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Justice, liberté, sécurité et immigration
Les ministres de l’Intérieur ont débattu sur la politique d’immigration lors d’un Conseil JAI informel qui s’est tenu à Milan
08-07-2014


conseil-jai-informel-maiziere-schneider-Kersch-140708Le 8 juillet 2014, les ministres de l’Intérieur de l’UE se sont rencontrés à Milan pour une réunion informelle organisée par la présidence italienne du Conseil de l'UE, consacrée à l’immigration, la menace djihadiste et la protection des données.

L’Italie, qui subit comme d’autres pays méditerranéens un flux accru d’immigrés, a appelé à la solidarité des autres pays membres. "On ne peut pas régler tout seul ce problème", a dit le ministre italien Angelino Alfano. Mais l’Allemagne et la Suède, les deux pays qui accueillent le plus de demandeurs d’asile, se sont montrés réticents. Le ministre allemand a critiqué le fait que beaucoup de migrants transitent vers l’Italie pour faire une demande dans d’autres pays, contrairement au règlement de Dublin, selon lequel c’est l’Etat membre dont le demandeur a franchi irrégulièrement les frontières qui est responsable de la demande d’asile.

"Quand on regarde les chiffres des arrivants en Italie et de ceux qui restent, on constate une grosse différence. Nous devons discuter de cela", a lancé le ministre allemand Thomas de Maizière. "Beaucoup de ceux qui arrivent en Italie vont ensuite en Suède et en Allemagne, ce qui nous pose un gros problème", a renchéri son homologue suédois, Tobias Billström. La Suède a accusé les autorités italiennes d'omettre d'enregistrer certains réfugiés dans l'espoir qu'ils aillent demander l'asile dans un autre pays.

Etienne Schneider veut "dédiaboliser" l’immigration

Etienne Schneider, le ministre luxembourgeois de la Sécurité intérieure, a insisté sur la nécessité de trouver un juste équilibre entre le besoin de sécurité et le respect des droits fondamentaux en concluant que "la sécurité oui, mais pas à n'importe quel prix". Il a souligné que l'immigration est importante pour favoriser la relance, en appelant à "dédiaboliser l'immigration, souvent mal perçue par les citoyens européens", ainsi que le rapporte le Quotidien. "La population européenne est vieillissante, l'Europe a besoin de l'immigration. Il s'agit de trouver une solution moins restrictive pour permettre une immigration plus ouverte en Europe", a ajouté le ministre.

Dans cette opinion, Etienne Schneider a le soutien de Cecilia Malmström, la commissaire aux Affaires Intérieures. "Il faut ouvrir des voies légales pour permettre aux réfugiés de venir dans l'UE, sinon, ils se tournent vers les filières d'immigration clandestine", a-t-elle averti. "Pour le moment, les réfugiés ont une toute petite voie d'accès à l'Union européenne, c'est la réinstallation. Il n'y a rien d'autre", a-t-elle souligné.

La commissaire a proposé de créer des visas humanitaires ou de faire traiter les demandes d'asile par les consulats des Etats membres dans les zones d'accueil des réfugiés, par exemple au Liban ou en Turquie. "Mais ces propositions n'ont pas été très bien accueillies", a-t-elle déploré.

La Suède appelle à l’extension des programmes de réinstallation

Le ministre suédois Tobias Billström a pour sa part exigé l’extension des programmes de réinstallation. "Il faudrait que tous les Etats membres participent, comme le font la Suède et l'Allemagne. Or treize Etats membres seulement ont ce type de programmes. Quinze n'ont rien", a-t-il accusé. Les programmes de réinstallations sont mis en œuvre avec le HCR. Les Etats membres, sur une base volontaire, acceptent de prendre en charge sur leur territoire un certain nombre de réfugiés dont le HCR considère qu'ils ne peuvent continuer à vivre dans les camps.

L’Italie a également demandé que Frontex, l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures, remplace l’opération Mare Nostrum, lancée en octobre 2013 après le naufrage de Lampedusa par les autorités italiennes pour éviter d’autres drames d’immigration. "Mare Nostrum est une opération exceptionnelle, qui doit prendre fin. Nous demandons qu'une opération européenne avec Frontex la remplace et cela le plus vite possible", a annoncé Angelino Alfano. "Je ne peux pas dire quand cela sera possible", a répondu Cecilia Malmstrom. "Frontex est une petite agence. Elle ne pourra pas prendre le relais demain et se substituer totalement à Mare Nostrum. Il faut étudier les besoins et voir les capacités que les Etats européens pourront mettre à disposition", a-t-elle souligné.

Mare Nostrum coûte jusqu’à 10 millions d’euros par mois, selon les autorités italiennes, En un peu plus de huit mois, 73 686 personnes ont été sauvées, soit une moyenne de 270 par jour. Mais l'opération est également critiquée pour "son effet incitatif". "Les passeurs savent que les embarcations seront récupérées et on est en train de faire leur fortune", selon un responsable européen.

Un plan d'action pour identifier les jeunes Européens partis combattre en Syrie

Le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, a annoncé l'adoption par les ministres de l'Intérieur de neuf pays - Belgique, France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Danemark, Suède et Pays-Bas - d'un plan d'action pour identifier les jeunes Européens partis combattre en Syrie et les empêcher de basculer dans le terrorisme à leur retour.