Les prévisions économiques du printemps publiées par la Commission européenne le 5 mai 2014 indiquent que la reprise économique se poursuit dans l'Union européenne à la suite de sa sortie de récession il y a un an.
La croissance du PIB réel devrait atteindre 1,6 % dans l'UE et 1,2 % dans la zone euro en 2014 et augmenter encore en 2015 pour atteindre respectivement 2 % et 1,7 %. Les prévisions reposent sur l'hypothèse que les mesures adoptées seront mises en œuvre par les États membres et l'UE, qui feront les ajustements nécessaires.
Globalement, la demande intérieure devrait devenir le vecteur essentiel de la croissance sur la période de prévision. Les dépenses des consommateurs devraient progressivement alimenter la croissance à mesure que les revenus réels bénéficieront d'une inflation plus basse et de la stabilisation du marché du travail. La Commission n'écarte pas la possibilité que la croissance s'avère supérieure à ce qu'elle prévoit à ce stade, car "une augmentation plus forte de la demande intérieure pourrait se matérialiser si la confiance augmente et si les conditions de crédit s'améliorent plus vite qu'anticipé".
La reprise de l'investissement – qui passe dans l’UE de - 2,3 % en 2013 à 3,1 % en 2014 et 4,7 % en 2015 (-2,9 %, 2,3 % et 4,2 % pour la zone euro) – à la fois dans le domaine de l'équipement et de la construction, devrait continuer de soutenir la croissance.
La contribution des exportations nettes devrait diminuer durant la période de prévision
La nature progressive de ce redressement économique est selon la Commission européenne "conforme à celle des reprises qui, par le passé, ont suivi les crises financières profondes. Même si les conditions de financement restent en général favorables, d'importants écarts persistent entre les États membres et entre les entreprises de tailles différentes."
La situation du marché du travail ayant commencé à s'améliorer courant 2013, davantage d'emplois devraient être créés (+ 0,6 % dans l’UE en 2014 et + 0,7 % en 2015, respectivement 0,4 % et 0,7 % dans la zone euro) et le taux de chômage devrait continuer de diminuer (pour atteindre 10,1 % dans l'UE et 11,4 % dans la zone euro en 2015, -0,4 % entre 2014 et 2015).
L'inflation devrait rester faible, à la fois dans l'UE (1 % en 2014, 1,5 % en 2015) et dans la zone euro (0,8 % et 1,2 %).
La balance des paiements, dans l’UE de 1,6 % en 2013, sera de 1,8 % en 2014 et 2015, et de 2,9 % dans la zone euro pour 2014 et 2015. La Commission estime que les déficits de la balance courante des États membres vulnérables se sont réduits sous l'effet d'une amélioration constante de la compétitivité-prix. Des excédents sont attendus en 2014 et 2015 dans plusieurs de ces économies. La Commission mesure, comme on le lit à la page 9 de son rapport, la compétitivité-prix par le coût salarial unitaire nominal, et entend continuer à le faire ainsi. La compétitivité-prix a pu être améliorée, lit-on dans un nouveau langage agréé, grâce "à des développements modérés dans les compensations par employé dans le secteur public et privé (ce qu’au Luxembourg l’on appelle communément des salaires, ndlr), dans la mesure où les gains de productivité sont supposés rester lents". L’augmentation des salaires sera faible, dit encore le rapport, sous l’effet d’un chômage élevé, de sorte que "l’ajustement des besoins privés affectera les salaires dans le secteur privé tout comme les pressions en termes de consolidation budgétaire pèseront sur les salaires dans le secteur public". Le rapport ajoute : "Cela reflète aussi l’impact des réformes, dont celles qui modifient les systèmes de négociation des salaires".
La réduction des déficits publics devrait se poursuivre pour atteindre, en 2014, environ 2,5 % du PIB à la fois dans l'UE et dans la zone euro. Le ratio dette/PIB atteindra près de 90 % dans l'UE et 96 % dans la zone euro, avant de baisser l'année suivante.
Le principal risque d'une révision à la baisse des perspectives de croissance reste lié à une nouvelle perte de confiance qui résulterait d'une stagnation des réformes. De même, l'incertitude quant à l'environnement extérieur s'est renforcée. Pour le commissaire européen Siim Kallas, qui a présenté les prévisions à la presse, il s’agit des tensions "liées à la crise en Ukraine". Il a précisé que ses services avaient "produit plusieurs analyses", et que dans "le pire scénario, cela aura un impact sur la croissance européenne". Des pays comme la Finlande et Chypre notamment sont particulièrement menacés.
D'un autre côté, de nouvelles réformes structurelles courageuses pourraient mener à une reprise plus forte que prévu.
Si l'évolution des prix courants reflète à la fois des facteurs externes et le processus d'ajustement en cours, une période trop longue de faible inflation pourrait également comporter des risques. La Commission s'attend à 0,8 % en 2014 pour la zone euro mais considère que le risque de déflation, définie comme une baisse généralisée et auto-entretenue des prix, est "très faible". Toutefois, le renforcement progressif de la reprise et sa base de plus en plus large devraient atténuer ces risques.
La Commission table également sur une amélioration des conditions de crédit, alors que "la reprise de la zone euro s'est largement effectuée jusqu'ici sans crédit, les entreprises ayant recours au financement interne pour leurs investissements ou à l'émission de titres de dette".
Elle souligne par contre que "des divergences importantes subsistent entre les Etats membres". Parmi les principales économies de la zone euro, "la croissance économique devrait être soutenue en Allemagne, tandis que la reprise s'affermit en Espagne et que son rythme s'accélère doucement en France et en Italie". La croissance devrait atteindre 1,8 % en 2014 et 2 % en 2015 en Allemagne, 0,6 % puis 2,9 % en Espagne, 1 % puis 1,5 % en France, et 0,6 % puis 1,2 % en Italie.
La Commission juge dans sa fiche consacrée au Luxembourg que le la croissance du Grand-Duché va être supérieure à celle, moyenne, de la zone euro. Le secteur financier continuera à contribuer de manière positive à la croissance. La création d’emplois demeure "plutôt robuste" et l’inflation augmentera "fortement" en 2015. Le déficit de l’Etat par contre augmentera suite à la chute des revenus tirés du commerce électronique qui avaient jusque-là selon la Commission "compensé les dérapages des dépenses publiques".
La croissance du Luxembourg est, avec 2,1 % en 2013, 2,6 % prévus en 2014 et 2,7 % prévus en 2015, supérieure à celle de l’UE et de la zone euro, et également supérieure à celle de ses voisins.
La Commission souligne que le secteur financier du Luxembourg semble s’adapter "plus rapidement que prévu" au nouvel environnement règlementaire", dont l’échange automatique d’informations. Mais "il n’est pas encore clair si le potentiel de croissance du secteur restera aussi élevé que dans le passé", précise-t-elle. L’évolution du secteur financier constitue pour la Commission "le principal facteur de risque pour la croissance de l’économie luxembourgeoise". Sa capacité à s’adapter aux changements du type d’affaires dans le secteur et au nouvel environnement règlementaire déterminera son futur, et "vu sa taille, celui de l’économie dans son ensemble".
Le secteur de la construction et l’industrie semblent aller vers une reprise et la confiance du monde des affaires s’est nettement améliorée.
Mais l’investissement devrait rester modeste. Avec un – 4,4, % en 2013, et des taux d’investissement de 0,3 % et de 2,7 % prévus en 2014 et 2015, le Luxembourg reste ici nettement en-deçà des moyennes affichées par la zone euro (-2,9 %, 2,3 % et 4,2 %) et par l’UE (-2,3 %, 3,1 %, 4,7 %), et même fortement en-deçà des taux affichés par ses voisins. Les prévisions pour le Luxembourg ont inclus le ralentissement des acquisitions dans les secteurs satellitaires et aéronautiques notamment.
La consommation privée devrait augmenter de 2,4 % en 2014 et de 2,5 % en 2015, en accord avec les bonnes prévisions sur le marché du travail, une hausse du revenu disponible et une hausse des investissements des ménages qui bénéficient de taux d’intérêts bas. Si les exportations devraient augmenter de 3,3, % en 2014 et de 4,7 % en 2015, elles devraient décliner par la suite, et la forte demande intérieure devrait accentuer le déséquilibre de la balance commerciale, qui a été de -12,9 % en 2013, et qui sera de -11,8 % en 2014 et de -12,1 % en 2015.
L’inflation a été de 1,7 % en 2013 et passera même à 1,4 % en 2014. Mais en 2015, elle reprendra en passant, suite à la hausse de la TVA, à 2,4 %. Même basse, l’inflation au Luxembourg a été et sera entre 2013 et 2015 plus élevée que chez ses voisins, qui afficheront des taux en-dessous de 1,4 % tout au long de la période 2013-2015.
La création d’emplois avait fortement baissé en 2013, passant à 1,7 %, dû notamment à des impasses dans les secteurs de l’industrie et de la construction. Malgré les pertes d’emplois qui sont prévues dans le secteur financier sous l'impact de l'échange automatique d'informations, la création d’emplois devrait augmenter de 2 % en 2014 et de 2,1 % en 2015. A titre de comparaison : la création d’emplois a été en 2013 négative en Belgique avec -0,2 %, puis passera à 0,3 % et 0,8 % en 2014 et 2015. En Allemagne, l’emploi n’augmentera que faiblement, de 0,6 % en 2014 et de 0,3 % en 2015. En France, après une année négative en 2013 (-0,3 %), il y a aura une création d’emplois de 0,3 % en 2014 et 0,8 % en 2015.
La Commission prévoit pour le Luxembourg une légère baisse du chômage, qui passerait après avoir atteint 5,8 % en 2013, à 5,7 % en 2014 et 5,4 % en 2015. L’Allemagne fera légèrement mieux, mais son chômage stagnera, baissera donc pas, en 2014 et 2015 à 5,1 %. En Belgique, le chômage diminuera à peine de 8,4 en 2013 à 8,2 % en 2015, et en France, de 10,3 % à 10,2 %.
La Commission prévoit une détérioration des finances publiques avec la chute des revenus TVA venant du commerce électronique. Après un excédent budgétaire de 0,1 % en 2013 et un léger déficit en 2014 de 0,2 % du PIB, malgré un effort de consolidation de 0,5 % du PIB, et ce dans un contexte souligné par la Commission où le gouvernement luxembourgeois n’a pas annoncé des mesures sur le volet "recettes". En 2015, le déficit passera à 1,4 % du PIB, dû au recul des revenus TVA du commerce électronique. L’impact budgétaire sera de 1,5 % du PIB. L’augmentation du taux de la TVA de 2 points devrait "partiellement compenser", et ce à raison de 0,7 % du PIB, cette chute des revenus TVA.
Le Luxembourg selon la Commission affichait en 2013 un excédent budgétaire structurel de 1,4 % du PIB. Il baisse à 0,75 % en 2014 et pourrait se transformer en un déficit budgétaire structurel de -1,25 % du PIB. La dette publique passera de 23,1 % en 2013 à 25,5 % en 2015. La Belgique affichera en 2015 une dette publique de 101,5 % du PIB, l’Allemagne sera à 73,6 & (en forte baisse), et la France à 96, 6%. L’UE affichera une dette publique moyenne de 89,2 %, en très légère baisse, et la zone euro de 95,4 %.