Le 4 juin 2014, lors d’une conférence de presse, l’ADR a tiré le bilan de sa participation aux élections européennes du 25 mai 2014, par la voix de sa candidate et secrétaire générale, Liliana Miranda. Avec 7,53 % des voix, il est arrivé en cinquième position derrière le CSV (37,65 %) et les trois partis au pouvoir au Luxembourg, à savoir les Verts (15,01 %), le DP (14,77 %) et le LSAP (11,75 %).
Ce score est en légère hausse de 0,1 point par rapport au scrutin de 2009 mais est resté insuffisant pour obtenir un siège au Parlement européen.
L’ADR est satisfait d’avoir amélioré son résultat et ainsi "stoppé la tendance", qui voulait qu’élection après élection, il voie son pourcentage de voix baisser. C’est une "petite victoire importante", a jugé Liliana Miranda, ajoutant qu’elle était d’autant plus méritoire qu’elle intervient un an et demi après une crise interne au parti. Cette "crise d’image" fut déclenchée par la défection de deux des quatre députés, dont Jean Colombera, qui a quelque temps après avoir quitté l’ADR. Il a entretremps fondé son propre parti, le PID, en lice lui aussi aux élections européennes, et qui, en réalisant un score de 1,82 %, a pu d’ailleurs capter une partie des voix de l’ADR.
Alors qu’il y avait un nombre record de neuf partis en lice, l’ADR est aussi satisfait que, pour la première fois, il ait obtenu un meilleur résultat aux élections européennes qu’aux élections législatives, jadis organisées la même journée. La séparation des scrutins national et européen lui aurait permis de démontrer qu’il a "de toutes autres positions sur l’Europe" que les autres partis.
Par contre, le décalage entre scrutin législatif et européen n’aurait pas été favorable aux trois partis au pouvoir, DP, Déi Gréng et LSAP qui ont perdu des voix. "La coalition a été sanctionnée", aussi bien pour ses choix économiques comme la hausse de la TVA que pour les réformes sociétales qu’elle ambitionne de faire voter, pense Liliana Miranda. Et des trois, c’est le Parti socialiste qui est le plus grand perdant.
L’ADR se garde toutefois d’exagérer la dimension nationale de ce vote, ce qu’il reproche au parti chrétien-social CSV, qu’elle reconnaît comme le grand vainqueur des élections, mais auquel il reproche d’avoir une « réaction arrogante » en exigeant la démission de la coalition à l’issue du vote.
Liliana Miranda a souligné que, par le mode actuel de calcul des suffrages et la répartition des sièges, "les petits partis sont désavantagés par rapport aux grands" en s’appuyant sur une récente analyse du sociologue de l’Université du Luxembourg, Fernand Fehlen, pour dire que l’ADR aurait, en prenant en compte le système Sainte-Laguë, obtenu un siège au détriment du CSV, qui a réussi à capter la moitié des sièges bien qu’il n’ait réuni qu’un peu plus d’un tiers de voix. La secrétaire générale fait aussi remarquer que l’ADR figure, dans un tiers des communes, devant le LSAP qui a su conserver son siège.
L’ADR n’a toutefois pas pu apporter de siège à l’Alliance européenne des conservateurs et réformateurs dont il est membre depuis 2010, et auquel les tories britanniques de David Cameron fournissent le plus gros contingent. L’ADR a l’espoir que l’ECR réunisse bien plus de 40 eurodéputés, alors que des tractations sont toujours en cours en ce sens avec différentes organisations politiques.
Concernant sur les débats sur la désignation du président de la Commission européenne. Son groupe, l’ADR fait remarquer que l’ECR a été pénalisé par son choix de ne pas présenter de candidat de tête de liste. En ayant décidé ainsi parce qu’il considérait qu’il n’existait pas de base légale ou constitutionnelle à cette procédure, l’ECR s’est vu privé d’envoyer un représentant au débat qui a rassemblé cinq candidats têtes de liste le 15 mai 2014.
L’ADR est d’avis qu’il existe de nombreuses autres possibilités pour prendre en compte les résultats des élections au Parlement européen, comme le traité de Lisbonne demande au Conseil européen de le faire, que celle d’accorder la présidence de la Commission européenne au vainqueur des élections pour le Parlement européen. L’ADR fait remarquer que s’il est toujours en tête, le PPE a perdu de nombreux sièges et qu’il n’a obtenu aucun siège au Royaume-Uni.
Liliana Miranda renvoie d’ailleurs à la récente expérience luxembourgeoise des élections législatives, à l’issue de laquelle le propre parti de l’actuel candidat à la présidence de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait été écarté du gouvernement, bien qu’il soit arrivé largement en tête. De même, l’automatisme de la désignation du candidat tête de liste à la présidence de la Commission européenne ne serait pas le bienvenu si un jour un parti extrémiste, de gauche ou de droite, venait à progresser de telle sorte qu’il arriverait en tête des élections, fait remarquer Liliana Miranda.
L’ADR se fait aussi le relais du message développé par l’ECR le 3 juin 2014, selon lequel la procédure manque non seulement de légitimité constitutionnelle mais aussi populaire. L’ECR a en effet souligné le déficit de soutien populaire du candidat Jean-Claude Juncker, en révélant les résultats d’un sondage qu’il a commandés, selon lequel 8,2 % des 12 132 adultes interrogés dans 15 Etats membres connaissaient le nom du candidat tête de liste du PPE. "Les candidats têtes de listes sont totalement inconnus dans les autres pays que le leur", a ainsi renchéri Liliana Miranda.
Liliana Miranda fait d’ailleurs remarquer que cette procédure n’a pas "enthousiasmé" les citoyens, puisque le taux de participation, en chute constante jusque là, a tout juste été stabilisé. "C’est par une discussion portant sur le contenu plutôt que sur les noms", que l’UE pourra éviter une montée des extrêmes et motiver les électeurs à se rendre aux urnes, a déclaré la secrétaire générale.