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Changement climatique - Énergie - Environnement
Audition des commissaires désignés au Parlement européen - Miguel Arias Cañete, commissaire désigné pour l'Energie et au Climat, s’est vu reprocher ses conflits d’intérêts
01-10-2014


Miguel Arias Cañete, désigné pour le poste de commissaire à l'Energie et au Climat, lors de son audition le 1er octobre 2014 (Source: PE)Miguel Arias Cañete, désigné pour le poste de commissaire à l'Energie et au Climat, s’est vu reprocher ses conflits d’intérêts, lors de son audition le 1er octobre 2014 devant la commission de l'industrie et la commission de l'environnement. Alors qu’il a qualifié la sécurité de l'approvisionnement comme sa "priorité immédiate", les eurodéputés l’ont interrogé sur son implication dans deux entreprises pétrolières.

Né le 24 février 1950 à Madrid, Cañete est diplômé de droit et a exercé comme procureur et comme professeur de droit civil et européen. Entre 1982 et 1986, il est sénateur représentant la région de Cadix au Sénat espagnol et préside la commission des budgets. Membre du Parti populaire depuis 1980, Miguel Arias Cañete devient député européen en 1986 qu’il reste jusqu’en 1999. Il préside la commission de la pêche et la commission du développement régional. En 2000, il devient pour quatre ans sénateur et ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation. A partir de 2004, il est député au Congrès avant de retourner au poste de ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement, selon son Curriculum Vitae.

La sécurité de l'approvisionnement est une "priorité immédiate" pour Miguel Arias Cañete

Les priorités de Miguel Arias Cañete sont les suivantes : l'achèvement du marché intérieur de l'énergie, la mise en œuvre du cadre d'action 2030 en matière de climat et d’énergie et le renforcement du système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE). Quant au SEQE, il veut œuvrer pour une mise en œuvre de la réserve de stabilité avant 2021 pour éviter le backloading. Il estime que le système des allocations gratuites a été "couronné de succès" en évitant les fuites de carbone. Il veut également travailler pour une proposition législative pour la répartition des objectifs d'émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs non-SEQE.

Il s’engage particulièrement pour la sécurité de l'approvisionnement, une "priorité immédiate" étant donné la crise ukrainienne. Il estime qu’il faut mettre en commun les ressources et les diversifier ainsi que raccorder les infrastructures et développer les interconnexions. Il promet de mettre en œuvre des mesures à court et moyen terme au titre de la stratégie de sécurité énergétique de l'UE, notamment la révision du règlement sur la sécurité de l'approvisionnement en gaz et l'évaluation des options d'achat commun de gaz. Il s’engage pour la révision de la directive sur les énergies renouvelables et l'élaboration d'un cadre législatif en matière d'efficacité énergétique. Il a affirmé sa volonté de faire de l’Union le numéro un en matière d’énergies renouvelables afin de lutter contre le changement climatique.

Quant à la conférence de Paris qui se tiendra fin 2015 avec l’objectif de conclure un accord global, il a dit espérer un accord mondial ambitieux et "contraignant pour tous les pays qui sont prêts à s'engager". "Si toutes les grandes puissances et les plus gros pollueurs s'engagent, je ne m'opposerai pas à des objectifs plus ambitieux" que l'offre actuellement sur la table (20 % voire 30 % pour 2020). "Pour atteindre 30 %, il faut faire en sorte que notre industrie soit compétitive et savoir sur quoi on peut compter comme crédits", a-t-il ajouté, cité par l’Agence Europe.

Au début de son audition, le candidat s'est excusé pour des propos sexistes "malheureux" pendant la campagne des européennes, et a annoncé que, "s'il est confirmé, son cabinet sera dirigé par une femme et respectera l'égalité des sexes".

Il a assuré avoir vendu toutes ses actions dans deux petites entreprises spécialisées dans le stockage de produits pétrolier, et précisé que tous les membres de sa famille proche avaient fait de même. Mais il s'est refusé à répondre aux interrogations sur le rôle de son beau-frère et partenaire en affaires, dans la gestion de ces sociétés.

Un candidat controversé

Plus de 400 000 personnes, dont 76 eurodéputés, ont signé une pétition en ligne contre sa nomination, et une manifestation "Stop Cañete" a été organisée le jour de son audition à l'appel des Verts et de la gauche radicale (GUE/NGL) devant le siège du Parlement à Bruxelles. Dans une lettre adressée le 29 septembre 2014 à Jean-Claude Juncker, Gabi Zimmer, la présidente du GUE/NGL dénonce les conflits d’intérêts du candidat désigné qui aurait vendu ses parts dans deux entreprises pétrolières, Ducar et Petrologis Canarias, seulement deux jours après sa nomination et que sa famille en détiendrait toujours. Selon sa déclaration d’intérêts, l’Espagnol a présidé le conseil d’administration des deux entreprises entre 2005 et 2011. Gabi Zimmer critique en outre le fait que l’Espagnol est un défenseur du gaz de schiste et de l’énergie nucléaire et que la législation qu’il a modifiée privilégie les grandes entreprises au détriment des énergies renouvelables.

Pour l’Espagnole Paloma Lopez du groupe GUE/NGL, Miguel Arias Cañete aurait "nié tout ce qu’il a fait en Espagne" durant son audition. Elle affirme qu’en tant que ministre en Espagne, le commissaire désigné aurait entre autres "détruit les énergies renouvelables" et soutenu le gaz de schiste. "Ce qu’il dit est en contradiction complète avec les politiques qu’il a réalisées en Espagne", conclut la députée. Elle dénonce également ses conflits d’intérêts, soulignant qu’il aurait changé sa déclaration d’intérêt deux fois en moins de 48 heures.

Pour le groupe S&D, il y a un problème de conflit d'intérêt. "Nous considérons comme une provocation de lui confier le portefeuille du changement climatique, car ses intérêts dans l'industrie pétrolière montrent qu'il est en conflit total avec ce que nous devons faire pour respecter nos objectifs pour l'Union de l'énergie", a affirmé l'eurodéputée belge Kathleen Van Brempt, vice-présidente du groupe socialiste, dans un entretien avec le quotidien espagnol El Mundo.

Pourtant, le candidat pourrait passer en raison d’un pacte entre les deux principaux groupes au Parlement européen, comme l’explique l'eurodéputé Alain Lamassoure (PPE). "Si quelqu'un fait sauter un fusible PPE, alors un fusible socialiste sautera", a-t-il averti. Les vote sur le sort de l’Espagnol et du candidat socialiste Pierre Moscovici ont été liés et renvoyés au 7 octobre 2014.

Pour le PPE, le candidat espagnol a été "convaincant et bien préparé". "Je suis sûr qu’il va trouver la bonne balance la réduction des émissions CO2 et le maintien d’une industrie forte", a affirmé le député Krišjānis Kariņš. Pour le député Peter Liese, Miguel Arias Cañete a des "solides antécédents" en tant que ministre de l’Environnement. "Il est clairement capable d’exercer ce poste", juge-t-il.

Les responsables du groupe socialiste nient tout pacte avec le PPE. "Je démens formellement, il n'y a aucun accord de ce type", a affirmé le président du groupe, l'Italien Gianni Pittella. Le secrétaire général du parti socialiste espagnol, Pedro Sanchez Castejon, a même annoncé sur son compte Twitter que les eurodéputés socialistes espagnols voteraient contre la nomination de Miguel Arias Canete, car "il ne peut pas être commissaire à cause de ses omissions et de ses actions". "Son bilan en tant que ministre en Espagne montre qu’il n’a appliqué que très peu des politiques qu’il défend maintenant", a déclaré le député Mathias Groote.

Pour les Verts, la candidature de l’Espagnol n’est pas tenable en raison de ses conflits d’intérêt et son manque de transparence. Le groupe lui reproche d’avoir nié ses responsabilités dans l’autorisation de l’exploitation du gaz de schiste et les activités de forage, malgré "son rôle dans un gouvernement qui l’a autorisé".

Le groupe ECR a déclaré qu’il soutient la nomination Miguel Arias Cañete en raison de sa "compréhension approfondie" dans le domaine de la sécurité énergétique ou encore du SEQE. La députée Julie Girling "regrette" que l’Espagnol n’ait pas reçu une évaluation positive.