Les 10 priorités du LSAP pour les élections viennent d’être présentées sous l’égide "d’une Europe meilleure" et du constat que "l’Europe a besoin d’un changement politique". Le LSAP, qui fait partie du Parti des socialistes européens (PSE) veut agir sur les axes suivants : créer des emplois et veiller à des salaires justes, compléter le marché commun par une union sociale forte, relancer l’économie européenne, mettre les marchés financiers au service de l’économie réelle, garantir les services d’intérêt public, promouvoir l’égalité de droits, la diversité et la tolérance, améliorer la protection des citoyennes et des citoyens, veiller à une Europe écologique, renforcer la démocratie et la participation citoyenne et augmenter l’influence de l’Europe dans le monde. Le LSAP pense qu’un "petit pays avec une économie ouverte, entouré de voisins puissants, n’a voix au chapitre que dans une Europe forte et solidaire. A contrario, dans une Europe faible, le Luxembourg ne pourra être que perdant." D’où son engagement "pour une Europe meilleure, plus forte".
Le LSAP place les élections européennes dans un contexte décrit comme "après une période difficile de gestion de crise dans les États membres de l’UE". Il juge que "la consolidation des budgets nationaux et la réduction des dettes publiques imposées dans le cadre de l’union économique et monétaire (UEM) ont affecté les pays de manière différente", mais que si "au Luxembourg, l’Etat doit également faire des économies de budget", le LSAP comme parti "faisant partie du gouvernement, a pris ses responsabilités en évitant que les salariés fassent les frais de la politique de consolidation". Pour le LSAP, "le Luxembourg n’a pas connu de politique d’austérité telle que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande."
Le parti énumère ensuite les grands défis auxquels "le Luxembourg reste confronté" : le chômage qui augmente malgré la création de nouveaux emplois, les nouvelles réglementations du secteur financier qui "ont radicalement changé la situation concurrentielle de la place financière luxembourgeoise", les problèmes de développement que rencontrent les PME. Dans ce contexte, "le Luxembourg a besoin de marge de manœuvre au sein du marché intérieur et de la compréhension de la Commission européenne pour les défis spécifiques de chaque pays."
Au niveau européen, il y a par ailleurs les "27 millions d’Européens qui ne trouvent pas d’emploi", les "120 millions de personnes pauvres ou menacées de pauvreté". Les socialistes veulent en même temps "promouvoir la compétitivité économique et lutter contre le chômage tout en respectant les standards sociaux". Le LSAP insiste sur le fait que "le Luxembourg ne veut pas se contenter de standards minimaux", mais vise à moyen terme dans l’UE "une union économique et sociale forte qui permette à tous de vivre avec dignité et prospérité". Entre 2014 et 2019, l’assainissement des finances publiques sera une des tâches, mais il s’agira d’éviter de recourir "à l’austérité et au démantèlement social".
Pour le LSAP, l’UE est un projet de paix, et "ses critiques à l’égard de certains aspects de la politique européenne ne remettent pas en cause son adhésion à une nécessaire collaboration des pays européens". Il rappelle aussi "que toutes les décisions de l’UE sont toujours également des décisions des Etats membres". Pour le Grand-Duché, "le LSAP souhaite une concentration de l’expertise européenne qui existe au pays afin de permettre au Luxembourg de ne pas seulement exceller sur la scène européenne, mais de forger des alliances nécessaires pour influencer, dans l’intérêt de notre pays, les dispositions législatives et réglementaires européennes."
Le LSAP soutient logiquement Martin Schulz, membre du SPD et président du Parlement européen comme tête de liste des socialistes et sociaux-démocrates européens et candidat à la présidence de la Commission européenne.
Par changement politique au sein de l’UE, le LSAP entend que l’Union renoue avec la méthode communautaire, que les Etats membres soient plus solidaires, se reconnaissent "comme partenaires égaux qui se respectent mutuellement". Il faut se départir de la "politique des faits accomplis de certains ‘grands’ États aux dépens des "petits’ États membres" qui "menace les acquis de l’UE et met en péril le projet européen de paix et d’intégration". Le principe de subsidiarité devra être remis en avant, et une "surrèglementation initiée par la Commission européenne", jugée "contreproductive", devra être évitée. L’idée que "le développement économique (…) ne peut être une fin en soi, mais doit plutôt servir la société et les gens", tout comme celle que "le marché intérieur ne peut fonctionner valablement que lorsqu’il repose sur une base sociale solide". Admettant que les citoyens sont déçus et qu’il faut rétablir la confiance, le LSAP estime que cela ne pourra se faire "qu’en changeant la donne politique", donc en changeant de majorité au Parlement européen.
Les socialistes feront de la lutte contre le chômage des jeunes "leur première priorité" et disent vouloir veiller à ce que la "garantie jeunes" soit rapidement mise en œuvre, voire étendue, en cas de besoin. Ils veulent regrouper les moyens financiers prévus à cette fin soient regroupés dans un fond pour l’occupation des jeunes. La lutte contre le chômage devrait devenir "un objectif prioritaire de la politique européenne au même titre que la politique budgétaire et l’assainissement des dettes". Ils disent vouloir lutter "pour que le travail, indépendamment du sexe, soit rémunéré par un salaire correct qui permette de vivre décemment en assurant une bonne qualité de vie". D’autres objectifs sont des stages en entreprise régis par des dispositions légales claires et des standards minima, la lutte contre le dumping social, des salaires sociaux minima dans tous les Etats membres, fixés sur la base des salaires moyens dans chaque Etat, la prévalence des contrats à durée indéterminée et s’élèveront contre les abus du prêt de main d’œuvre et la défense des droits syndicaux.
Parce qu’ils pensent qu’une "Europe sociale est la condition pour garantir le succès économique et la cohésion de l’UE", le LSAP veut défendre le principe de l’Etat social et avec les socialistes en Europe "améliorer l’égalité de chances tout en distribuant les richesses plus équitablement en Europe". Il s’agira de réduire à moyen et à long terme les déséquilibres économiques dans la zone euro, d’arriver à ce que le semestre européen inclue des objectifs contraignants pour l’emploi, l’éducation et la cohésion sociale et que dans l’UE, des standards sociaux minima soient introduits
Les socialistes veulent que l’UE dispose de plus de ressources financières propres pour l’investissement. Ils disent vouloir "accorder une attention particulière à l’innovation, à la recherche et à la réindustrialisation", ils veulent développer les réseaux transeuropéens dans les domaines du transport, de l’approvisionnement énergétique et des télécommunications et veulent à cette fin recourir à des emprunts et des eurobonds. Ils veulent "tenir compte du rôle central des classes moyennes dans l’économie européenne tout en promouvant l’entrepreneuriat", investir dans la formation initiale et la formation continue, veiller à la mise en œuvre rapide du pacte européen de croissance doté de 120 milliards d’euros. Ils plaident pour trois taxes : une taxe sur les transactions financières (TTF), une taxe carbone européenne sur les produits importés et les services et une taxe de consommation sur tous les produits de luxe. Ils veulent finalement augmenter les fonds structurels européens.
Pour ce qui est de la régulation des marchés financiers et de l’accès de l’économie réelle, les socialistes veulent s’engager pour une union bancaire et une communauté de responsabilité au service de l’économie réelle. Il s’agira de mettre un frein à la spéculation financière et de séparer les activités des banques commerciales et celles des banques d’investissement. Les socialistes veulent "insister sur la création d’une agence européenne de notation indépendante et publique" et plaider "pour l’introduction de la taxe sur les transactions financières applicable à toutes les places financières européennes.
Pour les socialistes, "l’accès aux services d’intérêt public est un des piliers de l’État social". Pour eux, "ces services comprennent entre autres l’accès universel à l’eau et à l’électricité, le transport en commun, l’accès aux soins de santé et à la sécurité sociale". Ils veulent un accès égal aux produits et services d’intérêt public pour tous les citoyens, une protection des spécificités nationales, régionales et locales des services d’intérêt public, et pensent que c’est "le droit des communes de décider elles-mêmes de quelle manière elles entendent assurer leur obligation de service". Il s’agit finalement de combattre les tendances à la libéralisation qui visent à démanteler les services publics
Les socialistes veulent aussi lutter pour la libre circulation, ce droit et principe fondateur de l’Union européenne n’étant plus une évidence, et dans la foulée, contre toute forme de xénophobie, de racisme, de sexisme, d’homophobie, de transphobie et de discrimination et protégeront activement les minorités. L’égalité des genres passera pour eux par un salaire égal pour un travail égal pour les femmes et les hommes. Ils veulent aussi combattre la violence contre les femmes et soutiendront les femmes dans leur revendication à l’autodétermination en protégeant leurs droits sexuels et reproductifs
Sur ce chapitre, les socialistes veulent défendre au niveau européen des règles plus strictes de protection des consommateurs et amélioreront la sécurité alimentaire, exclure les OGM de la chaine alimentaire, s’engager pour une législation européenne forte en matière de protection des données personnelles. En même temps, ils veulent garantir le droit à la sécurité et renforcer la lutte contre la criminalité organisée transfrontalière.
Au vu du changement climatique, les socialistes sont pour un changement radical de la politique énergétique, et convaincus que si l’Europe y jouera un rôle prépondérant, elle bénéficiera d’un avantage compétitif. Les grands axes de l’action des socialistes sont de favoriser les technologies et des méthodes de production respectueuses de l’environnement, la sortie du nucléaire en Europe et la fermeture des centrales nucléaires à nos frontières, les économies d’énergie, l’efficience énergétique et les énergies renouvelables. Tout cela devrait passer par «le respect d’objectifs contraignants pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Partant du constat que l’UE souffre d’un déficit démocratique, il s’agit pour les socialistes de renforcer la participation citoyenne en s’opposant à ce que les décisions soient plus que jamais prises par les chefs d’Etat et de gouvernement, en œuvrant pour un retour à la méthode communautaire et à un partenariat équilibré entre tous les Etats membres ; en veillant à une réduction de la bureaucratie et en soutenant une réglementation communautaire uniquement là où elle s’avère fondée, ce dans l’esprit de donner la priorité à la subsidiarité et à la proportionnalité. Les socialistes veulent maintenir les acquis des traités européens, s’engageront pour un renforcement du rôle du Parlement européen, notamment en le dotant d’un droit d’initiative législative et du plein pouvoir budgétaire. Ils veulent faire participer les citoyens aux processus politiques par une meilleure information et une procédure simplifiée de l’initiative citoyenne.
Pour le LSAP, l’Europe doit rester une communauté de valeurs et de solidarité qui défend ses valeurs communes dans un monde qui change. Il s’agit, dans cette optique, de renforcer les efforts communs en matière de défense, de développement, de commerce et de démocratie. Les socialistes veulent que les standards européens soient maintenus dans tous les accords commerciaux à conclure et disent qu’ils "ne feront pas de compromis sur le respect des valeurs européennes par les pays qui voudront adhérer à l’Union européenne". Par ailleurs, ils envisagent une coopération renforcée entre les pays qui souhaitent voir progresser l’Union européenne sur le plan économique et social.