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Emploi et politique sociale
Garantie pour la jeunesse – Un instrument européen pour lutter contre la hausse du chômage des jeunes depuis l’éclatement de la crise économique


garantie-jeunesseDepuis que la crise économique a débuté en septembre 2008, les jeunes ont constitué la classe d’âge la plus touchée par la récession. Entre février 2008 et avril 2013, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est passé de 15 % à 23,5 %, enregistrant une hausse de plus de 50 %.

Face à ce phénomène, le Parlement européen avait demandé dès juillet 2010 une réponse sur mesure, sous la forme d’une "garantie pour la jeunesse". Cette revendication s’inspirait des expériences menées par plusieurs Etats membres sur leur territoire : la Suède dès les années 80, puis le Danemark et la Finlande en 1996, et l’Autriche à partir de 2008. L’idée est de garantir à chaque jeune de moins de 25 ans un emploi de bonne qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois qui suivent sa sortie de l'école ou son inscription au chômage. Le 15 septembre 2010, la Commission européenne reprenait l’idée dans sa proposition de recommandation "Jeunesse en mouvement".

Mais ce n’est qu’au début de l’année 2012 que la Garantie pour la jeunesse allait revenir sur le devant de la scène. En décembre 2011, le taux de chômage des jeunes s'élevait à 22,1 % dans l’UE. Les taux les plus bas étaient observés en Allemagne (7,8 %), en Autriche (8,2 %) et aux Pays-Bas (8,6 %). Le Luxembourg se situait en-dessous de la moyenne européenne, avec 15,2 %. Les taux les plus élevés étaient observés dans des pays particulièrement touchés par la crise, à savoir en Espagne (48,7 %), en Grèce (47,2 %), en Italie (31 %), au Portugal (30,8 %), en Irlande (29 % en Irlande) mais aussi en Lettonie (30 %) et Lituanie (31 %).  

Face à cette hausse continue du chômage, en janvier 2012, le Conseil européen informel, dans ses conclusions, faisait de la création d’emploi pour les jeunes, une de ses trois priorités. Au Parlement européen, les Verts furent les fers de lance de la revendication en faveur d’une garantie pour la jeunesse. Le Parti socialiste européen (PSE), et notamment le ministre luxembourgeois du Travail, Nicolas Schmit, se sont également faits les porte-paroles de cette idée durant l’année 2012. Le 1er mars 2012, par une lettre ouverte, le PSE appelait le Conseil européen à l’instaurer avant la fin de l’année 2013. Nicolas Schmit a pour sa part coordonné puis  présenté le 15 mars 2012 un rapport du PSE, qui comptait la garantie pour la jeunesse, parmi vingt mesures visant à lutter contre le chômage des jeunes dans l’UE.

En avril 2012, dans son Paquet emploi, la Commission européenne mentionnait la Garantie pour la jeunesse et annonçait son intention de déposer une proposition de recommandation du Conseil à ce sujet avant la fin de 2012.

Le 24 mai 2012, le Parlement européen reprenait le relais et votait à main levée une résolution sur la lutte contre le chômage des jeunes, incluant l’introduction du concept de "garantie pour les jeunes".

Ensuite, en octobre 2012, le conseil EPSCO, en même temps qu’il revendiquait une gouvernance non seulement économique mais aussi sociale de l’Europe, demandait une coordination contre le chômage des jeunes et mentionnait la nécessité d’introduire une Garantie pour la jeunesse.

Finalement, la Commission européenne intégrait l’idée dans son paquet sur l'emploi des jeunes qu’elle présenta le 5 décembre 2012. Dans sa recommandation, elle appelait les États membres "à établir des partenariats solides avec des parties prenantes, à assurer l’intervention à un stade précoce des services de l’emploi et d’autres partenaires qui soutiennent les jeunes, à prendre des mesures d’aide à l’insertion professionnelle, à tirer pleinement parti du Fonds social européen et des autres fonds structurels à cette fin, à évaluer et à améliorer constamment les dispositifs de Garantie pour la jeunesse et à les mettre en œuvre dans les meilleurs délais".

A la fin de l’année 2012, le taux de chômage des jeunes avait désormais franchi la barre des 25 % dans 13 États membres, dépassait les 55 % en Grèce et en Espagne et s’établissait à 30 % ou plus en Italie, en Irlande, en Bulgarie, à Chypre, en Lettonie, en Hongrie et en Slovaquie. Il s’élevait désormais à 18,6 % au Grand-Duché. Le taux d’emploi global des jeunes avait alors chuté de près de cinq points de pourcentage au cours des quatre dernières années, soit trois fois plus que celui des adultes, avec seulement une chance sur trois de trouver un emploi.  

Le 16 janvier 2013, le Parlement européen invitait à son tour les ministres de l'Emploi à adopter la recommandation de la Commission européenne en février 2013 pour une mise en œuvre rapide de la Garantie pour la jeunesse. Elle fut effectivement adoptée par le conseil EPSCO le 28 février 2013. Lors du Conseil européen des 7 et 8 février 2013, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, avait proposé de financer cette Garantie pour la Jeunesse par l’injection de 6 milliards d’euros dans un fonds communautaire baptisé Initiative pour l’emploi des jeunes pour la période 2014-2020. La moitié de cette somme serait issue de fonds inusités du Fonds social européen.

Lors du Conseil européen du 27 et 28 juin 2013, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se sont pour leur part mis d’accord pour mobiliser huit milliards d'euros en faveur de l’"Initiative pour l’emploi des jeunes" qui doit être pleinement opérationnelle d'ici janvier 2014. Au début de l’été 2013, il y avait 5,6 millions de jeunes chômeurs dans l’UE.

Au Luxembourg, l’introduction de la garantie pour la jeunesse a été discutée au sein du Comité permanent du travail et de l’emploi dès le mois de mars 2012. Un an plus tard, le ministre du Travail, Nicolas Schmit, faisait savoir qu’il souhaitait sa mise en place avant la fin du mois de juin 2014. L’idée fait néanmoins débat au Luxembourg, sur le fond et sur la forme.