A l’issue de la réunion du comité national du syndicat OGBL qu’il préside, Jean-Claude Reding a abordé le 5 février 2013 plusieurs sujets européens en relation avec la politique budgétaire et le dialogue social au Luxembourg , qui intéressent particulièrement son syndicat : la politique de consolidation budgétaire, le semestre européen, la relance de la croissance dans l’UE, les réactions en Europe aux fermetures des usines d’ArcelorMittal, et la refonte de la Constitution à l’aune des droits sociaux fondamentaux reconnus par la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte sociale et la Charte des droits fondamentaux des citoyens de l’UE.
Jean-Claude Reding a qualifié la situation économique de "hésitante et inégale" et est d’emblée passé aux préoccupations que les politiques de stabilité, de consolidation ou d’austérité suscitent dans le mouvement syndical européen. Même l’OCDE met entretemps en garde contre des politiques d’austérité qui pourraient augmenter les risques de récession, a-t-il souligné, prenant à témoin une organisation avec les recommandations de laquelle les syndicats sont rarement sur la même longueur d’onde.
"Mais tout cela n’est pas nouveau", a-t-il dit ensuite pour passer à ce qui le préoccupe le plus : l’impact sur le dialogue social au Luxembourg de la dimension européenne, et ce à travers le pacte de stabilité, le semestre européen, les examens de croissance de la Commission et ses recommandations. Dans ce contexte, le Luxembourg a respecté tous les critères européens. Mais il doit maintenant, et jusqu’en mars 2013, préparer dans le cadre du semestre européen ses orientations budgétaires et son programme de stabilité et de réformes qui seront présentés à la Chambre des députés, notamment dans le cadre de la déclaration sur l’Etat de la nation, puis soumis à la Commission. Celle-ci les analysera et formulera en mai-juin ses recommandations. Puis le budget sera préparé.
Dans ce processus du semestre européen, Jean-Claude Reding se demande "où est le dialogue avec les forces vives de la nation, dont les partenaires sociaux". Et d’exposer sa vision historique des choses : Au début des années 2000, le gouvernement organisait des tours de consultations. Et c’est après ces consultations des chambres professionnelles et des partenaires sociaux et d’autres débats à la Chambre que le gouvernement tirait ses conclusions et présentait son projet. Le Conseil économique et social était saisi d’office En cas de désaccord de taille, le gouvernement réunissait une tripartite. Il s’agissait d’un processus de consultations qui brassait large et qui incluait toutes les forces vives du pays.
Maintenant que le semestre européen oblige à un phasage plus strict du processus, l’OGBL voudrait, et cela était le grand message de Jean-Claude Reding, que le processus budgétaire inclue de nouveau toutes ces forces vives, et c’est donc un tel dialogue structuré dans le cadre du semestre européen que l’OGBL proposera au gouvernement. Pas question donc dans un premier temps de commenter les chiffres du gouvernement. "Ce serait bien plus intéressant de connaître la position du gouvernement sur notre proposition", a conclu Jean-Claude Reding.
Jean-Claude Reding a annoncé que l’OGBL tiendra le 7 mars 2013, avec des dirigeants de la centrale syndicale allemande DGB, une réunion au cours de laquelle ces derniers présenteront leur Plan Marshall pour la relance de la conjoncture, des investissements et de la construction en Europe, une réunion qu’il avait déjà mentionnée lors du débat avec l’économiste Peter Bofinger fin janvier 2013. Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, participera à la réunion "pour y exprimer son point de vue", a également annoncé Jean-Claude Reding. Finalement, on a appris que les syndicats européens iront manifester à Bruxelles le 14 mars 2013, à l’occasion d’un Conseil européen.
Jean-Claude Reding a confirmé que l’OGBL participera le 6 février 2013 à des manifestations avec les syndicats français et belges contre les fermetures d’usines sidérurgiques par ArcelorMittal. L’OGBL est en contact permanent avec ses homologues concernés par ces fermetures, notamment celui de l’usine de Liège, dont les salariés viendront manifester prochainement à Luxembourg, où ils seront soutenus et aidés par l’OGBL.
L’OGBL veut aller au-delà de la question du droit de vote dans le cadre de la discussion sur la réforme de la Constitution quand il est question de participation de tous les résidents et aussi des frontaliers.
La Constitution devrait inclure un catalogue de droits sociaux qui la mettraient au diapason avec les grands textes européens de protection des droits de l’homme que sont la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte sociale et la Charte des droits fondamentaux des citoyens de l’UE, pense finalement l’OGBL. Jean-Claude Reding a cité le droit à l’information, à la consultation et à la participation au sein de l’entreprise comme faisant partie de ceux qu’il faudrait inscrire dans la Constitution. Les chambres professionnelles devraient être statutairement inscrites dans la Constitution comme des organes à consulter de manière obligatoire, et comme tout affilié peut voter au sein des chambres professionnelles, peu importe sa nationalité ou son lieu de résidence, ce serait un très bon moyen de valoriser les voix de tous les actifs du pays. D’autre part, le droit de grève et la négociation collective obligatoire devraient figurer dans la loi fondamentale.
L’OGBL plaide aussi pour un droit de pétition renforcé qui engloberait tous les résidents du pays, tout comme les frontaliers, sous certaines conditions, un droit de pétition qui serait aussi renforcé par le fait que la Chambre serait obligée de débattre des questions soulevées par des pétitions qui auraient dépassé un certain seuil de signatures.
Jean-Claude Reding a aussi évoqué la structure des adhérents au plus grand syndicat du pays. L’OGBL compte 59 % de résidents et 41 % de frontaliers, ce qui correspond à peu près à la répartition de ces catégories sur le marché du travail réel. 34 % des adhérents sont des Luxembourgeois, 22 % des Français, 17 % des Portugais, 11 % des Belges, 7 % des Allemands et 9 % relèvent de toutes les nationalités. 83 % sont des actifs, 14,5 % des retraités ou des veuves, 2,5 % des chômeurs, un chiffre en hausse. Le nombre des adhérents en-dessous de 30 ans tend à rester modeste. 17 % des membres de l’OGBL sont dans l’industrie, 16,4 % dans le bâtiment, 43,45 % dans les services du secteur privé et 23,15 % dans les services publics (santé et enseignement entre autres).