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L’économie circulaire et les enjeux d’une transition vers un tel modèle pour l’UE et le Luxembourg étaient au cœur d’une conférence organisée par Déi Gréng en présence du commissaire européen sortant à l’Environnement, Janez Potočnik
20-10-2014


le commissaire européen à l’Environnement, Janez Potocnik, à la conférence consacrée à l’économie circulaire organisée par Déi Gréng le 20 octobre 2014Quels sont les enjeux de la transition vers un modèle d’économie circulaire et quel rôle le Luxembourg pourrait-il jouer dans cette transformation ? Voilà les questions de départ d’une conférence organisée à Luxembourg le 20 octobre 2014 par le parti Déi Gréng et à laquelle participaient l’eurodéputé Claude Turmes et le commissaire européen sortant en charge de l’Environnement, Janez Potočnik.

Comme l’a rappelé Claude Turmes en guise d’introduction, face à une demande toujours croissante de ressources limitées, l’environnement et l’économie européenne pourraient tirer un avantage considérable d’une meilleure utilisation des ressources primaires et secondaires. Or, le système économique linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) tel qu’il existe aujourd’hui ne prend pas en compte ces opportunités. Un constat qui pousse de plus en plus de personnes à réfléchir sur un autre modèle, celui d’une économie qui produit des biens et services et qui en privilégie la réutilisation plutôt que la destruction finale, à savoir le modèle de l’économie circulaire.

Janez Potočnik – L’utilisation plus efficace des ressources est "l’un des plus grands défis auquel nous sommes confrontés tous ensemble au 21e siècle"

Dans une salle comble et en présence, entre autres, de la ministre luxembourgeoise de l’Environnement, Carole Dieschbourg, de la secrétaire d'Etat à l'Economie, Francine Closener et de plusieurs représentants de l’industrie grand-ducale, notamment le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), Jean-Jacques Rommes, Janez Potočnik a ouvert la discussion en estimant qu’une utilisation plus efficace des ressources était "l’un des plus grands défis auquel nous sommes confrontés tous ensemble au 21 e siècle".

Selon le commissaire, ce siècle serait en effet celui "de la fragilité" en raison de "contraintes sans précédent pesant sur les ressources primaires et secondaires" qui s’expliquent par deux facteurs : d’abord celui de la hausse de la population humaine et ensuite celui d’une la croissance parallèle de la consommation par personne. Ainsi la planète abrite-t-elle 7 milliards d’êtres humains et devrait en accueillir 2 milliards supplémentaires d’ici 2045. "Nous nous sommes trop habitués à ces chiffres, mais laissez-moi les traduire en langage compréhensible. Cela veut dire qu’en une génération, il y aura davantage de personnes en plus sur terre qu’il n’y en avait sur toute la planète au début du 20e siècle", souligne-t-il, soit "200 000 personnes supplémentaires par jour".

La pression sur les ressources ne fera dès lors que s’accentuer, car le monde globalisé pousse à la hausse de la consommation par personne. Janez Potočnik rappelle que selon les estimations, environ 3 milliards d’êtres humains devraient passer d’ici à 2030, soit en 15 ans, de la catégorie de la pauvreté à celle des classes moyennes. Et de souligner qu’aujourd’hui, environ 60 % des écosystèmes se sont dégradés en raison d’une utilisation non durable, cela alors que seule une minorité de personnes sur la planète "vit bien".

Le découplage entre le développement humain et la croissance d'une part, et l’exploitation des ressources naturelles d'autre part, doit être une priorité selon le commissaire

En même temps, tous les pays qui connaissent une croissance économique et démographique augmentent leur empreinte écologique. "Il ne s’agit pas d’une question de limites économiques, mais bien des limites physiques de l’environnement et de la planète", dit le commissaire. "Notre croissance et notre prospérité à l’avenir seront déterminées par notre capacité à gérer ces contraintes et d’exploiter de manière plus efficace chaque ressource, de tirer davantage de valeur de chaque hectare de terre, de chaque mètre cube d’eau, de chaque joule d’énergie", a-t-il dit, jugeant que "nous avons besoin d’un modèle de croissance qui permette aux économies riches d’améliorer leur durabilité tout en maintenant, voire améliorant les standards de vie, et qui permette aux économies émergentes de croître en découplant le développement humain de l’exploitation des ressources naturelles". 

Dans l’Union européenne, la prise de conscience de la nécessité de découpler la croissance de l’utilisation des ressources et de ses impacts est inscrite notamment au sein de la stratégie Europe 2020 à travers le principe d’efficacité d'utilisation des ressources, l'une des "initiatives phares" de cette stratégie qui avait d'ailleurs donné lieu à une première communication de la Commission européenne en janvier 2011, puis à une seconde en septembre de la même année intitulée "feuille de route pour une Europe efficace dans l'utilisation des ressources". Par ailleurs, la communication de la Commission sur l’économie circulaire de juillet 2014 et le paquet législatif qui l'accompagne (programme "zéro déchets" pour l'Europe), sont "une réalisation majeure en vue d'un tel découplage", estime le commissaire sortant.

Tout en reconnaissant qu’il existe une marge dans l’amélioration de l’efficacité de l’exploitation des ressources, la communication met en avant que par rapport au modèle linéaire actuel (extraire, fabriquer, consommer et jeter), "les avantages potentiels sont encore plus grands si nous développons la valeur ajoutée de matériaux issus des produits consommés et jetés afin de les remettre dans le circuit d’une utilisation productive. Cela fait donc du sens pour l’Europe de recycler plutôt que d’enterrer et de brûler des matériaux précieux alors que le coût des matières premières est le facteur de coût dominant pour la plupart des entreprises", estime Janez Potočnik.

"L’environnement a trop souvent été considéré dans de nombreux secteurs comme un obstacle au développement économique"

A la question de savoir si l’Europe a jusqu’à présent bien répondu aux défis de la globalisation et de la compétitivité, le commissaire répond par la négative. "Nous avons essayé de bien répondre à la question de la crise financière, mais la mise en œuvre de conditions macroéconomiques stables est une condition nécessaire, pas satisfaisante pour améliorer la compétitivité européenne", juge-t-il. "Parfois nous défendons trop l’indéfendable".

Janez Potočnik souligne aussi que l’environnement a trop souvent été considéré dans de nombreux secteurs comme un obstacle au développement économique. "Or, si l’on tient compte de la densité de la population européenne, enfermée dans un modèle d’entreprise d’exploitation inefficace des ressources, avec une hausse des coûts des matières premières qui ont dépassé le coût du travail lui-même et une dépendance accrue aux importations, [l’économie circulaire] ne fait pas seulement sens pour l’UE, c’est une précondition si nous voulons conserver une industrie en Europe", plaide Janez Potočnik.

Dès lors, le commissaire considère qu’une révision de la politique des déchets en vue d’augmenter le recyclage est "au cœur" du paquet sur l’économie circulaire présentée par la Commission qui vise à la réduction du gaspillage dans de multiples secteurs (eaux, emballages, gaspillage alimentaire, etc). Des objectifs ambitieux selon le commissaire qui les juge atteignables en raison précisément de la valeur croissante des ressources. Les déchets ne sont cependant qu’une étape du cercle de l’économie circulaire, précise encore le commissaire, qui souligne que la communication s’intéresse également "à d’autres parties de ce cercle vertueux", à savoir la question de l’amélioration du marché pour la réutilisation de matières secondaires, la question du changement dans la manière de produire et de consommer, en réduisant les déchets et en augmentant l’efficacité des ressources.

"Le recyclage n’est pas la panacée mais seulement le dernier recours"

Le paquet économie circulaire aurait ainsi "créé une sorte de pont dans notre façon de penser la politique existante des déchets et les objectifs plus larges d’efficacité de l'utilisation des ressources", mais le commissaire de rappeler que le recyclage n’est pas le meilleur moyen mais seulement le dernier recours en la matière. "La prévention, la réutilisation, la réparation ou la reconstruction sont préférables aussi bien d’un point de vue environnemental qu’économique", estime encore le commissaire sortant.

Selon le commissaire, il s’agit de réfléchir au passage d’un concept de biens de consommation rapidement consommées, achetés fréquemment à bas prix, et au temps de vie limité à une économie des produits durables, qui peuvent être mis à jour et réparés. "Le design, la conception du produit, est la clé", selon Janez Potočnik qui note que toute véritable évolution passera par "un changement de mentalités", notamment le passage d’une mentalité de possession vers une mentalité de partage et de location des produits.

Et de citer en exemple les statistiques qui montrent que le Luxembourg est le pays avec le plus grand nombre de voitures par habitant, malgré une taille relativement modeste. L’impact environnemental de cette réalité pourrait être diminué en améliorant l’efficacité des véhicules pour qu’elles consomment moins. "Il pourrait aussi l’être via la création de voitures zéro émissions, mais si nous en possédions tous une, les rues des villes continueraient à être de plus en plus embouteillées", dit le commissaire. Et de rappeler qu’en moyenne, nos voitures sont garées 96 % du temps, bloquées dans le trafic 2,6 %, et la plupart du temps avec moins de deux passagers. "Rechercher davantage d’efficacité n’est donc qu’une partie du problème", poursuit-il, rappelant que "rien n’est moins productif que de rendre plus efficace quelque chose qui n’aurait jamais dû être fait du tout".

Enfin, concernant la nouvelle Commission européenne, le commissaire sortant considère que trois tâches seront primordiales. La première sera d’adopter la communication sur l’alimentation durable qui est finalisée mais n’a pas été adoptée en raison de l’absence d’accord au sein du collège des commissaires. "La production et la distribution ont un impact immense sur les ressources et le niveau de gaspillage actuel de 30 % est inacceptable et immoral". La seconde sera d’intégrer un nouvel objectif de l’amélioration de l’efficacité énergétique lors de la révision de la stratégie Europe 2020 en 2015, qui devrait être porté à au moins 30 % (selon les prévisions de la Commission, un scénario de continuité devrait déjà permettre à l'UE d'accroître sa productivité des ressources de 15 % entre 2014 et 2030), et enfin, il s’agira d’assurer que la nouvelle directive sur l’écodesign (ou écoconception) reprendra les principes de durabilité des produits. "Je suis loin d’être sûr que cela sera la priorité de la prochaine Commission", a-t-il dit. Et de conclure que "l’environnement et l’économie sont les deux faces d’une même pièce", et qu’"il est temps de cesser de faire tourner cette pièce".

Paul Schosseler – le modèle linéaire actuel de l’économie partant du principe d’une disponibilité illimitée des ressources "relève d'une hypothèse fondamentalement erronée"

Paul Schosseler, le directeur du Centre de ressources des technologies pour l’environnement du CRP Henri Tudor, est pour sa part revenu sur les contributions que la recherche pouvait apporter à l’économie circulaire. Et de revenir sur le principe de la recherche qui vise à travers l’observation à définir des lois naturelles qui doivent être validées.

Or le modèle linéaire actuel de l’économie partant du principe d’une disponibilité illimitée des ressources "repose sur une hypothèse fondamentalement fausse", dit le scientifique. Dans ce modèle, l’économie ne tient pas compte des autres dimensions, à savoir la société et la biosphère. Or l’économie est un outil au service de la société au sein de la biosphère, c’est-à-dire les limites dans lesquelles la société existe.  L’économie circulaire s’inspire pour sa part de la nature "qui ferme les cycles".

"Définir notre croissance par rapport à un PIB définit par la quantité  de services et de produits sans tenir comptes des autres dimensions et en particulier de l’environnement et des limites des écosystèmes est clairement une hypothèse fausse et il faudra mieux comprendre les contributions des écosystèmes pour mieux comprendre la valeur d’un service ou d’un produit". Dans ces trois dimensions se posent un certain nombre de questions de recherche qui nécessitent des approches transdisciplinaires. Ainsi sur le domaine de l’environnement, la recherche peut s’intéresser aux cycles de vie des produits, à leur impact environnemental, ou au biomimétisme.

Pour ce qui est de la société, d’autres questions se posent, notamment sur la définition des valeurs à travers la propriété. "On peut rire de l’exemple des 2 ou 3 voitures par personne, mais il est important de comprendre que posséder une maison par exemple donne une certaine sécurité psychologique. Donc il faut s’interroger sur ce que signifierait un passage de la propriété vers la simple utilisation des ressources, notamment en termes d’organisation de la société", dit-il.

Enfin du côté de l’économie et plus particulièrement de l’industrie, d’autres questions se posent, notamment celle de la sécurité énergétique et des énergies renouvelables, des biomatériaux, de l’écoconception, de la fabrication additive ou encore de la mise en place de concept pour le désassemblage des produits. Paul Schlosseler estime encore "que nous avons toutes les compétences présentes au Luxembourg pour ces domaines de recherche", le scientifique voyant deux défis principaux à relever pour la recherche. "Il s’agit d’abord de mettre en place une plateforme qui permette à tous de se retrouver et d’échanger les connaissances, de trouver le vocabulaire commun, donc de mettre en place un cadre, et ensuite rassembler les gens".

Romain Poulles – l’économie circulaire permet de conserver un maximum de matières premières, de créer des emplois et contribue à la croissance économique

Romain Poulles, président du cluster Ecoinnovation, a pour sa part souligné le besoin d’impliquer tous les secteurs pour faire de l’économie circulaire une réalité. Pour précision, le cluster Ecoinnovation se donne pour objectif de développer et de renforcer les domaines de l'énergie, de l'environnement et du développement durable au Luxembourg. Le cluster se concentre sur les trois thèmes suivants: économie circulaire, mobilité, villes durables et technologies intelligentes.

Selon Romain Poulles, l’économie circulaire revient avant tout à fermer les boucles d’approvisionnement en matières premières à travers notamment la conception des produits (caractère réparable, désassemblable) et un changement de modèle commercial (en prolongeant la durée de vie des produits) pour ensuite arriver à un recyclage à 100 %.

Romain Poulles voit trois objectifs qui peuvent être rempli par ce modèle économique à savoir la conservation d’un maximum de matières première sur le territoire européen, la création d’emploi et la contribution  à la croissance économique. Le Luxembourg serait d’ailleurs très bien placé pour contribuer à ces objectifs.

L’économie circulaire pourrait ainsi donner une impulsion au retour des ressources dans le système d’approvisionnement et au recyclage, notamment au niveau moléculaire. Autre domaine de recherche, la création de passeports de matériaux pour chaque produit ou le leasing de matériaux. De même la redéfinition de l’industrie de la construction en rendant les bâtiments démontables, déconstructibles afin d’en récupérer les matières premières. La création de centre de logistique inversée, qui permette de faire revenir les produits non utilisés depuis le consommateur final vers l’industrie qui pourrait démonter et réutiliser les matières premières.

Pour que l’économie circulaire contribue à la croissance économique, ce modèle a également besoin de financements pour être traduit dans les faits, tant en termes de recherche, de nouveaux modèles commerciaux, de nouveaux produits d’assurance, etc "La Place financière est extrêmement bien placée pour y contribuer". Cela peut passer par des banques de matériaux, ou des locations entre entreprises de machines, produits et autres. "Mais il faut donner un cadre légal, un cadre fiscal, de nouveaux produits d’assurances, soit une série d’opportunités pour lesquelles le Luxembourg est très bien outillé", dit Romain Poulles.

Enfin l’économie circulaire pourrait contribuer à la création de nombreux emplois, estime encore Romain Poulles, notamment via la création de centres de désassemblage, la logistique, le recyclage, et pour ce qui relève d’emplois plus qualifiés, l’expertise financière et dans la recherche sont des atouts non négligeables.

"Si on ne le fait pas, le Luxembourg étant l’un des pays les plus dépendants aux importations, donc on court le risque d’une économie qui ne résisterait pas aux chocs ou aux pénuries", juge encore Romain Poulles, qui note également qu’il y a là aussi un "vrai potentiel" de bénéfice en termes d’image pour "redorer l’image du Luxembourg".

Karin Basenach – l’obsolescence programmée devrait être considérée comme une fraude

La directrice du Centre européen des consommateurs (CEC), Karin Basenach, a de son côté dénoncé l’obsolescence programmée des produits ainsi que les règles en vigueur en matière de garanties qu’elle appelle à réviser. "Aujourd’hui on achète un appareil électrique, et si au bout des six premiers mois il n’y a pas de problème, mais qu’une panne survient entre les sixième et le 24e mois, le client doit prouver au vendeur que le défaut était présent à l’origine", explique-t-elle. Par ailleurs, l’obsolescence programmée, qui vise à faire en sorte, lors de sa construction, qu’un produit devienne défectueux au bout d’un certain nombre d’utilisations, devrait être considérée comme une fraude, plaide-t-elle.

La directrice du CEC suggère ainsi que le temps de vie d’un produit devrait être clairement indiqué et que les producteurs devraient informer les consommateurs sur les dates limites de disponibilité des pièces de rechange. En outre, l’introduction d’un label de qualité serait aussi une option supplémentaire "qui permettrait de jeter moins". Karin Basenach plaide donc elle aussi pour le passage d’une culture de consommateur à celle d’utilisateur des produits, cela en développant les modèles d’échange, de partage et de location.

Hans-Peter Walter – Les déchets sont des produits à part entière

Hans-Peter Walter, le directeur de la SuperDrecksKëscht, a présenté cette initiative luxembourgeoise du Ministère du Développement durable et des Infrastructures avec l’aide des communes, de la Chambre des Métiers et de la Chambre de Commerce dans le cadre de la gestion nationale des déchets et à laquelle participent 402 entreprises.

Pour précision, la SuperDrecksKëscht est une marque qui a été mise au point dans le cadre des tâches qu’assume l’Etat luxembourgeois en matière de la gestion des déchets. Elle se fonde sur la stratégie prescrite par l’UE, qui place la prévention en premier lieu, suivie de la préparation aux fins de réutilisation, du recyclage et de toute autre valorisation (par exemple la valorisation énergétique) et enfin de l’élimination des déchets.

La SuperDrecksKëscht a pour tâche d’utiliser et d’appliquer les connaissances les plus récentes afin de gérer les matériaux selon le principe d’une gestion durable en termes écologiques et économiques et en veillant à une grande qualité. "Cette tâche lui permet d'assumer un rôle exemplaire dans la restructuration écologique de notre société. Ce rôle exemplaire doit stimuler tous les acteurs impliqués dans l’économie nationale à protéger l’environnement et à exploiter les ressources naturelles avec l’efficacité requise".

Selon Hans-Peter Walter, les déchets sont ainsi des produits à part entière. "C’est l’histoire d’un succès qui montre aux gens comment créer de nouveaux produits avec de l’ancien". Un succès qui a d’ailleurs fait des émules : le concept luxembourgeois de la SuperDreckskëcht a été exporté, notamment en Suède, au Mexique, en Suisse et au Ghana.

Norry Schneider – les circuits de l’économie circulaire "créent des liens"

Membre fondateur de Transition Minett (TM), une initiative collaborative prenant place dans le sud du Luxembourg, à Esch-sur-Alzette, Norry Schneider a de son côté choisi d’évoquer le côté plus humain de l’économie circulaire.

Selon Norry Schneider, les circuits de l’économie circulaire "créent des liens" qui nécessite donc une "dynamique sociale pour l’accompagner". Les mouvements de transition, à l’image de TM, prônent la résilience de la société en prenant acte notamment du pic pétrolier et du changement climatique. "Il s’agit de s’interroger sur la manière de faire face à des chocs directement liés à nos modes de consommation", souligne-t-il.

Dans ce cadre, les mouvements de transition ne visent pas à stigmatiser, à culpabiliser les citoyens, mais au contraire à les encourager, à créer une dynamique commune et à reprendre possession dans la vie quotidienne de choses comme l’alimentation ou l’énergie, dit encore Norry Schneider.

Transition Minett exploite ainsi notamment un jardin de quartier pour les habitants d’Esch-sur-Alzette et d’ailleurs, "une expérimentation citoyenne qui a une vocation éducative, solidaire et écologique". Outre la démarche visant à se réapproprier le cycle de production des fruits et légumes et produire et consommer localement, l’objectif de ce jardin urbain est aussi "de créer des liens et un processus participatif".

Transition Minett a par ailleurs mis en place un groupement d’achat écosolidaire et mis en œuvre deux projets de coopératives énergétiques. "En Allemagne, l’énergie produite par ce type de coopératives citoyennes compte pour 50 % des énergies renouvelables et a créé 90 000 emplois", conclut-il.