Le 22 octobre 2014, le STATEC a publié son flash sur la conjoncture du Luxembourg qui contient un certain nombre de nouveaux éléments.
Pour le STATEC, le PIB du Luxembourg a enregistré avec 0,7 % une progression relativement satisfaisante au cours du 2e trimestre 2014. Mais "l’horizon conjoncturel s’assombrit cependant depuis l’été", ajoute le STATEC.
Ces 0,7% sur un trimestre au 2e trimestre 2014 s’ajoutent à la forte hausse relevée au 1er trimestre (+1.7 %), et elle est "en ligne avec la trajectoire moyenne relevée depuis la mi-2012 (+0,6 % par trimestre)".
Le STATEC précise que les données annuelles et trimestrielles des comptes nationaux sont marquées par deux changements majeurs :
Le passage à ce nouveau système n’a affecté "que marginalement" les chiffres sur la croissance du PIB en volume de 2012 et 2013, mais les chiffres des années 2010 et 2011 ont "par contre été significativement révisées à la hausse, avec presque 3 points de % de croissance supplémentaire en cumulé)."
Les moteurs de la progression du PIB au 2e trimestre 2014 ont été les services non financiers, en particulier des services aux entreprises et du commerce. Le STATEC note que "du côté des services financiers (…), les activités bancaires restent ancrées sur une tendance baissière en termes de valeur ajoutée qui semble confirmer un phénomène de nature structurelle", même si "la bonne tenue des assurances et des auxiliaires financiers permet cependant d’amortir quelque peu le choc. Dans ce contexte, "c'est surtout la demande extérieure nette (…) qui contribue à la progression du PIB." S’y ajoutent un rebondissement de la consommation des ménages a rebondi et l'investissement qui "poursuit son rétablissement".
Le STATEC note : "A l’issue du 2e trimestre 2014, l’acquis de croissance pour l’année en cours est déjà considérable puisqu’il s’élève à 3.0 %." mais une "dynamique bien moins favorable" pourrait marquer la fin de l’année 2014. Un premier indice est une baisse de confiance des entrepreneurs ainsi que des consommateurs. Un deuxième facteur est l’environnement économique international qui "devrait se révéler moins porteur". En témoignent les révisions à la baisse des prévisions de croissance pour la zone euro émises par la BCE, le FMI ou encore l’OCDE à partir "d’indicateurs d’activité décevants sur le 3e trimestre et de tendances déflationnistes qui s'affirment". Par ailleurs, "la baisse très marquée des bourses européennes depuis la fin septembre constitue un motif d’inquiétude supplémentaire".Bref, "la possibilité d’un véritable retournement conjoncturel n’apparaît aujourd’hui pas à exclure".
"Les prix se reprennent un peu", note cependant le STATEC, qui met en avant la hausse pour août 2014 de 0,8 % sur un mois des prix des produits industriels luxembourgeois, la hausse la plus importante depuis le début de 2011. Y ont contribué la hausse des prix des produits de l'énergie et une remontée des prix des produits sidérurgiques, des métaux non ferreux, du verre et de la céramique ainsi que des produits alimentaires. Pour le STATEC, "le Luxembourg détonne à ce niveau de la tendance générale observée dans la zone euro, où les anticipations sont toujours largement orientées à la baisse à l'issue de septembre" dans un contexte conjoncturel marqué par une demande faible et l’absence de tensions sur les prix des matières premières qui "exclut en tous cas une flambée imminente des prix des produits industriels".
Le STATEC voit dans la chute de 12 % des principaux indices boursiers européens entre le 19 septembre et le 15 octobre 2014 un mouvement de correction inéluctable" après la remontée des indices boursiers européens entre la mi-2012 et la mi-2014. D’autres facteurs qui peuvent avoir contribué à cette chute sont "la dégradation récente du contexte macroéconomique, avec des indicateurs conjoncturels plutôt décevants dans la zone euro", "des prévisions de croissance revues à la baisse à l'issue de l'été", "le flou relatif aux annonces de politique monétaire des dernières semaines aux Etats-Unis" et dans la zone euro.
Avec une augmentation de l’emploi salarié de 0,6 % au 2e trimestre 2014, et la création nette de 2000 emplois, le STATEC parle d’un "emploi plus dynamique, sauf dans l'intérim", qui marque une baisse de 7,1 % sur un trimestre. Au début de l’année, ce sont l'Horeca, la construction et les services financiers qui ont tiré le marché du travail vers le haut, puis ce sont la santé et action sociale, le commerce et les services spécialisés, qui ont le plus stimulé l'emploi au 2e trimestre 2014.
La progression du chômage s’en trouve modérée. Le STATEC écrit : "Au 3e trimestre 2014, 18 614 chômeurs sont inscrits à l'ADEM selon les données désaisonnalisées, soit 7,2% de la population active. Le taux de chômage reste ainsi inchangé par rapport au trimestre précédent. En effet, le nombre de chômeurs n'augmente que de 0,8 % sur un trimestre au cours du 3e trimestre, soit la progression la plus faible depuis 2011."
Alors que dans la zone euro, une chute de l'inflation est anticipée et que les prix "ont chuté à 4,6 points en septembre contre 7,1 en août", poursuivant ainsi la tendance de baisse marquée constatée depuis le début d'année, de sorte "qu'une situation de déflation dans la zone euro représente un risque effectif", le Luxembourg diverge, dans la mesure où "les anticipations d'inflation des consommateurs suivent une trajectoire largement divergente depuis la fin de l'année 2013, très nettement orientée vers la hausse." Cette hausse devrait selon les estimations du STATEC entraîner un surplus d'inflation d'environ 0,8 points de % l'année prochaine.
Dans sa note le STATEC met avant que "la publication des nouvelles données de comptabilité nationale fait apparaître l'évolution du PIB luxembourgeois par rapport à celle de l'ensemble des pays de la zone euro sous un jour bien plus favorable." L'année 2010 a été considérablement révisée à la hausse, de sorte que "le PIB du Luxembourg, exprimé en volume, retrouve son niveau d'avant-crise dès le début de 2011", alors que dans la précédente version, c'était au début de 2014. Le profil du PIB, en particulier sur la période récession-reprise de 2008-2010, se rapproche maintenant davantage de celui de l'Allemagne (forte baisse puis forte remontée). Depuis la mi-2012, le sentier de croissance suivi par le Luxembourg se montre bien plus dynamique que celui de la zone euro ainsi que de celui de chacun des pays frontaliers et ce constat prévaut encore au début de 2014, notamment au 2e trimestre où la tendance est à la stagnation ailleurs.