Le chef d'Etat chinois Xi Jinping a rencontré le 31 mars 2014 les dirigeants des institutions européennes pour une courte visite dominée par les questions économiques. Au cours de la première visite de ce type, Xi Jinping a rencontré le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président du Parlement européen, Martin Schulz.
A la demande des autorités chinoises, aucune conférence de presse n'a été organisée à l'issue de ces entretiens, mais une déclaration conjointe a été publiée.
"La première visite d'un président chinois aux institutions européennes a constitué un moment historique dans les relations UE-Chine", lit-on dans cette déclaration conjointe. Les deux parties considèrent leur coopération comme globale. L’UE soutient les réformes en Chine qui a pour objectif "de construire une société modérément prospère", alors que la Chine soutient le processus d’intégration européen.
L’UE et la Chine insistent ensuite sur la nécessité de renforcer le Partenariat stratégique global - conclu entre l'UE et la Chine en 2003. Ce partenariat s’étend désormais aux questions de politique étrangère, de sécurité, autant qu'aux enjeux globaux comme le changement climatique ou la gouvernance économique internationale. Le multilatéralisme et la résolution des disputes régionales et internationales doit, selon l’UE et la Chine, se faire par des moyens pacifiques, une allusion feutrée entre autres à la crise ukrainienne.
La déclaration énumère les points sur lesquels les deux parties ont convenu de renforcer leur coopération. Il est notamment question d’un exercice naval commun entre la marine chinoise et l’opération Atalanta pour lutter contre la piraterie dans l'océan Indien. La volonté chinoise d'augmenter la fréquence des escortes des navires du Programme alimentaire mondial (PAM) transportant de l'aide alimentaire à la Somalie est mise en exergue.
Seul un court paragraphe évoque les droits de l'Homme et précise que cette question doit être discutée "sur la base de l'égalité et du respect mutuel".
Le texte insiste surtout sur la coopération économique et commerciale entre Pékin et l'UE. Il faut que les économies chinoises et européennes "restent les principaux moteurs de la croissance économique mondiale", assure-t-il. Le texte plaide pour une économie mondiale ouverte, équitable, transparente et basée sur des règles sur le commerce et l’investissement qui ne sont pas protectionnistes. Cela implique une coopération au sein du G20, du FMI, de la Banque mondiale et de l’OMC ainsi que la mise en œuvre de politiques économiques qui mènent à une croissance équilibrée et à la stabilité financière.
La déclaration évoque dans ce contexte le 2e round des négociations entre l’UE et la Chine sur un accord qui couvre à la fois la protection de l’investissement et l’accès aux marchés. A long terme, la coopération dans ces domaines devrait mener à un accord de libre-échange "complet" entre l’UE et la Chine. Actuellement, 1,3 milliard d'euros de biens et de services sont échangés chaque jour entre la Chine et l’UE.
L'UE veut également soutenir la participation rapide de la Chine dans les négociations en cours pour un accord plurilatéral sur le commerce des services (TiSA). La Chine a soumis en septembre 2013 sa demande de participation aux négociations TiSA. Y participent déjà l'Australie, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, la Corée du Sud, les États-Unis, Hong Kong, l'Islande, Israël, le Japon, le Liechtenstein, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pakistan, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la Suisse, Taïwan, la Turquie et les 28 États membres de l'UE. Ces négociations portent sur tous les secteurs des services, incluant les TIC, les services de logistique et de transport, les services financiers et les services aux entreprises. Il s'agit par ailleurs de développer de nouvelles règles sur le commerce des services, comme celles qui s'appliquent aux marchés publics de services, les procédures d'octroi de licences ou l'accès aux réseaux de communication. Le TiSA est une 'coalition de volontaires' qui entend ainsi contourner l'impasse des négociations multilatérales du round de Doha sur son volet consacré aux services.
La déclaration dit enfin que la Chine et l’UE ont mis fin, suite à des négociations, à leurs disputes commerciales qui avaient commencé au printemps 2013.
La Chine a signalé son attachement à l’Etat de droit et est prête à entamer un dialogue avec l’UE sur ce sujet, y compris une coopération en matière d’affaires juridiques et administratives. L’urbanisation, le développement régional, l’intégration ville-campagne, les systèmes de gouvernance et la formation de capacités dans ce domaine sont également mentionnés comme des centres d’intérêt de la Chine, qui mise sur le développement durable et qui veut coopérer davantage avec l’UE dans ces domaines.
Les questions globales qui sont encore citées sont les politiques de développement des deux parties et la lutte contre le changement climatique, où la Chine et l’UE vont se concerter en vue du protocole qui devrait être adopté en 2015 à la conférence de Paris. La Chine s’est, elle aussi, engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre.