Le 17 juillet 2014, la présidence italienne du Conseil de l’UE organisait à Milan une réunion informelle conjointe des ministres en charge de l’Environnement et de l’Emploi. Une première à laquelle ont participé, côté luxembourgeois, les ministres Carole Dieschbourg et Nicolas Schmit. Au programme de cette réunion, la croissance verte et l’emploi qu’elle pourrait générer dans les années à venir.
Les ministres sont notamment partis du constat de la Commission européenne selon laquelle, entre 2007 et 2011, un million d’emplois auraient été créés en pleine période de crise dans les secteurs de la production d’énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, de la réduction des gaspillages et du développement d’infrastructures vertes.
Les ministres Giuliano Poletti et Gian Luca Galletti, qui présidaient cette réunion conjointe, entendent approfondir la question de la croissance verte et du développement d’un marché du travail vert au cours de la présidence italienne en vue de la création d’emplois de qualité dans les secteurs "verts". Leur objectif : une transition concrète vers une économie verte européenne, et ce notamment grâce à des modifications des régimes fiscaux et une réorientation du financement européen.
Un des enjeux des discussions est un transfert de la charge fiscale pesant sur le travail vers le volet énergétique, ainsi que l’a confié le ministre italien du Travail, Giualino Poletti. Son collègue en charge de l’Environnement au sein du gouvernement italien, Gian Luca Galletti, a précisé que cette question était aussi la plus délicate. Réduire la taxation du travail au profit d'une taxation de l'utilisation inefficace des ressources et de la pollution fait partie des mesures propositions mises en avant par l’Agence européenne de l’Environnement dans un rapport publié la veille et qui plaide en faveur d’une réorientation en profondeur l’économie européenne. L’AEE met en exergue le fait que les pays qui ont les taxes environnementales les plus élevées sont aussi ceux qui sont les mieux classés pour ce qui concerne l'éco-innovation et la compétitivité. Or, dans l’UE, les taxes environnementales ne représentaient que 2,4 % du RNB en 2012. Mais l’AEE préconise aussi d’autres politiques et instruments, comme le soutien de l’innovation environnementale, une réglementation environnemental forte, la diffusion des nouvelles technologies vertes ou l’allégement de la taxation du travail.
Au cours des discussions, les ministres luxembourgeois Nicolas Schmit et Carole Dieschbourg ont communiqué sur les éléments de la stratégie luxembourgeoise sur les emplois verts qu’ils sont actuellement en train de concrétiser dans les secteurs de l’efficience énergétique, de la filière bois et des infrastructures vertes. Cette stratégie est un élément clef du programme "green jobs" tel que prévu par le programme gouvernemental, ainsi que le souligne le communiqué de presse diffusé par le gouvernement luxembourgeois.
Plus largement, la présidence italienne a mis l’accent sur l’intégration d’éléments de politique environnementale dans la stratégie Europe 2020, ce qui constitue une des priorités du trio de présidences Italie-Lettonie-Luxembourg. Il s’agit de notamment de miser sur l’économie circulaire, l’efficience énergétique, les écotechnologies et les services éco-systémiques de façon à opérer un découplage entre croissance économique, utilisation des ressources et impacts environnementaux négatifs. De ce point de vue, les ministres ont convenu que le réexamen à mi-parcours de cette stratégie, qui est prévu en mars 2015, va offrir une opportunité unique d'intégrer davantage et de manière plus cohérente les objectifs environnementaux et économiques.
"La politique de l'environnement veut faire partie intégrante des politiques du travail au niveau européen", a déclaré à la presse Gian Luca Galletti, ministre de l’Environnement italien. "Nous demanderons aux chefs d'État de placer l'environnement parmi les grandes priorités, sur le même pied que l'économie et l'emploi. C'est un changement de paradigme, de modèle. La politique de l'environnement n'avait jamais été vue comme un moteur de croissance", a-t-il ajouté.
Les propositions toutes récentes de la Commission visant à promouvoir l’économie circulaire ont ainsi eu une place de choix dans les discussions. Janez Potocnik, commissaire à l'Environnement, a d’ailleurs fait état d'un soutien majoritaire des États membres à un objectif politique d'efficacité des ressources assorti d'un indicateur "non contraignant, non sectoriel" basé sur la consommation de matières premières par rapport au PIB.
La veille, les ministres de l’Environnement s’étaient réunis pour préparer la position commune que l’UE défendra lors du Sommet Climat qui se tiendra à New York le 23 septembre 2014 à l’initiative du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon. Les ministres de l’Environnement, désireux de voir l’UE parler d’une seule voix sur la scène internationale en matière de lutte contre le changement climatique, espèrent qu’un accord pourra être trouvé avant le mois d’octobre sur le cadre donné aux politiques en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030. "Nous avons préparé la participation de l'UE aux prochains rendez-vous internationaux, dont le premier - le sommet convié par Ban Ki-moon le 23 septembre -, pour avoir une position commune et parler d'une seule voix. Nous avons ressenti la volonté commune d'obtenir des résultats concrets après Lima - la dernière conférence avant la conférence de Paris. De nombreux États membres ont souligné l'importance d'aborder Paris avec un accord avant octobre, un accord ambitieux. C'est l'objectif de la présidence italienne", a assuré Gian Luca Galletti, qui présidait cette réunion informelle du Conseil Environnement.
Quant aux ministres de l’Emploi et des Affaires sociales, ils devaient poursuivre leurs échanges le 18 juillet 2014 sur la mobilité de la main d’œuvre et sur le développement des stabilisateurs automatiques au sein de l’Union économique et monétaire (UEM) en lien avec le renforcement de la dimension sociale de l’UEM.