avec les défis de la protection de la nature et des ressources naturelles, notamment l’eau potable et les terres agricoles.
Le programme gouvernemental prévoit l’élaboration d’une nouvelle loi agraire courant 2014. Pour l’établissement de ce plan et de la nouvelle loi agraire, qui sera présentée fin 2014, le ministère tiendra compte des références et objectifs du PDR.
Le ministre a expliqué que le PDR sera finalisé en étroite collaboration avec tous les acteurs concernés, tant les milieux agricoles, les autres ministères concernés que les acteurs de la société civile.
Dans une interview qu’il a accordée au journaliste Max Theis de RTL le 18 mars 2014, Fernand Etgen a donné nombre de précisions sur le dossier du développement rural et sa place dans un contexte européen.
Il a d’abord mis en avant les six priorités : le soutien au transfert du savoir-faire et à l’innovation, l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture ; le soutien à l’industrie de la transformation ; l’amélioration des écosystèmes (biodiversité, protection de l’eau et des sols) ; une utilisation efficiente des ressources ; la cohésion sociale et économique à travers le programme LEADER. Au Luxembourg, ce seront la modernisation des entreprises agricoles à travers l’innovation et les aspects environnementaux qui seront privilégiés.
Le PDR est un programme à la fois volontaire et sous le contrôle de la Commission, a expliqué le ministre. Il prévoit ainsi une prime pour favoriser le retour des vaches laitières sur les pâturages, parce que ce retour à un effet positif sur la biodiversité et sur la santé du cheptel. Il y a aura des programmes pour réduire le recours aux azotes et un autre pour réduire le recours aux pesticides. Il y aura un programme de rotation des cultures pour diversifier les cultures dominées par le blé, le colza et le maïs. D’autres programmes sont prévus pour l’extension des pâturages, pour des techniques moins agressives de l’épandage du lisier et du fumier, pour les vergers, pour l’entretien des haies et bosquets, pour les bandes de terre agricole et les bandes de prés. Il y aura également un programme pour la conservation des espèces animales menacées, comme le cheval ardennais ou la vache rouge de l’Oesling. Des consultations et des formations seront offertes aux entreprises agricoles, une démarche que le ministre veut renforcer dans le futur.
Fernand Etgen a souligné qu’un des grands objectifs de la nouvelle PAC est d’encourager les jeunes agriculteurs à s’installer. Au Luxembourg, ils recevront une prime de 10 % sur une première tranche d’investissement et 5 % sur tous les montants qui dépassent ce plafond. Est considéré comme jeune tout agriculteur âgé entre 23 et 40 ans, cela aussi pour les encourager à se former. Il sera d’ailleurs tenu compte dans les primes pour s’installer de trois degrés de formation : la formation professionnelle, le BTS et le bachelor.
Fernand Etgen a regretté qu’avec 3 % d’agriculture biologique, le Luxembourg n’ait pas atteint son objectif de 4 % touchant 6 % des entreprises et se retrouve nettement en-dessous de la moyenne européenne. Il peine à comprendre pourquoi les agriculteurs ne changent pas de cap vers l’agriculture biologique au Luxembourg, alors que le cadre économique, mais aussi politique et sociétal, y est très favorable. Les aides à l’agriculture biologique vont du coup augmenter pour inciter les entreprises à développer le potentiel du pays dans ce domaine.