La Commission européenne a publié le 28 octobre 2014 son rapport annuel sur les progrès accomplis dans le domaine de l’action pour le climat. Il ressort des estimations réalisées par l’Agence européenne de l’Environnement (AEE) que les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne ont diminué de 1,8 % en 2013 par rapport à 2012, pour atteindre leur niveau le plus bas depuis 1990. Ainsi, non seulement l’UE est en bonne voie pour atteindre l’objectif fixé pour 2020, mais elle serait également en passe de le dépasser, puisque les réductions pourraient atteindre 21 % selon les estimations qu’a réalisées l’AEE sur la base des projections livrées par les Etats membres eux-mêmes. Et ce chiffre pourrait même atteindre 24 % si les mesures annoncées par les Etats membres sont mises en œuvre.
Avec 14,1 % de la consommation finale d’énergie provenant de sources d’énergie renouvelables en 2012, l’UE est en avance sur la trajectoire esquissée en vue d’atteindre l’objectif de 20 % en 2020. Un objectif de 13 % était en effet prévu pour 2012.
De même, la consommation d’énergie baisse plus vite qu’escompté, ce qui est de de bon augure pour atteindre l’objectif fixé pour 2020 en matière d’efficacité énergétique.
Le directeur de l’AEE, Hans Bruyninckx, considère ainsi que l’UE est en bonne voie d’atteindre ses objectifs en 2020. Pour autant, met-il en garde, "il n'y a pas de place pour l'autosatisfaction, notre rapport met également en lumière les pays et les secteurs où les progrès ont été plus lents que prévus".
La récession a joué un rôle certain dans ces progrès, relève ainsi l’AEE. Mais elle risque aussi d’entraver les progrès futurs en limitant les investissements ou encore en laissant croire que les objectifs en matière de climat et d’énergie peuvent être atteints sans trop d’efforts.
L’AEE souligne aussi que, pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de GES de 40 % en 2030 que viennent d’acter les chefs d’Etat et de gouvernement, les réductions anticipées par les Etats membres au-delà de 2020 sont "largement insuffisantes".
A l’échelle des Etats membres, le tableau est en effet beaucoup plus nuancé. Certes, neuf Etats membres - à savoir la Croatie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et le Royaume-Uni - affichent de bons progrès pour ces trois objectifs et aucun Etat membre n’affiche des résultats très mauvais dans les trois domaines.
Mais le rapport relève que trois Etats membres risquent de ne pas atteindre leur objectif pour 2013 en matière de réduction des gaz à effet de serre : il s’agit de l’Allemagne, seul pays où la situation s’est détériorée par rapport à 2012, de la Pologne et du Luxembourg. Dans le cas du Grand-Duché, l’AEE note toutefois qu’elle n’a pas pu tenir compte des chiffres transmis trop tard par le gouvernement et selon lesquels le Luxembourg atteindrait son objectif en matière de réduction des gaz à effet de serre pour 2013.
Aux côtés de ces trois pays, l’Autriche, la Belgique, la Finlande, l’Irlande et l’Espagne estiment par ailleurs ne pas être en mesure d’atteindre leurs objectifs pour 2020 par des politiques et mesures nationales. Ces huit pays vont donc devoir soit élaborer de nouvelles mesures, soit avoir recours aux mécanismes de flexibilité. C’est au Luxembourg que l’écart avec l’objectif pourrait être le plus grand. Malgré les mesures additionnelles prévues, le Luxembourg risque en effet d’avoir le plus grand déficit en matière de quotas d’émission par rapport à son objectif, un phénomène qui risque de s’accentuer nettement de 2013 à 2020.
Par ailleurs, les projections provenant des Etats membres montrent peu voire pas de réduction des émissions dans les secteurs du transport ou de l’agriculture. Le transport est ainsi le seul secteur où les émissions n'ont cessé de croître (+14 % par rapport à 1990), représentant 20 % des émissions totales en 2013
Pour ce qui est de la part des renouvelables dans la consommation d’énergie finale, l’AEE relève qu’en 2012, 22 Etats membres, parmi lesquels le Luxembourg, étaient considérés comme en bonne voie d’atteindre leur objectif pour 2020. Ils sont désormais trois de plus.
Dans le cas du Luxembourg, qui a amélioré ses performances entre 2011 et 2012, l’objectif était d’atteindre 2,9 % d’énergies renouvelables en 2012, un objectif dépassé puisque les énergies renouvelables représentaient en 2012 3,1 % de la consommation finale d’énergie. Mais le rapport de l’AEE relève aussi que le Luxembourg compte, avec l’Irlande, Malte, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni, parmi les pays qui vont devoir atteindre une croissance absolue en matière de renouvelables 4 à 7 fois plus grande que les hausses absolues connues par ces pays entre 2005 et 2012.
En ce qui concerne l’efficacité énergétique, entre 2005 et 2012, "la consommation d'énergie a diminué plus rapidement qu'il n'était nécessaire pour atteindre ses objectifs de 2020", indique le rapport, à raison d'une baisse de 1,1 % par année en moyenne. "La crise économique a joué un rôle important dans ce résultat", note l’AEE qui prévient qu’avec la reprise progressive de la croissance, "plus d'efforts sont nécessaires pour s'assurer que les objectifs de 2020 seront atteints".
17 Etats membres, parmi lesquels le Luxembourg, sont considérés comme étant en bonne voie d’atteindre leur objectif. Mais cela signifie que onze autres Etats membres doivent donc faire des efforts supplémentaires pour réduire la consommation énergétique. Le Luxembourg fait partie des six pays qui ont atteint en 2012 leur objectif en matière de réduction de la consommation d’énergie pour 2020. L’enjeu pour le Grand-Duché sera donc désormais de stabiliser sa consommation d’énergie, et ce notamment avec la reprise économique qui se fait timidement sentir.