Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Éducation, formation et jeunesse - Emploi et politique sociale
A l’issue de son comité national, le syndicat OGBL fustige l’absence de dialogue social sur le budget promis par le gouvernement et lance un appel aux candidats des élections européennes en faveur d’un changement de cap de la politique de l’UE
04-03-2014


OGBLA l’occasion de la réunion de son comité national le 4 mars 2014, le syndicat OGBL a, hormis sa traditionnelle analyse de la situation économique et sociale luxembourgeoise, abordé plusieurs questions aux dimensions européennes.

Le syndicat a tout d’abord tenu à faire une distinction très nette entre l’embellie économique telle qu’annoncée de toutes parts, notamment par la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE), et une situation sociale qui, au contraire, continue de se dégrader. "Sept ans après la crise, on compte 46 millions de chômeurs en Europe selon les chiffres de l’OCDE, et un jeune sur trois ne trouve pas de travail", a fustigé Jean-Claude Reding, le président de l’OGBL, lors d’une conférence de presse à l’issue du comité national. Selon lui, la politique anticrise menée au travers de mesures d’austérités a eu un impact négatif majeur sur la demande, baisse qui a entraîné celle de la production économique et par conséquent, celle des places de travail disponibles.

La question des finances publiques – alors que le budget luxembourgeois est officiellement déposé à la Chambre des députés le 5 mars –, n’a pas manqué d’être abordée, l’OGBL dénonçant le premier "mensonge" du nouveau gouvernement qui avait promis de mener un dialogue structurel avec la société civile et les partenaires sociaux sur les questions de politique budgétaire notamment. Jean-Claude Reding souligne ainsi que l’appel lancé par le syndicat au gouvernement dès sa mise en place pour tenir un tel dialogue est resté lettre morte, et que le mener après la rédaction du budget serait un non-sens. "C’est la première grosse erreur du nouveau gouvernement".

Pour rappel : L’OGBL avait déjà en février 2013 exigé un tel dialogue structuré. La communication de la Commission européenne du 2 octobre 2013, en faveur du renforcement de la dimension sociale de l’Union économique et monétaire (UEM) prévoyait d’ailleurs que, en termes de dialogue social, il serait "possible d’améliorer la consultation des partenaires sociaux lors des étapes clés du processus décisionnel dans le cadre du semestre européen", mais sans caractère contraignant.

Au sujet de la réforme des bourses d’études telle que proposée par le ministre de l’Enseignement supérieur, Claude Meisch, le président de l’OGBL a reconnu et salué l’intention du projet de loi de mettre un terme à la discrimination entre résidents et frontaliers, considérant néanmoins que le nouveau système appauvrirait les futur étudiants.

L’OGBL pointe notamment : l’absence mécanisme de contrôle et de révision dans le projet de loi qui ne prévoit donc aucune adaptation dans le temps du montant des bourses ; des montants de base trop faibles qui marquent une baisse des aides étatiques pour les étudiants par rapport aux allocations familiales perçues avant l’introduction du système contesté en 2010 ; des doutes par rapports aux estimations du nombre de ménages susceptibles d’être bénéficiaires de la "bourse sociale" avancées par le ministre Claude Meisch.

Enfin, le syndicat a présenté un questionnaire en vue des élections européennes qui sera transmis à tous les partis et les candidats déclarés dans les prochains jours. Cet "appel aux candidats" plaide pour "un changement de cap de la politique européenne", qui "depuis bientôt 20 ans en Europe s’est de plus en plus détournée des visées syndicales et a de plus en plus mis en avant des objectifs économiques au détriment des objectifs sociaux". "L'OGBL demande aux partis politiques et aux candidats qui se présentent aux élections pour le Parlement européen de s'exprimer clairement contre la politique d'austérité actuelle", lit-on en introduction du document préparé par le syndicat.

Le formulaire – dont l'OGBL rendra les réponses publiques avant l'échéance électorale en vue d'appeler à voter pour les candidats qui partagent la vision du syndicat – soumet douze questions aux candidats aux européennes : sont-ils prêts à réformer le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) dans le sens d’une prise en considération des objectifs environnementaux et sociaux ; à exiger le respect par tout Etat membre de la Charte des droits fondamentaux ; de soutenir des services publics et d’intérêt général de qualité et accessibles à tous et de s’opposer à la politique de libéralisation et de privatisation systématique en Europe ; ou encore à soutenir les positions du mouvement syndicale européen concernant les négociations sur le projet de partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP).

Concernant le TTIP justement, l’OGBL a profité de la conférence pour réitérer la position de la Confédération européenne des syndicats (CES) sur le sujet, rappelant en particulier les craintes que pouvaient susciter le cadre "secret" des négociations menées entre la Commission européenne et les USA. Partageant les craintes de la CES, l’OGBL s’inquiète particulièrement de l’absence des principes environnementaux ou de ceux du droit social dans le cadre des négociations, alors que de nombreuses normes, notamment en termes de droit du travail, ne sont pas reconnues et appliquées aux Etats-Unis.

Une crainte d’autant plus forte que les modalités de protection des investisseurs prévues privilégieraient le règlement des différends Etats-investisseurs devant un tribunal arbitral. Comme de nombreuses autres voix dans la société civile et même au Parlement européen, l’OGBL rejette la possibilité pour des investisseurs privés de poursuivre un Etat pour des règlementations sociales ou environnementales qui ne leurs seraient pas favorables, cela en contournant les juridictions nationales.

Pour conclure, l'OGBL a rappelé sa participation à l'euro-manifestation du 4 avril 2014 à Bruxelles à l'appel de la CES sur le thème d'une Europe véritablement sociale, le mouvement syndical européen espérant peser sur les élections européennes. Le syndicat luxembourgeois compte assurer la présence de quelque 500 de ses membres lors de l'événement.