La ministre luxembourgeoise de l’Environnement, Carole Dieschbourg, est peu satisfaite des résultats du Conseil européen des 23 et 24 octobre 2014 sur le cadre pour l’énergie et le climat pour 2030 dont elle considère qu’ils n’envoient "pas un bon signal vers l’extérieur" selon ses propres mots.
Interrogée le 26 octobre 2014 par la radio socio-culturelle 100,7, la ministre de l’Environnement a ainsi estimé que s’il fallait constater que d’un côté, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient réussi à trouver un accord, de l’autre, celui-ci "n’envoie malheureusement pas un bon signal vers l’extérieur et n’est malheureusement pas aussi ambitieux que nous ne l’avions imaginé". Si l’objectif d’une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 est salué comme un point positif, un objectif d’ailleurs "revendiqué" par le Luxembourg tout au long des négociations, Carole Dieschbourg considère comme "moins bons" les objectifs définis en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, tous deux plafonnés à 27 %.
Des objectifs plus ambitieux auraient directement contribué "à augmenter considérablement l’indépendance énergétique vis-à-vis des importations étrangères d’une part, et de l’autre, ils auraient encouragé la création d’emplois sur le marché local", a jugé la ministre, rappelant que le gouvernement luxembourgeois s’était prononcé, précisément pour ces raisons, en faveur d’objectifs d’au moins 30 % pour ces deux domaines. Néanmoins, un accord est désormais sur la table et "nous devrons travailler avec", a-t-elle encore dit, jugeant que cet accord pouvait tout de même être "dynamique" et encore "perfectionné".
Selon la ministre, cela ne changera d’ailleurs rien "au fait qu’au niveau national, nous voulons faire avancer nos objectifs ambitieux". Au plan national justement, si elle reconnaît que le Luxembourg "n’est malheureusement pas très loin concernant la transposition des objectifs" en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, elle a promis que le gouvernement y travaillerait "autant que possible" et qu’il serait "bien entendu très ambitieux".
Concernant l’objectif de réduction de 40 % des émissions de CO2 qui devra encore être traduit en objectifs nationaux sur base notamment du PIB par habitant, la ministre a souligné que le Luxembourg avait "plaidé pendant toutes les négociations pour que davantage de critères soient pris en compte que le seul PIB par habitant, où nous nous situons naturellement très haut". Dans le cadre de la définition de ses objectifs nationaux, le gouvernement réalisera une étude, "notamment sur le tourisme à la pompe" qui suscite "beaucoup de préoccupations" et dont "il faudra tirer les conséquences", mais les domaines d’action devront être multiples, prévient-elle. "Le Luxembourg, dans ce contexte, devra se donner des objectifs élevés", a-t-elle encore souligné.
Interrogée sur le fait que, dans le cadre du budget pluriannuel luxembourgeois, le gouvernement continue de miser sur les investissements à l’étranger en vue de la réduction du CO2 plutôt que sur des mesures nationales, la ministre de l’Environnement a considéré que "sur base de la situation actuelle on ne peut échapper aux investissements à l’étranger" mais que le gouvernement en place depuis un an a concentré ses achats sur des projets dans lesquels "une amélioration notable est certaine". "Nous sommes bien entendu également intéressés de poursuivre le travail au niveau national et nous sommes très actifs dans ce domaine", a-t-elle en outre plaidé.