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Elections européennes
Elections européennes – La première table ronde officielle de la campagne aborde le sujet de "l’Europe en crise de confiance"
11-05-2014


table-rondeSur le thème : "L’Europe en crise de confiance : quelles réponses", la première table ronde officielle consacrée aux élections européennes a réuni les neuf candidats têtes de listes des partis luxembourgeois en lice pour l’échéance du 25 mai, le 11 mai 2014 sur les ondes de RTL Télé Lëtzebuerg. Mady Delvaux-Stehres (LSAP), Charles Goerens (DP), Viviane Reding (CSV), Fernand Kartheiser (ADR), Claude Turmes (Déi Gréng), Ali Ruckert (KPL), André Hoffmann (Déi Lénk), Jean Colombera (PID) et Sven Clement (Pirate Partei) y ont exposé leurs vues et leurs différences.

Pourquoi aller voter ce 25 mai ?

La table ronde a été lancée par une question centrale : pourquoi aller voter ce 25 mai aux européennes ? Selon Mady Delvaux-Stehres, les politiques décidées au niveau européen ont un impact sur le pays et "il est donc important de s’intéresser à la politique européenne". Ceux qui plaident pour le changement de politique "doivent aller voter", selon la candidate socialiste.

Charles Goerens affirme pour sa part croire"qu’on peut améliorer l’Europe". L’eurodéputé libéral sortant veut ainsi "que les forces politiques raisonnables aient suffisamment de poids"  pour "poursuivre le travail législatif dans l’intérêt de l’ensemble de l’UE car elles y feront face à une concurrence très forte de ceux qui veulent détruire l’Europe".

Vivane Reding, commissaire européenne en congé électoral le temps de la campagne, juge de son côté qu’il s’agit de voter pour "une Europe forte qui puisse non seulement représenter ses positions dans le monde mais qui puisse aussi les imposer". Il s’agit aussi d’assurer "une voix forte du Luxembourg en Europe car souvent nous sommes poussés dans nos retranchements et nous devons pouvoir nous défendre", estime-t-elle.

Fernand Kartheiser constate pour sa part que si le Luxembourg est dépendant de l’Europe, "il est important que le Grand-Duché ne perde pas sa souveraineté et son identité dans l’Europe". Le député ADR veut une Europe des Etats dans laquelle "le Luxembourg soit encore reconnaissable comme un Etat et que ses décisions pèsent dans la balance".

Claude Turmes a défendu le bilan des Verts au Parlement qui ont "fait avancer l’Europe au Parlement européen dans le domaine de la protection des données, dans l’environnement, dans l’énergie, contre le dumping social…". Les priorités de la nouvelle législature seront la lutte  contre le chômage des jeunes ainsi que le positionnement par rapport aux accords de libre-échange dont celui avec les USA où "nous avons très peu à gagner mais beaucoup à perdre".

Ali Ruckert, qui dénonce une Union européenne créée "dans l’intérêt du grand capital financier qui fonctionne avec l’austérité et le militarisme", appelle tous ceux qui sont contre ces deux réalités à voter pour le KPL.

André Hoffmann souligne le "besoin" pour l’Europe de "prendre une direction fondamentalement différente". Selon lui le Parlement européen peut jouer un rôle important en la matière si le rapport de forces en son sein évolue, si ceux qui au Parlement défendent véritablement une politique plus sociale et démocratique sont renforcés. Il est aussi important que les pouvoirs du Parlement européen soient renforcés et les parlements nationaux  devraient voir leurs responsabilités augmentées par rapport aux décisions européennes.

Pour Jean Colombera il s’agit d’éliminer les "énormes inégalités" en Europe  aux niveaux écologique, économique, financier ou monétaire.

Sven Clement juge de son côté que le Parlement européen est "la seule institution au niveau européen qui est légitimée par les citoyens à travers leur vote", et si l’Europe peut faire mieux, "ce sera uniquement si le Parlement européen est encore renforcé".

Au sujet de la première fois que les groupes politiques européens présentent leur candidat au poste de président de la Commission européenne

Viviane Reding estime qu’il faut s’en tenir à l’accord conclu entre les principales familles politiques et imagine "une crise institutionnelle" si les chefs d’Etat et de gouvernement devaient choisir une autre voie. Charles Goerens est sur la même ligne : "Nous lisons aussi le traité de Lisbonne qui dit clairement que le Conseil européen doit tenir compte du résultat des élections".

table-rondeAndré Hoffmann souligne que le parti de Gauche européen a choisi un candidat tête de liste grec, parce que la Grèce est le premier pays victime de la politique d’austérité de l’UE. Sa chance de devenir président de la Commission est très faible, mais ce n’est pas le sens de cette candidature. "Il ne suffit pas de se demander qui va devenir président de la Commission mais de s’interroger sur comment fonctionne véritablement l’Europe", dit-il.

Pour Claude Turmes, ce qu’il faut avant tout, c’est "que la transparence, la défense des intérêts des citoyens face aux lobbies, la protection du climat et la politique sociale soient au centre des débats. Nous jugerons les candidats sur leurs programmes par rapport à ces thèmes".

Si "beaucoup saluent la personnification de ces élections", Mady Delvaux-Stehres rappelle que "derrière ces personnes on ne peut pas oublier le parti ou le programme qui les portent", note-t-elle, soulignant que "dans la famille socialiste"  elle n’est "pas dans le même parti que des Berlusconi ou des Orban".

Pour Fernand Kartheiser, l’absence de tête de liste dans son groupe (ECR) n’est en rien un problème. Au contraire "le système des têtes de listes est en soi une falsification du  système institutionnel européen", juge-t-il. "Nous votons pour l’élection du Parlement européen, pas celle de la Commission et aucun des candidats têtes de listes n’est candidat au Luxembourg. Donc on construit un système artificiel  et avant tout un renforcement d’une Europe qui ne répond pas à nos objectifs. Ce qu’on essaye de faire ici, c’est d’européaniser la politique, ce qui est également artificiel car il n’y a pas de peuple européen, il n’y a pas d’Etat européen, donc on travaille ici avec des fictions".

Jean Colombera rejette pour sa part "le culte de la personnalité", tout comme Sven Clement qui a dit espérer sortir "de ce système de culte de la personnalité pour mettre les contenus au centre de ces élections". Le candidat considère par ailleurs "regrettable que les candidats têtes de listes ne se soumettent pas au vote dans tous les Etats membres, ce qui serait certainement un pas supplémentaire vers plus de démocratie dans l’UE".

Ali Ruckert juge de son côté que Martin Schulz et Jean-Claude Juncker "viennent des chambres noires les plus sombres de l’UE, ils sont là depuis toujours et ils ont porté pendant les dizaines d’années précédentes la libéralisation et les privatisations c’est-à-dire tout ce qui a eu des conséquences négatives sur les gens qui travaillent". Ces deux candidats sont en outre en faveur du traité de Lisbonne dont l’article 42 dit que tous les Etats membres doivent s’armer (clause de défense mutuelle, article 42, paragraphe 7, du traité UE).

Les politiques de crise de l’UE ont-elles été couronnées de succès ?

Pour  Charles Goerens, les politiques anti-crises sont des "chantiers en cours". On se trouve "dans une phase transitoire où l’on doit assainir les finances, mais avec plus de souplesse", poursuit-il, rappelant que "c’est parce que Europe est entrée non préparée dans la crise" qu’il a fallu imposer l’austérité.

Claude Turmes estime pour sa part que les aides octroyées ont été "conditionnées à une politique d’austérité trop sévère". Il faut mettre l’accent sur la lutte chômage des jeunes et évasion fiscale selon l’eurodéputé vert.

Viviane Reding a quant à elle justifié que l’UE s’était trouvée face au choix de laisser l’euro partir en morceaux et de sortir un ou deux pays de l’UE. "Nous avons choisi de ne pas laisser cela se passer et d’en assumer les conséquences. Les uns ont dû payer, les autres se réformer car leurs budgets et leurs structures étatiques étaient cassées et nous avons réussi ensemble à sortir du tunnel. Les pays sous programmes peuvent désormais tenir sur leurs propres pieds".

Mady Delvaux-Stehres reconnaît pour sa part que les pays du sud devaient réformer, mais que combiner les réformes et les économies drastiques "a été une erreur, surtout sur un aussi court délai. Si on regarde les réformes menées en Allemagne par Gerhard Schroeder, elles l’ont été en deux temps", appuie l’ancienne ministre luxembourgeoise de l’Education.

Fernand Kartheiser considère que l’Union monétaire a protégé le "petit pays" qu’est le Luxembourg mais au coût d’un prix politique à payer, la perte de la souveraineté budgétaire.

André Hoffmann a de son côté rappelé que ceux qui ont payé la politique d’austérité en Europe "sont ceux qui vivent de leur travail" alors qu’il s’agirait de s’interroger sur la répartition de la richesse en Europe et sur la manière dont on pourrait répartir autrement, équitablement les difficultés budgétaires. "En Europe, 10 % des citoyens disposent de 60 % des richesses alors que 50 % des citoyens disposent de 5 % des richesses. Ici nous avons des marges de manœuvre pour une autre répartition qui ne se fasse pas sur le dos des salaires des gens qui travaillent ni sur la diminution des prestations sociales", juge-t-il. Selon lui, si le Portugal veut quitter son programme d’aide, c’est parce que les conditions auxquelles il a soumis le pays ont fait exploser le chômage, la pauvreté, et il n’en est pas sorti. "Qui est sorti de la crise ? Pas le pays, les banques".

Ali Ruckert a également estimé que la sortie du Portugal de son plan d’aide ne reflétait pas la réalité vécue par les Portugais. "L’austérité est de plus en plus forte et les gens de plus en plus en difficultés. A Lisbonne il y a des manifestations où les gens disent ne veulent pas émigrer mais veulent du travail dans leur pays, on ne peut pas dire que l’UE a fait quelque chose de bien ici. Le peuple portugais n’a pas vu un sou de l’argent prêté au pays qui a servi aux banques allemandes et françaises. La situation est telle qu’à Athènes, après un an de chômage, les gens n’ont plus droit à la sécurité sociale", s’est-il emporté.

Sven Clement a de son côté jugé que les plans d’aides ont été conçus avec "énormément de pression, très peu de transparence et d’implication des citoyens et de participation des élus". "Cela montre le plus gros déficit de l’UE, un déficit institutionnel. Beaucoup a été fait via la méthode intergouvernementale", a-t-il déploré.

L’UE sera-t-elle davantage sociale à l’avenir ?

Pour l’ex-ministre socialiste Mady Delvaux-Stehres, c’est une nécessité "si on veut encore la confiance des citoyens". Elle juge que la dimension sociale doit être placée sur un pied d’égalité avec la dimension économique, c’est une question de cohésion sociale dans l’UE.

Viviane Reding confirme que la cohésion sociale  "est absolument primordiale mais il faut faire attention à ce qu’on dit". Selon la commissaire en congé électoral, "les dettes ne sont pas différentes dans un Etat et dans une famille : si une famille se surendette, elle n’a plus rien pour vivre, pour investir dans la culture, dans un Etat c’est identique. En cas de surendettement, c’est la génération suivante qui devra payer et on n’a pas le droit".

ruckert-hoffmann-colombera-clementSven Clement estime pour sa part désastreuse situation actuelle chômage des jeunes. "L’UE peut faire mieux, mais il faut chercher des solutions communes ensemble. Elle doit avoir une composante sociale et un véritable budget" (aujourd’hui 1 % du PIB de l’UE) d’au moins 10 %. 

André Hoffmann plaide également pour un budget européen à la hauteur qui devrait être alimenté par une imposition "là où les richesses se trouvent, donc les hauts revenus, les profits, etc". Il faut "investir dans des projets écologiques et sociaux et ne pas faire des cadeaux aux banques". Selon lui, le grand problème de l’Europe est lié à la confiance. "La confiance se donne quand on respecte ses promesses, et l’UE ne les a pas tenues dans des domaines fondamentaux".

Claude Turmes constate que ceux qui promettent des investissements nouveaux, sans s’attaquer l’évasion fiscale massive de mille milliards d’euros annuels. Beaucoup d’argent est allé vers les riches. Il faut prendre des décisions qui aillent dans le sens d’une protection du climat et de l’environnement. "On ne peut pas créer de l’emploi et détruire la nature", dit-il.

Claude Turmes souligne l’importance de lutter contre le dumping social et salue, dans ce contexte, l’adoption du badge social. Il souligne qu’il ne faut pas mener la lutte contre cette concurrence seulement dans le domaine du bâtiment mais aussi dans l’informatique ou encore la finance.

"Si on augmente les impôts, on décourage les investissements et on réduit la consommation", prévient Charles Goerens.  "La question posée n’est pas s’il faut ou non assainir les budgets nationaux, mais comment les assainir." Charles Goerens défend l’idée d’une "caisse d’amortissement" commune, par laquelle seraient garanties les dettes de tous les Etats membres, ce qui permettrait aux plus endettés de payer moins cher leurs emprunts et de se dégager une marge de manœuvre pour mener leurs politiques sociales. Un deuxième chantier est, selon lui, celui de la recherche et de l’innovation, avec l’impérieuse nécessité de conserver la limite de 3 % du PIB pour 2020, ce qui serait utile à la lutte contre le chômage des jeunes. Il faudrait également se donner de nouvelles possibilités pour mener une "politique procyclique". Charles Goerens rappelle qu’en 1970, Werner avait dit qu’il faudrait consacrer  au moins 7 % budget à budget européen pour mener une véritable vraie politique européenne. 

Fernand Kartheiser est lui contre la mise en commun des dettes. Il est par contre pour une amélioration de la situation sociale, par la convergence des critères sociaux, la lutte contre le dumping social et environnemental.  Pour lui, il ne faut pas abandonner d’autres compétences à l’Europe, mais trouver d’autres moyens de négocier en Europe. Accorder plus de compétences constituerait un "danger". Alors que la Commission fait désormais des recommandations sur le budget qui demandent la suppression de l’indexation et la réforme des retraites, dont la baisse des retraites et la hausse de l’âge de départ de la retraite, "on risque de se voir imposer des choses de Bruxelles, qui ne sont pas désirés dans notre ordre national", dit-il. Or, "les pays qui ont besoin d’être aidés doivent être influencés dans leurs décisions, mais nous qui n’avons pas demandé d’aides, nous devons pouvoir décider nous-mêmes comment mener notre politique", pense-t-il.

Ali Ruckert ne voit pas d’Union de la solidarité décrite par d’autres, mais plutôt le règne du chacun pour soi, dont la concurrence par le dumping ou encore le fait que l’euro soit sous influence allemande sont des exemples. "Aussi longtemps que dans l’UE, des grands capitalistes peuvent seuls décider ce qu’il arrive du travail, de leurs investissements, de leurs profits, il n’y a pas d’UE", dit-il en plaidant pour la coopération entre Etats.

La sécurité des aliments et la santé

Interrogé sur ce point, Claude Turmes confirme la persistance de la pression exercée par les grandes entreprises. Il se réjouit que le Parlement européen ait pu rejeter la proposition de règlement de la Commission européenne sur les semences et qu’il ait voté également contre la privatisation de l’eau. Le Parlement a contré une Commission européenne "conservatrice-libérale", voire "néo-libérale". Dans une même logique, l’eurodéputé sortant souligne l’importance de lutter contre le TTIP. Il souligne la réalisation en cours du registre des lobbys au niveau européen et juge nécessaire de l’étendre au plan national, soulignant l’influence du lobby automobile allemand auprès de la chancelière Angela Merkel pour assouplir la législation européenne au Conseil des ministres.

Viviane Reding nie que l’intérêt des grandes entreprises soit privilégié et que la Commission européenne ait mis en œuvre une politique néo-libérale. Il s’agit d’une politique menée par des  démocrates-chrétiens et des socialistes. Viviane Reding conteste qu’on puisse reprocher à l’Europe de ne pas être démocratique. Il y aurait besoin de plus d’Europe, comme le scandale de la viande de cheval l’a démontré avec l’échec des contrôles nationaux.

Mady Delvaux-Stehres constate que l’origine de ce scandale a résidé dans les contrôles nationaux déficients. Il y aurait lieu de donner les moyens de contrôles plus effectifs et favoriser les échanges d’informations pour améliorer la traçabilité.

Ali Ruckert pour sa part souligne que c’est un scandale lié au profit.  Tant que les fondements ne sont pas transformés, la même logique persistera: "à l’actionnaire les profits, aux autres l’austérité".

Revenant sur le poids des lobbys évoqué par Claude Turmes, Sven Clement souligne que le Parlement européen est "la seule institution transparente". C’est "le jour et la nuit", avec la Commission européenne qui fonctionne de la même manière qu’à sa création en 1957, c’est-à-dire  "au niveau diplomatique, derrière des portes closes".  La Commission est une "black box", dont le citoyen entend juste "des rumeurs", sans obtenir de détails concrets ou alors, quand c’est le cas, "de la bonne grâce d’un commissaire non pas parce que les citoyens l’ont demandé".

TTIP : chance ou risque ?

Charles Goerens juge qu’il est trop tôt pour juger du TTIP et qu’il faut attendre le résultat des négociations, pour savoir ce qu’il en est. Il précise qu’il y a des lignes rouges à ne pas dépasser, comme pour l’accord SWIFT ainsi que l’ACTA et ses "absurdités juridiques", deux textes qui ont été rejetés par le Parlement européen.

Viviane Reding souligne que si la sécurité des aliments et les droits des travailleurs sont remis en cause par le TTIP, alors elle s’y opposera. Elle rappelle que la Commission européenne se base sur un texte adopté à l’unanimité par 28 Etats membres, qu’elle a mené des discussions avec les Etats membres avant chaque round de négociations, qu’elle a tenu 15 réunions d’informations avec le Parlement, à la disposition duquel elle a mis 64 documents.  "On ne peut pas dire que tout cela est opaque et qu’aucune information ne sort", dit-elle.

Claude Turmes a rétorqué qu’il ne s’agissait pas de documents de négociation et uniquement de documents que la Commission a bien voulu montrer aux eurodéputés.

Mady Delvaux, Viviane Reding et André HoffmannAli Ruckert a rappelé que le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etat, avait déjà été envisagé par le passé et qu’il ne fait aucun doute que les standards européens seront revus à la baisse.

André Hoffmann regrette que la population ne sache pas encore de quoi on discute. C’est la manière de négocier qui est avant tout en cause. 

Sven Clement souligne que les Pirates refusent tout traité, indépendamment de son contenu, dès lors qu’il est négocié "secrètement" et souligne qu’aux USA, de nombreuses parties y sont opposées.

Jean Colombera pense que l’UE doit s’affranchir de la pression extérieure et estime que le jeu n’en vaut pas la chandelle, alors que le gain de PIB n’atteindrait que 0,4 % en dix ans.

Reconnaissant que le mécanisme d’arbitrage investisseurs-Etats est critique, Fernand Kartheiser ne comprend toutefois pas que "par peur des USA, on devrait le retirer du TTIP alors qu’il est déjà en vigueur avec d’autres zones du monde".

Mady Delvaux-Stehres se refuse à penser que les Américains prendront le meilleur sur les Européens. "Nous avons des valeurs et normes à défendre", dit-elle.

Viviane Reding s’étonne de la "peur des Américains et des puissances extérieures". "Nous devons avoir confiance, nous sommes la plus forte puissance économique du monde et nous nous comportons comme si nous ne l’étions pas. Si nous continuons à nous comporter ainsi, nous ne serons plus les meilleurs. C’est quand on se montre forts, qu’on peut s’imposer à l’extérieur, qu’on reste forts", a déclaré la commissaire européenne en congé électoral.

Euroscepticisme et populisme

Enfin, face à l’euroscepticisme et à la montée des populismes qui en découle, Viviane Reding a souligné qu’il y aurait toujours une majorité, même socialiste et conservatrice, pour ne pas laisser la construction européenne être renversée.

Charles Goerens souligne qu’en vue de l’arrivée d’eurodéputés populistes, le prochain Parlement européen devra agir avec responsabilité.

Mady Delvaux a pour sa part rappelé que "la cause du populisme est la misère des gens". Il faut ainsi lutter contre le chômage et la pauvreté, pour limiter le nombre de ces élus,  selon elle.

Pour Claude Turmes, les  partis d’extrême droite ne joueront pas de rôle, car ils sont divisés au niveau européen. "Il faut certes une majorité stable mais elle doit être progressiste", a-t-il voulu souligner. Dans le cas d’une grande coalition telle qu’évoquée par Viviane Reding, il n’y aurait "pas forcément de garanties pour la transparence et une politique durable".

André Hoffmann a mis en cause le fait qu’on décide au-dessus de la tête des citoyens. Il met en garde sur le fait que, même si les partis d’extrême droite ne jouent pas de rôle au Parlement européen, qu’ils proposent, dans leur propre nation, un nationalisme agressif est un "danger pour l’Europe". "Si les nationalismes se répandent, le projet européen sera encore plus en danger", ce à quoi il faudrait répondre par "plus de démocratie, plus de social", estime le candidat Déi Lénk. 

Ali Ruckert a renchéri en déclarant que  "le danger fasciste semble toujours plus grand". Toutes les forces démocratiques doivent collaborer pour faire front. Elles devraient mener une politique qui empêche qu’il y ait toujours plus de gens pauvres et parqués dans des ghettos, comme c’est le cas avec les politiques économiques actuellement menées dans tous les Etats membres et dans l’UE elle-même.