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Statistiques - Emploi et politique sociale
La pauvreté des enfants a augmenté dans 20 pays européens entre 2008 et 2012, selon un rapport d’Unicef
28-10-2014


rapport-unicef-pauvrete-enfantsLe taux de pauvreté des enfants au Luxembourg a atteint 26,3 % en 2012, une augmentation de 6,5 % par rapport à 2008, selon un rapport publié le 28 octobre 2014 par Unicef. Baptisé "Les enfants de la récession – Impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches", le rapport du centre de recherche du Fonds des Nations unies pour l'enfance constate une augmentation de la pauvreté des enfants entre 2008 et 2012 dans 23 des 41 pays de l’OCDE analysés, dont 20 pays européens (sur 31). 

Pour rappel, le taux ou risque de pauvreté s’applique aux personnes vivant dans un ménage disposant d’un revenu inférieur à 60 % du revenu médian de la population (après transferts sociaux), selon la définition d’Eurostat. En 2011, 21,7 % des enfants au Luxembourg étaient exposés au risque de pauvreté.

En 2012, le taux de pauvreté des enfants était le plus élevé en Grèce et en Lettonie

Sur les 41 pays analysés, le Luxembourg se retrouve parmi les dix pays où la pauvreté des enfants a augmenté le plus en cinq ans.

En Islande, où la proportion d’enfants pauvres et gravement défavorisés a le plus augmenté, le taux a triplé (de 11 % à 31 %, soit + 20,5 %). Suivent la Grèce (de 23 % à 40,5 %, soit + 17,5 %) et la Lettonie (de 23 % à 38 %, soit + 14,6 %) où les taux ont presque doublé. La Lettonie et la Grèce étaient les pays avec le taux de pauvreté le plus élevé en Europe en 2012, suivies de l’Espagne (36 %, + 8 %) et de la Lituanie (31 %, + 8 %). En Croatie, le taux a également presque doublé (de 16 % à 28 %, soit + 12 %).

Avec une augmentation de 6,5 % en cinq ans, le Luxembourg se retrouve à la 34e position (sur 41), juste derrière l’Italie (+5,7 % pour arriver à 30 %). En nombre absolu, cette augmentation représente 619 000 enfants, selon le rapport. En France, il s’agit de 444 000 enfants en plus (+ 3 %).

Le nombre d’enfants "vivant dans un dénuement matériel sévère" a ainsi augmenté de 1,6 million pour atteindre 11,1 millions

Le rapporte souligne que les enfants nés dans la pauvreté en raison de la récession sont plus nombreux que ceux qui en sont sortis depuis 2008 (6,6 millions contre 4 millions). Il note que dans les pays les plus touchés par la récession, il y a eu une "détérioration constante de la situation des familles, principalement du fait des pertes d’emplois, du sous-emploi et des coupes opérées dans les services publics".

En Europe, le nombre d’enfants "vivant dans un dénuement matériel sévère" a ainsi augmenté de 1,6 million pour arriver à 11,1 millions en 2012 (contre 9,5 millions en 2008). Dans certains pays, comme l’Irlande ou la Grèce, les taux de pauvreté des enfants ont ainsi augmenté de plus de la moitié par rapport à 2008. Tandis que plus de 300 000 enfants sont sortis du dénuement en Allemagne et en Pologne, quatre pays ont connu des augmentations sans précédent (l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Royaume-Uni), note le rapport.

Un dénuement matériel sévère signifie qu’un ménage ne peut pas payer certaines dépenses comme par exemple la viande, le chauffage, le loyer, les vacances ou la voiture.

En 2012, près de la moitié de ces enfants (44 %) vivaient dans trois pays : l’Italie (16 %), la Roumanie (14 %) et le Royaume-Uni (14 %). En Estonie, en Grèce, en Islande et en Italie, le pourcentage de ménages avec enfants n’ayant pas les moyens d’acheter de la viande, du poulet ou du poisson tous les deux jours a plus que doublé, atteignant respectivement 10, 18, 6 et 16 % en 2012, affirme Unicef.

Au lieu d’un progrès de revenu des ménages avec enfants, le Luxembourg a perdu une décennie

Le rapport évoque une baisse importante des revenus médians des ménages pour les familles avec enfants pour certains pays : en Grèce, ces revenus ont sombré en 2012 au niveau de 1998 - l'équivalent d'une perte de 14 années de progrès de revenu. De même, le Luxembourg et l'Espagne ont perdu une décennie, l’Islande, 9 ans et l’Italie, la Hongrie et le Portugal ont perdu 8 ans, souligne le rapport.

Le taux de pauvreté des enfants a le plus reculé en Pologne

A part la France, le taux de pauvreté des enfants a baissé dans les pays voisins du Luxembourg : en 2012, il était de 15 % en Allemagne (- 0,2 %) et de 16,4 % en Belgique (- 0,8 %). Le pays où le taux de pauvreté a le plus reculé était la Pologne (- 8 % pour arriver à 15 %), suivie de la Slovaquie (-5,6 % pour arriver à 11 %), de la Suisse (-4,8 % pour arriver à 15 %) et de la Norvège (- 4 %) qui a le taux le moins élevé (5 %). Ces pays ont donc réussi à réduire le taux de pauvreté d’environ un tiers.

Les jeunes sont plus touchés par la pauvreté que les personnes âgées

L’augmentation du nombre d’enfants vivant dans un dénuement matériel sévère a eu lieu en deux phases, souligne le rapport. Alors que deux tiers des pays européens étaient concernés après 2008, "le dénuement a gagné du terrain un peu partout" à partir de 2010, indique Unicef. C’est Chypre, la Grèce et la Hongrie qui ont connu les plus fortes augmentations absolues. Le taux de dénuement matériel sévère des enfants a doublé en Grèce. Dans le groupe des pays les plus touchés, la proportion d’enfants gravement défavorisés a quasiment doublé en quatre ans.

Le rapport note que les jeunes sont plus touchés par la pauvreté que les personnes âgées pour lesquels une diminution du taux de pauvreté a été constatée dans 24 des 31 pays européens, tandis que le taux de pauvreté des enfants a augmenté dans 20 pays.

Près de 7,5 millions de jeunes sans formation ni emploi dans l’Union

Le rapport évoque une "hausse spectaculaire" des jeunes "NEET" dans de nombreux pays (personnes âgées de 15 à 24 ans  qui ont quitté l'école, qui ne suivent pas de formation ou qui sont sans emploi, en anglais : not in education, employment or training), dont le nombre a atteint 7,5 millions dans l’Union européenne en 2013.

Au Luxembourg, leur taux a baissé de 1,3 % entre 2008 et 2013 pour s’établir à 5 % - le Luxembourg se classe ainsi en 2e position quant à l’évolution de ce taux, juste derrière l’Allemagne où il a baissé de 2 % pour arriver à 6,3 %.

En revanche, les hausses les plus importantes en six ans ont été constatées à Chypre et en Grèce (+ 9 % pour s’établir à 19 % respectivement 21 %), suivis de la Croatie (+ 8 %), de la Roumanie et de l’Italie (+ 5 % chacun).

Avec un taux de 5 % de NEET, le Luxembourg se partage la première place avec les Pays-Bas, devant l’Islande, la Norvège et le Danemark. Les dernières places vont à l’Italie et la Bulgarie, avec 22 % de jeunes "NEET" en 2013, suivies de la Grèce et Chypre. En France, leur taux est de 11 % (+1 %), en Belgique de 12,7 % (+ 2,6 %).

Le chômage, l’origine, la monoparentalité et le nombre d’enfants sont des facteurs qui risquent d’accroître de pauvreté

Plusieurs facteurs risquent d’accroître le risque de pauvreté, dont le nombre d’enfants dans un ménage. Selon le rapport, un ménage avec deux enfants fait face à des dépenses qui sont 40 % plus élevées que celles de familles comparables sans enfants, ce qui les rend "plus susceptibles d’être pauvres", juge Unicef qui estime que la présence d’un ou plusieurs enfants dans un ménage fait passer le risque de "pauvreté des travailleurs" (personnes ayant un travail, mais vivant sous le seuil de pauvreté) de 7 à 11 %. Ce risque serait presque deux fois plus élevé pour les parents isolés (20,2 %).

D’autres facteurs contribuent à accroître ce risque comme des ménages sans emploi, des ménages migrants, des familles monoparentales ou des familles nombreuses, qui sont "surreprésentés dans les catégories statistiques de pauvreté les plus sévères".

Les enfants issus de ménages de migrants sont particulièrement vulnérables, estime le rapport, Ainsi, le taux de pauvreté a augmenté de 35 % pour ces enfants en Grèce, contre 15 % pour les autres enfants. "La Grèce se distingue par un impact particulièrement inégal sur les enfants", remarque Unicef. L’écart est également important en Islande, Slovénie et Lituanie et même en Belgique (avec un écart de 8 %) où le taux de pauvreté global a pourtant diminué.

Le rapport met en doute l’efficacité de certaines mesures prises pour lutter contre la pauvreté des enfants, en notant que "les inégalités se sont accrues dans certains pays où la pauvreté globale des enfants a diminué, ce qui laisse entendre que les réformes fiscales et les transferts sociaux censés aider les enfants les plus pauvres ont été relativement inefficaces". Il affirme que les efforts de réduction de la pauvreté des enfants "ont perdu en efficacité dans un tiers des pays de l’UE" au cours de la "seconde phase de la récession" (2010 – 2012).

En conclusion de son rapport, l'Unicef incite les Etats à prendre des mesures pour éradiquer la pauvreté des enfants dans les pays développés: "les gouvernements doivent investir pour éliminer la pauvreté extrême".