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Economie, finances et monnaie
La BCE baisse de nouveau son taux directeur, qui est désormais de 0,05 %, lance deux programmes de rachat de créances du secteur privé et révise les prévisions de croissance de la zone euro à la baisse
04-09-2014


BCELe 4 septembre 2014, la Banque centrale européenne (BCE) a baissé son principal taux  directeur, celui de ses opérations principales de refinancement, à 0,05 %.Ce taux est le taux le plus bas jamais enregistré après la baisse de 0,25 % à 0,15 % en juin 2014. Le taux pour la facilité de prêt marginal est désormais à +0,3 % et celui de la facilité de dépôt à -0,2 %, donc négatif.

La BCE a également décidé d’acheter à partir de la fin septembre 2014 "un large portefeuille de titres adossés à des titres de créances (ABS)" auprès de banques et/ou d'investisseurs publics, a déclaré le président de la BCE, Mario Draghi, au cours de la conférence de presse qui a suivi la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE. Nouveaux ou existants, les titres seront adossés à des actifs immobiliers ou à des prêts à la consommation contractés par des acteurs non financiers. En agissant ainsi dans la ligne de ses travaux de juin 2014, la BCE veut souligner "le rôle que le marché des ABS joue pour faciliter de nouveaux flux de crédits vers l’économie". Mario Draghi n'a pas précisé de montant pour ce programme d'achat d'actifs lors de sa conférence de presse, mais "la BCE a déjà acheté par le passé des obligations sécurisées", note l’AFP.

Pour rappel : Les ABS sont des créances garanties par d'autres dettes, parfois regroupées en paquets. Cette pratique du saucissonnage et du regroupement de la dette a été largement abandonnée en Europe depuis la crise des subprimes, mais elle est considérée par le secteur financier comme une manière de fluidifier et stimuler le marché du crédit.

La BCE va également acheter un large portefeuille d'obligations sécurisées libellées en euro et émises par des institutions financières de la zone euro dans le cadre d’un programme de rachat d’obligations appelé CBPP3 qui constitue une grande surprise.

Mario Draghi a souligné que ces opérations auront un "impact assez considérable" sur le bilan de la BCE, qui reprend à son compte les risques liés aux titres achetés. Lui-même n’a après évoqué de somme, mais la presse spécialisée évoque jusqu’à 500 milliards d’euros.  

Ces mesures s’ajoutent selon le président de la BCE à la panoplie d’autres mesures prises ces derniers mois. Elles serviront à soutenir la politique de taux d’intérêt bas et "reflètent le fait qu’il y a des différences significatives et croissantes entre les économies avancées les plus importantes en termes de cycle de la politique monétaire". Bref, elles sont censées améliorer "le fonctionnement du mécanisme de transmission de la politique monétaire et soutenir l’approvisionnement en crédits de l’économie réelle". D’autres raisons ont contribué à ces mesures : des perspectives d'inflation détériorées à court terme, le ralentissement depuis quelques mois de la croissance dans la zone euro et "une dynamique monétaire et des crédits qui continue à être morose".

Ces mesures "contribueront à un retour (de l'inflation) plus proche de 2 %", qui est la cible officielle de la BCE pour la zone euro, souhaite Mario Draghi. "S’il devait être nécessaire de traiter de nouveau les risques d’une période trop longue d’inflation trop basse, le Conseil de gouvernement de la BCE a été unanime dans son engagement à recourir à d’autres instruments non-conventionnels dans le cadre de son mandat", a-t-il mis en garde.

Autre fait important : la BCE a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro pour 2014 et 2015, ainsi que ses prévisions d'inflation pour la zone euro pour 2014.

Elle a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2014 et 2015, à 0,9 % et 1,6 % respectivement (contre 1 % et 1,7 %), et corrigé à la hausse celle pour 2016 à 1,9 % (contre 1,8 %).

L'inflation, estimée auparavant à 0,7 %, est désormais estimée à 0,6 % seulement pour 2014. La BCE craint que le ralentissement de la dynamique économique puisse décourager l’investissement privé et que les risques géopolitiques aient un impact négatif sur la confiance du monde des affaires et des consommateurs. Et de tancer le risque lié à des réformes structurelles insuffisantes dans les pays de la zone euro.  

La BCE veut miser sur la demande intérieure qui peut être soutenue par plusieurs facteurs : ses propres mesures de politique monétaire, la consolidation budgétaire et les réformes structurelles. La reprise mondiale pourrait quant à elle stimuler la demande extérieure et donc les exportations. Reste que le taux de chômage élevé freine cette demande, tout comme les flux de crédits réduits vers l’économie privée.

Par ailleurs, Mario Draghi a dû admettre qu’il "sera très difficile d'atteindre l'objectif d'une inflation proche de 2 % sur la base de la politique monétaire". Pour cela, "il faut de la croissance". Au mieux, l’inflation va augmenter lentement en 2015 et 2016.       

Mario Draghi a donc demandé aux pays de la zone euro d'intensifier les réformes structurelles dans le domaine des marchés de produits, du travail et du cadre légal pour les affaires. Il a mis en garde contre la tentation de détricoter de fait le Pacte de stabilité et de croissance et ses règles budgétaires qu’il qualifie de "point d’ancrage de la confiance" et qui permet selon lui aux Etats de supporter les frais des réformes structurelles et de soutenir la demande intérieure et la croissance, par exemple à travers des baisses d'impôts à effet budgétaire nul, ou à travers des coupes dans les dépenses dans les secteurs improductifs.