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Éducation, formation et jeunesse - Emploi et politique sociale
La Garantie pour la jeunesse est officiellement lancée au Luxembourg
26-06-2014


garantie-jeunesse-schmit"Prends ton avenir en main, nous sommes à tes côtés !". C’est sous ce slogan que la Garantie pour la Jeunesse, la recommandation européenne qui vise à ce que les jeunes âgés de moins de 25 ans ne restent pas plus de quatre mois sans avoir accès à une offre d’emploi "de qualité", à un complément de formation, un apprentissage ou un stage, a été officiellement lancée au Luxembourg, le 26 juin 2014.

Le nouveau dispositif, en vigueur depuis le 1er juin, a été présenté de concert par le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, Nicolas Schmit, et le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, dont les ministères ont "collaboré étroitement" pour le mettre en place.

Le contexte

Pour mémoire, depuis que la crise économique a débuté en septembre 2008, les jeunes ont constitué la classe d’âge la plus touchée par la récession. Entre février 2008 et avril 2013, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est passé de 15 % à 23,5 %, enregistrant une hausse de plus de 50 %. Ainsi près de six millions de jeunes Européens de moins de 25 ans sont au chômage dans l’Union européenne en 2014, avec des pics à près de 55 % de jeunes chômeurs dans des Etats membres comme la Grèce ou l’Espagne.

Face à ce phénomène, le Parlement européen avait demandé dès juillet 2010 une réponse sous la forme d’une "garantie pour la jeunesse", une revendication qui s’inspirait des expériences menées par plusieurs Etats membres, notamment la Suède et l’Autriche. Mais il avait ensuite fallu attendre 2012 pour qu’elle revienne sur le devant de la scène politique et le 28 février 2013 pour qu’elle soit  effectivement adoptée par le conseil EPSCO.

Au Luxembourg, l’introduction de la Garantie pour la jeunesse avait été discutée au sein du Comité permanent du travail et de l’emploi dès le mois de mars 2012. Un an plus tard, le ministre du Travail, Nicolas Schmit, faisait savoir qu’il souhaitait sa mise en place avant la fin du mois de juin 2014.

Une "offre de qualité" pour chaque jeune

Comme l’a rappelé Nicolas Schmit, en mai 2014, le Luxembourg comptait 2 026 jeunes de moins de 25 ans inscrits à l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM), soit une légère diminution en comparaison mensuelle mais une hausse d’une centaine de personnes en un an. L’ADEM enregistre ainsi en moyenne quelque 400 à 450 nouvelles inscriptions mensuelles. Plus préoccupant encore selon le ministre du Travail, un peu moins de 60 % des jeunes seraient très peu qualifiés ou pas du tout.

Concrètement, le système de Garantie pour la Jeunesse, qui s’adresse aux jeunes entre 16 et 24 ans résidant au Luxembourg, proposera donc un accompagnement individuel à chaque jeune tout au long de son parcours vers la vie active, en tenant dûment compte du profil et de la situation personnelle du jeune concerné.

Le déploiement du nouveau dispositif reposera sur quatre phases, qui correspondent aux différentes étapes du processus qu’un jeune va parcourir "afin de lui offrir une nouvelle perspective dans sa vie", comme le précise le plan national de mise en œuvre de la garantie au Luxembourg. 

Information et prise de contact

La première phase d’information et de prise de contact a pour objectif de diffuser à grande échelle les informations sur les diverses possibilités qui s’offrent aux jeunes qui ont besoin d’aide. Dans le cadre de cette phase, les ministères misent notamment sur une stratégie de prise de contact systématique de chaque jeune décrocheur scolaire et sur une visibilité accrue envers les populations cibles des jeunes inactifs (qui ne sont ni dans un parcours professionnel, ni scolaire, ni de formation). Le taux de ces derniers qui ont complètement décroché serait "très bas" au Luxembourg selon Nicolas Schmit, mais il est tout de même préoccupant, notamment parce que ces jeunes, s’ils ne se manifestent pas, sont difficilement identifiables.

De nombreux partenaires seront impliqués dans cette première phase (portail Internet "ANELO", partenaires de la Maison de l’Orientation, ADEM, organisations des jeunes, maisons de jeunes, etc.) et de multiples moyens de communication seront utilisés (brochures, documentation, portail Internet, médias sociaux). Un site Internet (www.jugendgarantie.lu) spécifiquement consacré à la Garantie pour la Jeunesse a par ailleurs été mis en place et fournira un accès électronique à toutes les informations mises à la disposition des jeunes dans ce cadre.

Orientation

Dans une deuxième phase, l’objectif sera de s’assurer que les jeunes sont orientés/dirigés vers le bon acteur, en fonction de leurs intentions quant à leur l’avenir. Cette orientation peut se faire directement auprès d’un des acteurs de la première phase ou par l’intermédiaire de la Maison de l’Orientation. Trois intentions principales des jeunes ont été identifiées et structurent le plan de mise en œuvre de la Garantie pour la Jeunesse. En conséquence, trois trajectoires différentes pourront être proposées, en fonction du profil du jeune et de ses intentions.

Certains jeunes ont l’intention de travailler. Leur premier point de contact sera donc l’ADEM. Le plan précise que l’ADEM dressera le profil du jeune, afin d'identifier ses besoins. Si le jeune est prêt pour le marché du travail, l’ADEM poursuivra son travail avec lui vers la trajectoire axée sur l’emploi. Il s’agira alors de "définir et de réaliser, ensemble avec le jeune, les étapes et les aides/formations qui permettent d’amener le jeune vers un emploi stable". Si le jeune n’est pas prêt à faire son entrée sur le marché du travail, l’ADEM l’aidera à résoudre ses problèmes essentiels ou à définir son projet en l’accompagnant tout au long du processus qui le conduira vers sa carrière professionnelle.

Certains jeunes ont l’intention de reprendre leurs études suite à un décrochage scolaire. Ils trouveront de l’aide au Service de la Formation Professionnelle (SFP) et à l’Action locale pour jeunes (ALJ). Ici aussi, l’ALJ dressera un profil du jeune, afin de clarifier ses intentions et de s’assurer que son projet est réaliste. Si c’est le cas, l’ALJ continuera à travailler avec cette personne vers la trajectoire axée sur l’école. Il s’agira d’organiser leur retour à l’école ou leur intégration dans un apprentissage, en collaboration avec l’ADEM.

Certains jeunes ont besoin de définir leur projet personnel/professionnel. Ils ne savant pas s’ils veulent travailler, quand ils souhaitent commencer et envisagent même de peut-être retourner à l’école. Ils ont besoin de conseils sur leurs perspectives d’avenir. Ils seront orientés vers le Service National de la Jeunesse (SNJ). Comme pour les trajectoires précédentes, le SNJ dressera un profil du jeune, également afin de clarifier ses intentions et de s’assurer que son projet est réaliste. Le cas échéant, le travail se poursuivra vers la trajectoire axée sur l’activation.

garantie-jeunesse-meischLe SNJ propose en effet des mesures destinées à activer le jeune, notamment son programme de "service volontaire", précise Claude Meisch. Dans ce cadre, le jeune peut acquérir une expérience pratique et certaines compétences essentielles dans le cadre de projets à caractère social et bénéficie d’un accompagnement/d’une orientation qui l’aident à mettre en place son projet de vie, à l’issue du service volontaire.

A noter que lorsque le profilage que réalise l’une des trois administrations sur le jeune concerné révèle des faiblesses par rapport aux intentions du jeune ou au caractère réaliste de son projet, l’administration en charge organisera une réunion avec l’un des autres acteurs de la Garantie pour la Jeunesse, afin de trouver les meilleures alternatives qui s’offrent à cette personne, au vu de son profil.

Ouverture du dossier et "implémentation"

A l’issue de la phase 2, le jeune sera orienté vers le bon acteur, qui sera ensuite chargé de mettre en œuvre la Garantie pour la Jeunesse propre au jeune en question.

A ce stade, la phase 3, le jeune devra signer un engagement – une convention de collaboration formelle avec l’administration identifiée comme étant la plus à même de lui offrir une aide précieuse pour mener à bien ses intentions jugées réalistes. Le contrat constitue une composante essentielle du processus de la Garantie pour la Jeunesse, dans le sens où il formalise la stratégie que suivra le jeune, avec l’aide de l’administration, au cours des mois suivants, souligne le plan national. Il précise ainsi clairement l’offre que le jeune se verra proposer et il décrit aussi en détail l’engagement que prend le jeune. "En effet, le jeune doit également assumer certaines obligations, consistant principalement à respecter le contrat qu’il a signé", a expliqué Nicolas Schmit, qui rappelle qu’il doit s’agir d’un "travail commun".

A compter de la signature de ce contrat convenu bilatéralement commence la phase 4. L’administration en charge de la trajectoire choisie par le jeune doit commencer à mettre en œuvre certains éléments du contrat, dans les quatre mois qui suivent la signature dudit contrat. Un emploi, divers instruments de la politique active du marché du travail, des propositions de formation, un stage, un enseignement, un apprentissage et des instruments d’activation composent les principales activités d’intervention afférentes à une offre proposée au jeune, dans le cadre de la Garantie pour la Jeunesse.

Selon le ministre Nicolas Schmit, il est important de souligner que cette offre soit de bonne qualité. Une proposition à court terme "n’est en aucun cas acceptable", a-t-il dit, car si une telle approche enlève le jeune des statistiques officiels du chômage, "elle est vouée à l’échec, parce qu’au final, le jeune retrouverait très rapidement une situation précaire". Une intervention à court terme de ce genre ne serait ainsi jugée acceptable que si elle constitue "un tremplin vers un emploi".

La Garantie pour la jeunesse n’est pas une garantie d’emploi

La Garantie pour la Jeunesse sera progressivement mise en place pour qu’à moyen terme, tout jeune entre 16 et 24 ans résidant au Luxembourg puisse bénéficier de cette initiative. A court terme, il est cependant "plus réaliste de croire que dans les premiers mois qui suivront la mise en œuvre, les besoins d’environ 75 % de la population cible auront été satisfaits", précise le plan luxembourgeois.

Claude Meisch et Nicolas Schmit ont néanmoins tenu à insister sur le fait que la Garantie pour la jeunesse "n’est pas une garantie d’emploi". "Pour cela, il faudrait à la fois plus d’emplois disponibles et de meilleures qualifications des demandeurs", a relevé Nicolas Schmit. Il s’agira néanmoins de proposer "une offre de qualité", cela "en mettant l’accent sur le parcours individuel pour se qualifier, se requalifier, se former ou trouver un emploi".

Par ailleurs, les jeunes de 25 à 30 ans, qui ne sont pas concernés par le nouveau dispositif, ne sont pas laissés sur la touche soulignent les ministres qui ont rappelé que les mesures "classiques" à destinations de l’emploi des jeunes au Luxembourg s’adressent aux jeunes jusqu’à 30 ans.

Un concept évolutif

Enfin, comme l’a souligné le ministre de l’Education nationale, Claude Meisch, le concept de la Garantie pour la Jeunesse n’est pas rigide, au contraire : il pourra évoluer suite aux expériences faites avec les jeunes. "La mise en œuvre de cette initiative sera évaluée et le dispositif sera adapté en fonction", a-t-il dit, soulignant être "au point de départ" d’un processus lors duquel de nouveaux besoins risquent d’émerger. Une série d’études, notamment sur les jeunes inactifs, sur le décrochage scolaire, ou encore sur le passage entre les études et le monde professionnel  sont également annoncées.

"Il s’agit d’un engagement clair à prendre nos responsabilités en la matière, mais les jeunes aussi devront prendre les leurs", a-t-il encore insisté, de même que Nicolas Schmit, qui a conclu en lançant un appel aux employeurs "qui doivent donner leur chance aux jeunes pour des emplois, des apprentissages, des stages" et de rappeler les "mesures généreuses" du gouvernement en matière d’aide à l’emploi pour les employeurs.