La branche européenne de Transparency International, qui s’auto-définit comme une "organisation globale de la société civile qui mène la lutte contre la corruption", a lancé le 13 octobre 2014 une nouvelle base de données appelée "EU Integrity watch" ( www.integritywatch.eu ), qui renseigne sur les revenus des députés européens, et notamment sur leurs revenus provenant d’activités externes.
"Les données montrent que les hommes et femmes politiques européens ont des niveaux alarmants d'intérêts privés : 175 députés européens gagnent au moins 500 euros par mois avec leurs activités extérieures, 12 députés gagnent plus de 10 000 euros par mois alors qu'un député a déclaré 68 activités extérieures différentes. La base de données montre l'ampleur de l'activité menée hors Parlement européen, mais soulève aussi plus de questions que de réponses", dit le communiqué de Transparency International EU (TI-EU).
La base de données publie les revenus provenant d’activités extérieures de tous les députés européens. Selon TI-EU, la base de données permet de voir les différences entre pays, groupes politiques et partis nationaux, et surtout de scruter de près les conflits d’intérêts potentiels entre mandat politique et intérêts privés. Les fiches des députés détaillent le nombre de ces activités extérieures, les mandats dans des conseils d’administration et les autres mandats politiques que les députés peuvent avoir.
La base de données révèle un certain nombre de données :
Dans ce contexte, la base de données dit au sujet des députés européens luxembourgeois :
A signaler que l’indemnisation mensuelle de base du député européen est de 8020,53 euros. Leur indemnité journalière peut atteindre par mois les 4864 euros, leur allocation de frais généraux et de bureau 4299 euros et leurs frais de voyage peut atteindre les 2400 euros. En tout, ils peuvent recevoir jusqu’à 19586 euros.
Pour TI-EU, il semble "encore difficile de dire si ces activités extérieures créent un conflit d’intérêts à cause du manque de transparence". L’organisation critique la manière dont la déclaration d’intérêts financiers, disponible sur la fiche de chaque député sur le site du Parlement européen, est conçue, car elle ne permet pas selon elle de révéler un tel conflit d’intérêts.
TI-EU a par conséquent formulé quelques recommandations :
TI-EU place son initiative dans le contexte de la mise en œuvre du nouveau code de conduite des députés au Parlement européen en matière d'intérêts financiers et de conflits d'intérêts, à la rédaction duquel le député européen vert luxembourgeois Claude Turmes avait participé, et pour qui ce texte avait apporté "des améliorations substantielles" sur trois points : la transparence sur les activités rémunérées des eurodéputés en dehors de leur mandat, l’interdiction de solliciter, d’accepter ou de recevoir un avantage financier direct ou indirect en échange d’une prise d’influence (ou lobbying) sur une décision du Parlement européen et une définition du conflit d’intérêts ainsi qu’une procédure pour y remédier. Mais pour TI-EU, "sa mise en œuvre a été malheureusement moins ambitieuse". Aucune sanction n’a été prise jusqu’à ce jour contre les sept députés européens pour lesquels le comité consultatif du président du Parlement avait estimé qu’ils avaient violé le code de conduite. Pour TI-EU, "le Parlement européen est entretemps en recul par rapport aux normes et règles en vigueur dans la plupart des parlements nationaux qui ont renforcé leurs règles de conduite depuis 2012, et ce à un moment où l’euroscepticisme et la perception des institutions européennes comme des institutions corrompues sont plus forts que jamais".