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Scandale de la viande de cheval - Les résultats des tests menés dans l’UE confirment qu’il s’agit d’un "problème de fraude alimentaire et pas de sécurité alimentaire", rapporte la Commission européenne
16-04-2013


Le Parlement européen veut renforcer la traçabilité. © Parlement européen"La sécurité alimentaire n’est pas menacée mais, à l'avenir, des sanctions plus lourdes frapperont la fraude aux étiquettes", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué de presse diffusé le 16 avril 2013  à l’occasion de la publication des résultats des tests menés pour détecter d’une part la présence d’ADN de cheval dans des échantillons étiquetés comme de la viande de bœuf d’une part et celle de l’anti-inflammatoire administrée aux chevaux, appelé phénylbutazone, dans des échantillons de viande de cheval.

Cette initiative faisait suite au scandale survenu au début du mois de février, suite à la découverte en Irlande et au Royaume-Uni, de viande de cheval dans des produits étiquetés comme étant de la viande de bœuf. En réaction, le 15 février 2013 les Etats membres avaient adopté un plan de contrôle proposé par la Commission européenne, qui a ainsi livré ses premiers résultats.

"Seule une part minime de la production totale dans l'UE est concernée", constate la Commission européenne

Le nombre de tests effectués, principalement chez les détaillants, sur des échantillons de produits alimentaires présentés comme de la viande de bœuf, a varié entre 10 et 150, en fonction de la taille du pays de l’UE et des habitudes alimentaires de ses habitants. Si la Commission a financé 75 % de la somme de 2,5 millions d’euros que l’opération a coûtée, ce sont les autorités nationales compétentes qui ont mené les tests. Certains Etats membres ont pratiqué davantage de tests que ce minimum. Ainsi, 4144 relevés ont été menés à la recherche d’ADN de cheval. Pour la détection de phénylbutazone, il avait été décidé d’analyser un échantillon par volume de cinquante tonnes de viande de cheval, avec un minimum de cinq tests effectués. 3115 de ces tests ont été réalisés.

De l'ADN de cheval a été mis en évidence dans 193 échantillons (soit 4,66 % des produits analysés), tandis que 16 échantillons contenaient des traces de phénylbutazone (soit 0,51 % du total). Les Etats membres ont par ailleurs signalé que les exploitants du secteur alimentaire (producteurs, transformateurs et distributeurs) ont effectué 7 951 tests supplémentaires. Sur ce nombre, 110 ont révélé la présence d'ADN de cheval (soit 1,38 % des tests effectués).

"Le faible nombre d’échantillons dans lesquels on a décelé de l'ADN de cheval et le niveau très faible de phénylbutazone détecté montrent que seule une part minime de la production totale dans l'UE est concernée", souligne la Commission européenne dans son communiqué de presse. "Nous sommes en présence d'un problème de fraude alimentaire et pas de sécurité alimentaire", en déduit le Commissaire européen chargé de la santé et de la protection des consommateurs, Tonio Borg. Ce dernier juge désormais "vital (…) de restaurer la confiance des consommateurs européens et des partenaires commerciaux dans notre chaîne alimentaire". Il annonce également que la Commission va proposer le renforcement des contrôles tout au long de la chaîne alimentaire. Les eurodéputés membres de la commission de l'environnement, la santé publique et la sécurité alimentaire en avaient fait la requête le 18 février 2013.

Les résultats des tests diffèrent beaucoup selon les Etats membres dans lesquels les tests ont été pratiqués. La France présente le taux de présence d’ADN de cheval dans les échantillons testés le plus élevé de l’UE, avec 47 tests positifs sur 353 tests menés (soit 13,3 %). La Belgique n’a relevé aucun résultat positif sur 106 contrôles menés, l’Allemagne 29 sur 878 (3,3 %). Le Luxembourg a mené six contrôles sur des échantillons présentés comme viande de bœuf, l’un d’entre eux ayant révélé la présence d’ADN de cheval. Il est à noter que les résultats des tests font la différence entre produits préemballés et produit non préemballés et que le Luxembourg est le seul pays à ne pas avoir mené de tests sur des produits préemballés.

Pour ce qui de la présence de phénylbutazone dans la viande de cheval, le Royaume-Uni abrite quatorze des seize cas relevés par les 3115 tests menés. Le Luxembourg (8 tests menés), la Belgique (106), la France (217) et l’Allemagne (83) n’ont pas connu de test positif.

La Commission souligne que les résidus de phénylbutazone, dans les quantités observées sur le marché de la viande chevaline, ne sont pas dangereux pour les consommateurs

La Commission européenne se veut aussi rassurante sur la nocivité du phénylbutazone, en renvoyant à un avis publié conjointement, le 15 avril 2013, par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l'Agence européenne des médicaments (EMA), selon lequel "la présence illégale de résidus de  phénylbutazone dans la viande de cheval doit être peu préoccupante pour les consommateurs en raison de la faible probabilité d'exposition à ce risque et de la faible probabilité globale d'effets toxiques", comme on le lit dans leur communiqué de presse. La Commission européenne souligne aussi que selon cet avis, "la probabilité qu'un consommateur soit exposé, un jour donné, à la phénylbutazone alors qu'il est par ailleurs susceptible de développer une anémie aplastique, se situerait entre deux sur un trillion et une sur 100 millions". Néanmoins, l’EFSA et l’EMA estiment "qu’il n’est pas possible de fixer des niveaux sûrs pour la phénylbutazone dans les produits alimentaires d’origine animale et que, par conséquent, son utilisation dans la chaîne alimentaire doit rester interdite".

Les deux autorités défendent par ailleurs dans leur avis la nécessité de renforcer les contrôles et la traçabilité par "l’introduction d’un système fiable d’identification pour les chevaux et d’autres équidés, l’harmonisation des contrôles de la phénylbutazone et l’amélioration du signalement des données de surveillance associées à son éventuelle présence dans des denrées alimentaires". L’EFSA avait d’ailleurs déjà émis une telle recommandation sur la phénylbutazone par son rapport sur les résidus de médicaments vétérinaires.

La Commission européenne a envoyé un "plan d’action global en cinq points" aux autorités des Etats membres pour renforcer la panoplie des contrôles

Lors d’une réunion prévue le 19 avril 2013, la Commission européenne et les experts des Etats membres doivent discuter s’il convient de prolonger ce plan de suivi des contrôles. Le "paquet santé des animaux et des végétaux", que la Commission européenne est en train de réaliser et qui comprend des propositions visant à renforcer les contrôles officiels et à fournir une base juridique pour appliquer des sanctions financières dissuasives envers les fraudeurs du secteur des produits alimentaires", devrait prendre en compte des enseignements tirés de ce plan de suivi des contrôles.

Enfin, la Commission européenne révèle également qu’elle a récemment envoyé aux autorités nationales des Etats membres un "plan d’action global en cinq points" à mettre en œuvre durant les années 2013 et 2014, pour renforcer la panoplie des contrôles dans les domaines de la fraude alimentaire; du programme de tests; passeports pour les chevaux; contrôles et sanctions officiels et étiquetage de l’origine.