La Commission européenne a publié le 4 juin son rapport 2014 sur l’état de la convergence, dans lequel elle évalue l'état de préparation de huit États membres à la monnaie unique. La Commission y propose que la Lituanie qui remplit tous les critères de convergence puisse adopter l’euro le 1er janvier 2015, après une tentative ratée en 2006-2007. Les réformes économiques entrepris par la Lituanie ont entraîné une "hausse spectaculaire du niveau de vie des Lituaniens, selon le commissaire et vice-président de la Commission chargé des affaires économiques et monétaires et de l’euro, Olli Rehn : "le PIB par habitant de la Lituanie, qui ne représentait que 35 % de la moyenne de l’UE-28 en 1995, devrait en représenter 78 % en 2015." Il a souligné combien les événements en Ukraine ont rendu "inévitable" le passage à l'euro pour le petit Etat balte de trois millions d'habitants, membre de l'UE depuis 2004. "L'intégration européenne a été et doit rester un moteur important pour stabiliser la démocratie et accroître la prospérité", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Il a été confirmé par le Premier ministre lituanien, Algirdas Butkevicius : "Compte tenu des développements à nos frontières, l'adoption de l'euro prend encore plus d'importance. C'est un pas supplémentaire vers plus de sécurité au niveau économique, financier et politique", a dit ce dernier.
Les Etats membres et le Parlement européen doivent encore se prononcer sur cette adhésion, la 19e au sein de la zone euro, après l'Estonie en 2011 et la Lettonie en début d'année. Le Conseil des ministres de l’UE prendra sa décision finale dans la deuxième quinzaine de juillet 2014, après que les chefs d’État ou de gouvernement de l’UE auront examiné la question lors du Conseil européen des 26 et 27 juin, et après que le Parlement européen aura donné son avis.
Les sept autres États membres, à savoir la Bulgarie, la République tchèque, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Suède ne remplissent pas la totalité des critères d'adoption de l’euro. Leur cas sera donc réexaminé dans deux ans. Pour pouvoir adopter l'euro, quatre critères économiques axés sur la stabilité doivent être respectés durablement, selon la Commission. Ces critères concernent la situation des finances publiques, la stabilité des prix, la stabilité du taux de change et la convergence des taux d’intérêt à long terme. De plus, la législation de l'État membre en matière monétaire doit être conforme aux dispositions du traité sur l'UE.
Tous les pays examinés, à l’exception de la Roumanie, ont respecté le critère de stabilité des prix : En Lituanie, le taux d'inflation moyen a été de 0,6 % au cours de la période examinée de douze mois (qui a pris fin en avril 2014), nettement inférieur à la valeur de référence.
La dette publique de la Lituanie a atteint 39,4 % du PIB à la fin de 2013, ce qui est nettement inférieur au critère de Maastricht (60 %). Son déficit public devrait se maintenir à 2,1 % en 2014, comme en 2013. Par contre, la Croatie et Pologne font l'objet d'une procédure de déficit excessif et ne remplissent donc pas ce critère tandis que la République tchèque est en passe de remplir ce critère – la Commission propose ainsi au Conseil de mettre fin à la procédure de déficit excessif engagée à son égard. La Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Suède n’ont pas de déficits excessifs.
Tous les pays examinés respectent le critère du taux d'intérêt moyen à long terme, qui s’établit à une valeur de référence de 6,2 %. En Lituanie, le taux s'est établi à 3,6 %. "Les différentiels de rendement par rapport aux obligations de référence à long terme de la zone euro se sont considérablement réduits depuis 2010 et atteignent des niveaux très bas, ce qui témoigne de la solide confiance des marchés à l'égard du pays, note la Commission.
La Commission a examiné d’autres facteurs, à savoir l'évolution de la balance des paiements et l'intégration des marchés de produits, du marché du travail et des marchés financiers. Elle souligne que l'économie de la Lituanie est bien intégrée dans celle de l'UE, grâce aux échanges commerciaux et aux échanges de main-d'œuvre, et qu’elle attire un niveau important d'investissements directs étrangers. De plus, le secteur financier lituanien est fortement intégré dans le système financier de la zone euro, en raison principalement du niveau élevé des capitaux étrangers dans le système bancaire, ajoute la Commission. D’ailleurs, la législation lituanienne dans le domaine monétaire est totalement compatible avec la législation de l'UE. La Commission félicite la Lituanie d’être parvenue à gérer un processus d’ajustement macroéconomique difficile et d’avoir a renoué avec la croissance économique après avoir connu une profonde récession en 2009.
Tous les États membres, à l'exception du Royaume-Uni et du Danemark, sont engagés par le traité à adopter l'euro dès qu'ils remplissent les conditions nécessaires. Dix-huit États membres partagent déjà la monnaie unique. Il en reste donc huit en dehors de la zone euro (les «États membres bénéficiant d'une dérogation").
La Banque centrale européenne a également publié le 4 juin 2014 son rapport de convergence 2014.