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Traités et Affaires institutionnelles
Election de Jean-Claude Juncker comme président de la Commission européenne – Les réactions au Luxembourg
15-07-2014


Drapeaux luxembourgeois et européen (c) SIP / Christof WeberL'élection de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne a suscité, dès le 15 juillet 2014, de nombreuses réactions au Luxembourg.

Dans un message adressé à Jean-Claude Juncker, le Grand-Duc Henri lui fait savoir que sa "profonde satisfaction personnelle" est "partagée par les Luxembourgeois qui mesurent la portée de l'engagement européen pour notre pays". Adressant avec la Grande-Duchesse ses "vœux de réussite dans l'accomplissement de [sa]haute mission", le Grand-Duc émet le vœu que Jean-Claude Juncker et son collège de commissaires puissent "rapprocher l'Union européenne de ses citoyens par des projets concrets et ambitieux et contribuer ainsi à faire aimer l'Europe".

Le Premier ministre, Xavier Bettel, l’a félicité d'abord par Twitter pour "le résultat clair du vote au Parlement européen" et lui souhaite "beaucoup de courage" dans une "UE qui a besoin d’Européens convaincus". Dans le Tageblatt du 16 juillet 2014, il juge que Jean-Claude Juncker a obtenu un "bon résultat" qui "le renforce dans sa position, même si les attentes vont en être plus grandes". Il se félicite également que "ce sont les forces pro-européennes et non les euro-sceptiques qui l’ont emporté" et pense que la prochaine tâche, à savoir composer la prochaine Commission européenne, "ne sera pas une tâche simple au vu des divergences de vues sur sa composition et sa pondération". 

Dans le Tageblatt également, le vice-premier ministre luxembourgeois et ministre des Affaires étrangères, Jean-Asselborn, souhaite "beaucoup de change, de courage et d’énergie" au nouveau président de la Commission européenne. "Tout ce qu’il fera dans l’intérêt de l’UE peut mettre le Luxembourg sous une lumière positive. Ce ne sera pas facile mais avec son expérience et sa compétence, il peut parvenir à ce que l’Europe en crise depuis 2008/2009 devienne, d’un projet de paix à l’origine, un projet de paix sociale."

"Les attentes sont grandes dans toute l’UE, et pas seulement de pays frappés par la crise financière", estime remarquer Jean Asselborn. "Les gens veulent que l’UE se retrouve sur un terrain plus stable et que soit reconstruit cet important pilier pour la démocratie, qu'est de donner du travail à tous, pour que chacun puisse façonner sa vie."

Jean Asselborn trace la marche à suivre, inspirée de l'expérience luxembourgeoise : "Une condition préalable pour atteindre ce but, et nous le savons très bien en tant que petit pays, est le fonctionnement des règles de base qui font l’essence de l’UE. Les institutions doivent être respectées, la solidarité et les droits égaux pour tous doivent être garantis. Cela vaut aussi pour les rapports de force dans l’UE. Dans le domaine de la collaboration européenne des gouvernements, les grands pays ne peuvent pas seuls dominer. Les petits et moyens pays doivent être impliqués, si on veut atteindre plus d’intégration", dit-il.

Toutefois, le nouveau Parlement européen, dans lequel, selon Jean Asselborn, "plus de 200 eurodéputés refusent les pensées fondatrices de l’UE et veulent un retour aux États-nations qui signifierait la fin de l’UE", pourrait rendre la mission difficile. "Il faut prouver que la démocratie, la paix, les questions climatiques ou la lutte contre la criminalité par exemple fonctionnent mieux dans le cadre de l’UE que sur la scène nationale."

Le parti de Jean-Claude Juncker, le CSV, parle d’un "moment important pour l’UE" parce que c’est "la première fois qu’un président de la Commission est élu sur base du traité de Lisbonne" et que son élection "reflète le mandat des citoyens européens issu du scrutin du 25 mai 2014.". Le CSV met en avant le fait que Jean-Claude Juncker est à la fois un partisan de l’Europe, un homme d’Etat luxembourgeois et "convaincu que les Etats-nation existeront aussi dans le futur".

L'eurodéputée CSV, Viviane Reding, confie dans les colonnes du Quotidien et du Luxemburger Wort qu'elle a "admiré" le discours de Jean-Claude Juncker parce qu'il "a réussi, sans se renier, un grand écart entre les différentes orientations politiques". L'élection du président de la Commission européenne était "un moment important, car ceci est un premier pas vers une nouvelle démocratie. Le peuple a choisi et cela marque la fin des conciliabules", a-t-elle également dit. "Une nouvelle ère commence" pense l'ancienne commissaire européenne, qui imagine que d’ici cinq à dix ans, le président de la Commission européenne sera élu directement par les citoyens. Désormais, elle attend de voir la composition de la Commission européenne et souligne que Jean-Claude Juncker devra nommer au moins une dizaine de femmes commissaires sans quoi il ne trouvera pas de majorité au Parlement européen.

L'eurodéputé CSV Georges Bach, déclare dans le Tageblatt que cette élection était "un test pour la grande coalition, qui s’en est bien sortie". Georges Bach est satisfait de l’insistance du nouveau président de la Commission sur la question sociale, et plus particulièrement sa volonté de réformer la troïka pour la mettre sous le contrôle du Parlement. Il pensait toutefois que Jean-Claude Juncker atteindrait les 450 voix.

Son colistier, l'eurodéputé Frank Engel, était au contraire convaincu qu'il n'obtiendrait pas ce résultat. Il a jugé le discours de Jean-Claude Juncker "adapté aux circonstances, très respectueux du Parlement européen et dans la nouvelle logique du processus démocratique".

Le député européen libéral Charles Goerens, qui félicite Jean-Claude Juncker pour son élection à la tête de la Commission européenne, estime que "les 422 voix en sa faveur lui confèrent la légitimité dont il va avoir besoin pour franchir les prochaines étapes et notamment la constitution de son collège et le travail programmatique." Charles Goerens salue "son engagement clairement articulé (…) en faveur de la transparence, du dialogue social, de la stabilité monétaire." Il ajoute : "Une analyse sommaire du résultat nous indique que l'appui unanime du groupe ADLE s'est révélé être indispensable à l'obtention d'une majorité claire." Et finalement, "le 15 juillet 2014 aura été un grand jour pour l'Union européenne et le Luxembourg".

Claude Turmes, l’eurodéputé vert, juge quant à lui que Jean-Claude Juncker a repris dans son programme pour 2014-2019 "quelques objectifs, qui sont pour les Verts d’une importance essentielle". Il cite le salaire minimum au niveau européen, la lutte contre le dumping social, le registre obligatoire pour les lobbys, plus de transparence dans les institutions de l’UE, des objectifs contraignants en termes d’efficacité énergétique, l’opposition au mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats (RDIE) et pour plus de transparence au cours de la négociation du TTIP et dans les procédures d’autorisations actuelles des OGM. C’est pourquoi il a lui-même "accordé un crédit de confiance au candidat Juncker et voté pour lui". En retour, Claude Turmes s’attend à ce que Jean-Claude Juncker recourra, quand il dotera les responsables pour les ressorts-clés de l’économie, des questions sociales, de l’environnement, de la politique climatique et énergétique, à des candidat(e)s compétents qui "mèneront une politique durable et progressiste". Il conclut en expliquant que "le groupe politique des Verts du Parlement européen suivra le travail de la nouvelle Commission européenne de manière critique. Il la soutiendra là où les réformes nécessaires seront mises en œuvre et lui opposeront de la résistance là où les décisions ne sont pas conçues dans l’intérêt des citoyen(ne)s et de l’environnement."

"Immensément heureuse", l’eurodéputée socialiste, Mady Delvaux, a confié au Tageblatt, que, dans sa fraction, les socialistes espagnols et britanniques sont ceux qui n’ont pas voté pour le nouveau président de la Commission européenne, tandis que les socialistes français auraient fait volte-face suite aux dernières précisions de Jean-Claude Juncker sur les questions sociales.