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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
La Chambre des salariés conteste dans ses EcoNews que les coûts du travail soient trop élevés au Luxembourg par rapport à l’UE-15
21-05-2014


Chambre des SalariésSelon un communiqué de l’Office statistique allemand (Destatis) qui a paru le 12 mai 2014  le coût du travail dans l’économie marchande au Luxembourg s’élève à 35,6 euros de l’heure. De ce fait, le Luxembourg serait le quatrième pays de l’Union européenne dans le classement selon le coût du travail.

La question du coût salarial étant un enjeu important dans la discussion publique, la Chambre des salariés (CSL) pare au tir dans les EcoNews qu’elle vient de publier le 20 mai 2014.

Pour elle, il faut "retracer l’évolution dans le temps de cet indicateur". Sous cette optique, "le Luxembourg n’apparaît pas vraiment comme un cas aberrant. En effet, le coût du travail n’y est pas beaucoup plus élevé qu’en Allemagne, et reste au niveau de la France et même en-dessous du coût horaire du travail belge." La Belgique affiche effectivement 41,2 euros, la France 35 euros et l’Allemagne 31,7 %.

La Chambre des salariés relève aussi "que, pour ce qui concerne l’industrie, le Luxembourg se situe seulement à la neuvième place de l’Union européenne avec un coût horaire de 30,90 euros, légèrement au-dessus de la moyenne de la zone euro (30,70 euros), mais largement en dessous de ses pays voisins : Belgique : 42,60 euros ; France : 36,79 euros ; Allemagne : 36,20 euros."

Elle en conclut que "le Luxembourg connaît donc un niveau de coûts horaires du travail qui est, au mieux, légèrement plus élevé que celui de ces principaux partenaires commerciaux, voire en dessous en ce qui concerne le secteur industriel." S’y ajoute que "la structure des exportations luxembourgeoises diverge fortement de celle de ses pays voisins", dans la mesure où 56 % des exportations luxembourgeoises en 2013 étaient à destination de l’Allemagne, la Belgique et la France.

Par ailleurs, ces chiffres relèvent "des particularités de l’économie luxembourgeoise susceptibles d’expliquer cette situation". La Chambre des salariés invoque deux facteurs :

  1. "le Luxembourg connaît le niveau de productivité par tête le plus élevé dans l’UE-15 (c’est-à-dire les pays du Benelux, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, le Danemark, la Suède, la Finlande, l’Autriche, l’Irlande et le Royaume Uni)
  2. le développement de certaines branches d’activité requiert des travailleurs hautement qualifiés, avec, pour conséquence, une tendance à la hausse des coûts du travail moyens dans l’économie marchande."

Et elle ajoute : "Malgré ces coûts du travail qui peuvent a priori sembler élevés, les coûts salariaux unitaires réels restent à un très bas niveau par rapport aux autres États-membres de l’UE-15 et l’emploi intérieur continue sa progression, quoique à un rythme un peu plus modéré qu’avant la crise."

La productivité par tête la plus élevée de l’UE-15

Pour la Chambre des salariés, "il est important de relativiser le coût du travail en comparant la productivité des travailleurs luxembourgeois à celle de leurs collègues d’autres pays de l’Union européenne."

Elle prend pour référence le rapport entre valeur ajoutée brute (VAB) et nombre d’emplois "pour déterminer combien de richesse est produite par chaque travailleur".

La Chambre des salariés constate que de ce point de vue, le Luxembourg se place avec un indice 114,7 largement en tête du classement des pays de l’UE-15 dont la moyenne arrive à l’indice 69, et qu’il fait même presque deux fois mieux que l’Allemagne qui affiche un indice 65,9, la France affichant un indice 78,1 et la Belgique 86,5. Elle en conclut que "sauf au plus fort de la crise économique de 2008/2009, la productivité luxembourgeoise croît nettement plus rapidement que celle des autres pays", et notamment celle de ses pays voisins.

Le coût salarial (CSU) réel qui exprime le rapport entre le niveau de productivité par tête et la rémunération par salarié confirme selon la CSL les bonnes performances de l’économie luxembourgeoise. Le Luxembourg fait en effet partie des pays européens ayant le plus faible rapport entre rémunérations et productivité par tête. Il affiche un rapport de 0,50 tandis que l’UE-15 affiche 0,60, idem pour l’Allemagne et la France, et alors que la Belgique passe à 0,65. Conclusion de la CSL : "Cela signifie que, compte tenu de la richesse qu’ils créent, les travailleurs luxembourgeois coûtent nettement moins cher que la plupart des travailleurs des autres pays de l’UE-15."

Une économie en mutation et en quête de main-d’œuvre hautement qualifiée

La CSL insiste aussi sur le fait que "malgré un coût du travail considéré comme élevé par certains, l’emploi intérieur ne cesse d’augmenter dans le Grand-duché", à raison de 2,5 en 2012, de 1,7 % en 2013 et 2014.

Elle admet que "la crise financière et économique récente n’est pas restée sans avoir d’impact sur le Luxembourg", mais constate aussi "que l’économie nationale se porte plutôt bien", avec une croissance de 2,1 % en 2013 et de 2,7 % prévue en 2014 ; Reste "l’exception du problème structurel au niveau du chômage".

Les taux de croissance du PIB et de l’emploi restent encore élevés par rapport aux autres pays de l’UE, "quoique en-deçà de leurs moyennes des années de bonne conjoncture, où la croissance moyenne du PIB était de 4,2 % et celle de l’emploi intérieur de 3,2 %", estime la CSL

Scrutant l’évolution du marché du travail entre 2000 et 2013 selon la branche d’activité, la CSL conclut "que toutes les branches d’activité ont connu une hausse considérable du nombre de leur nombre de travailleurs." et elle ajoute : "Un tel rythme de création d’emplois serait difficilement explicable si l’on partait du principe que le coût du travail est trop élevé au Luxembourg.". Dans ce cas, "les entreprises auraient été réticentes à créer de nouveaux emplois".

Par ailleurs, "la hausse de l’emploi a été plus marquée dans les branches d’activité requérant de la main-d’œuvre hautement qualifiée", et comme ces travailleurs ne sont pas disponibles en nombre suffisant au sein de la population nationale, "les entreprises se voient obligées de les attirer en offrant des conditions de travail et de rémunérations avantageuses", souligne la CSL.

Autre constat : Les plus fortes hausses de l’emploi ont eu lieu dans les secteurs définis comme prioritaires par le gouvernement –éco- et biotechnologies et nouvelles TIC – dans une perspective de développement durable et plus équilibré de l’économie luxembourgeoise.

La C SL conclut : "Malgré des coûts du travail légèrement plus élevés que dans les autres pays de l’UE-15, les entreprises luxembourgeoises semblent globalement y trouver leur compte, comme en témoigne le développement considérable de l’emploi au cours de la dernière décennie et une croissance économique qui reste parmi les plus dynamiques d’Europe."