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Éducation, formation et jeunesse - Emploi et politique sociale
19 Etats membres ont réduit leurs dépenses consacrées à l’éducation en 2012, selon le dernier rapport de suivi de l’éducation et la formation, publié par la Commisison européenne
12-11-2014


Le rapport de suivi de l’éducation et la formation 2014 (Source: Commission)19 Etats membres ont réduit leurs dépenses consacrées à l’éducation en 2012, selon le dernier rapport de suivi sur l’éducation et la formation, publié par la Commission européenne le 12 novembre 2014. Dans 23 Etats membres, la part du PIB consacré à l’éducation s’est d’ailleurs réduite entre 2009 et 2012, tandis qu’elle a seulement augmenté dans trois Etats membres, à savoir la Belgique, le Luxembourg et Malte.

Dans l’UE, la part des dépenses pour l’éducation du PIB a baissé de 0,2 points pour arriver à 5,3 % en 2012 (contre 5,5 % en 2009), le même taux qu’en 2011. La part du PIB consacrée à l’éducation varie entre 3 % (Roumanie) et 7,9 % (Danemark). Le Luxembourg se situe dans la moyenne avec 5,4 %.

Six Etats membres ont réduit le budget de l’éducation de plus de 5 % en 2012, note le rapport : la Roumanie (- 27 %), le Portugal (- 10 %), la Grèce (- 8 %), Chypre (- 7 %), l’Espagne (- 7 %) et la Hongrie (- 6 %). Le budget a augmenté le plus au Luxembourg (+ 6 %), en Estonie (+ 5 %) et en Malte (+ 4 %).

C’est la Roumanie qui consacre le moins à l’éducation, soit 3 % de son PIB, une baisse de 1,1 points de pourcentage comparé à 2009. Elle est suivie de la Bulgarie (3,5 %) qui a également réduit ses dépenses (- 0,8 points) et de la Slovaquie (3,8 %), une baisse de 0,5 points. La Grèce consacre 4,1 % de son PIB à l’éducation, soit une baisse de 0,2 points. L’Italie suit avec 4,2 % (-0,4 points).

L’Allemagne se situe en dessous de la moyenne européenne – elle consacre 4,3 % de son PIB à l’éducation (-0,1 point) et se classe ainsi derrière l’Espagne (4,5 %, - 0,6 points). Alors que les dépenses absolues ont augmenté les années précédentes, c’est en 2012 que l’Allemagne les a réduites de 0,3 %.

La France a par contre augmenté constamment ses dépenses à l’éducation (+ 2 % en 2012) pour arriver à 6,1 % du PIB.

Neuf Etats membres se situent au-dessus de 6 % du PIB : Le Danemark arrive en tête (7,9 %), suivi de la Suède (6,8 %) et de Chypre (6,7 %, - 0,6 points). L’Estonie et la Slovénie arrivent à 6,4 % du PIB, suivis de la Belgique et de la Finlande (6,3 % chacun) et du Royaume-Uni et de la France (6,1% chacun).

Le taux d’emploi des jeunes diplômés a baissé de 6,5 % en cinq ans

Le rapport confirme une baisse du taux d’emploi pour les jeunes diplômés qui a stagné en 2013 à 75,5 %. Il a ainsi baissé de 6,5 points entre 2008 et 2013 et de 0,5 points comparé à 2012. Les dix Etats membres qui ont les taux les plus bas sont également ceux qui ont vu le taux d’emploi baisser de plus de 10 % en cinq ans, note le rapport. A la dernière place se situe la Grèce avec seulement 40 % (- 28 points), avant l’Italie (48 %, - 17 points), la Croatie (54 %, - 24 points) et l’Espagne (60 %, - 22 %).

Aux premières places se situent Malte (92 %, -3,5 points), l’Autriche (90 %) et l’Allemagne (89 %, + 3 points).

Le Luxembourg se situe légèrement au-dessus de la moyenne avec 79 % (- 8 points). En France, le taux d’établit à 77 % (- 6 points), en Belgique à 79 % (- 5 points).

On peut constater un écart entre hommes et femmes qui dépasse les 10 % dans quatre Etats membres : en Estonie, en Allemagne, en Slovénie et en République tchèque. Dans un seul Etat membre, à savoir la Lituanie, les jeunes diplômés femmes sont plus nombreux à travailler que les hommes (77 % contre 74 %), dans les autres Etats membres, le taux d’emploi des femmes est situé en dessous de celui des hommes.

Le rapport note qu’un quart des diplômés occupent un poste qui est en dessous de leurs qualifications. Au Luxembourg, ce taux est le moins élevé (6 %), tandis qu’il est le plus élevé en Espagne (39 %).

Le taux des femmes diplômées dépasse d’un quart celui des hommes

Le taux de femmes terminant l’enseignement supérieur est d’un quart plus élevé que celui des hommes (41 % contre 33 % en 2013) et on ainsi déjà atteint l’objectif d’Europe 2020 de 40 %.

Dans les pays baltes, il y a presque deux fois plus de femmes que d’hommes diplômés : Estonie (55 % contre 33 %), Lettonie (53 % contre 28 %), Lituanie (61 % contre 42 %). La Lituanie est d’ailleurs l’Etat où le taux de femmes ayant un diplôme universitaire est le plus élevé dans l’Union.

Dans douze autre Etats membres, l’écart est égal ou supérieur à 10 %. On y compte notamment la Slovénie (50 % contre 31 %, soit 19 points d’écart), le Danemark (52 % contre 35 %, soit 17 points), la Bulgarie (38 % contre 22 %, 16 points), la Pologne (48 % contre 33 %, soit 15 points) et la Finlande (53 % contre 38 %, soit 15 points).

Parmi les jeunes entre 30 et 34 ans, 37 % sont diplômés en 2013 de l’enseignement supérieur (l’objectif d’Europe 2020 étant de 40 %), une augmentation d’un point par rapport à 2012. Ce taux est en dessous de 25 % en Italie et en Roumanie, tandis que 16 Etats membres ont atteint l’objectif de 40 %. Dans trois Etats membres, ce taux est supérieur de 50 % : la Lituanie, le Luxembourg et l’Irlande. Avec environ 32 %, l’Allemagne reste en dessous de la moyenne européenne.

Parmi la population entre 25 à 64 ans, 28,5 % sont diplômés de l’enseignement supérieur (contre 22 % en 2004). Presque la moitié (47 %) a terminé l’enseignement secondaire supérieur, tandis que 25 % ont terminé l’enseignement secondaire inférieur.

Le rapport souligne que "l’expansion de l’éducation devrait continuer pendant les années à venir" afin de tenir compte de la demande accrue de main d’œuvre hautement qualifiée et que ce secteur devrait croître de 13 % entre 2013 et 2020 tandis que le secteur de l’emploi peu qualifié devrait baisser de 12 %. "Cela veut dire qu’en 2020, 31 % des emplois exigeront des qualifications élevées, tandis que seulement 21 % exigeront peu de qualifications", conclut le texte.

En ce qui concerne les compétences acquises au travers des systèmes d’éducation, le rapport note que près de 20 % des 16 à 65 ans dans l’UE ne dépasseraient pas le niveau de base en lecture et ils seraient 24 % pour ce qui concerne le calcul. Les objectifs Europe 2020 visent à ramener ces taux à un maximum de 15 %.

Un décrochage scolaire en baisse

Près de 5 millions de jeunes entre 18 et 24 ans sont en décrochage scolaire ou ont abandonné leur formation, soit un taux de 12 % (- 0,7 points par rapport à 2012). Un "progrès", selon le rapport qui souligne que l’Union se rapproche de l’objectif de la stratégie Europe 2020 qui était de réduire le taux à 10 %. Pourtant, les écarts sont importants entre les Etats membres : alors que 18 Etats membres ont déjà atteint cet objectif (contre 13 en 2012), dix Etats membres restent au-dessus : à la tête l’Espagne avec près de 23 %, suivi de Malte (21 %) et du Portugal (18 %) et de la Roumanie (17 %).

A noter que le taux de décrochage chez les  jeunes hommes (13,6 %) est un tiers plus élevé que  celui des femmes (10 %). Le taux de décrochage des jeunes migrants est même de 22,6 %  (contre 11 % pour les jeunes nés dans le pays). 

Les taux de décrochage sont le plus élevé en Espagne (24 %) qui a pourtant connu une réduction de 4 points par rapport à 2010, et à Malte (21 %, - 3 points), au Portugal (19 %, - 9 points), en Italie (17 %, - 2 points), et en Roumanie (17 % - 1 point).  Ils sont les moins élevés en Slovénie (4 %), en Croatie (4,5 %), en République tchèque (5,4 %).

Le rapport note qu’il y a en Europe 7,5 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans qui ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation (on les désigne par l’acronyme anglais "NEET"). Il prévient que leur taux s’est établi à 13 % des jeunes en 2013, une hausse de 2,2 points en cinq ans.

Une hausse des dépenses dans l’enseignement supérieur dans trois Etats membres

Au Luxembourg, il y a eu la plus importante hausse de dépenses dans l’enseignement supérieur qui a augmenté de 81 % entre 2008 et 2012, note le rapport. En France et en Malte, la hausse était également importante, avec plus de 40 %. La baisse la plus importante (- 35 %) a eu lieu en Roumanie.

De manière générale, le rapport constate que l’enseignement secondaire est le plus concerné par une réduction de dépenses qui a eu lieu dans 15 Etats membres entre 2008 – 2012. Les dépenses pour l’enseignement primaire ont été réduites dans 13 Etats membres et celles de l’enseignement supérieur dans 10 Etats membres. Cinq Etats membres (Luxembourg, Danemark, France, Malte, Pologne) n’ont réduit leurs dépenses dans aucun des trois ordres d’enseignement.

On peut également noter que la Hongrie a réduit de 30 % ses dépenses dans l’enseignement primaire, tandis qu’elle les a augmenté de presque 40 % dans l’enseignement secondaire.

Pour le Luxembourg, le rapport met en évidence certaines difficultés liées au caractère hétérogène de la population lié à la forte migration

Selon la fiche spécifique consacrée au pays, en termes de dépenses publiques consacrées à l’éducation, celles-ci s’élèvent au Luxembourg à 5,4 % de son PIB, 0,3 % de plus que l’année précédente. Ce pourcentage est légèrement supérieur à la moyenne européenne (5,3 %). Il a constamment augmenté depuis 2007 (4,2 %). Au Luxembourg, les dépenses annuelles des établissements d'enseignement publics et privés par élève sont plus du double de la moyenne européenne à chaque niveau d'enseignement.

Le rapport souligne en outre le fait que le système éducatif luxembourgeois doit faire face à des défis spécifiques en raison du multilinguisme et de la forte proportion de familles de migrants dans la population.

D’importantes inégalités persistent

Il stipule qu’il y a une forte relation entre le milieu socio-économique et l'acquisition de compétences, et qu’au Luxembourg, le taux de décrochage scolaire est élevé dans la population immigrée (8,1 % contre 6,1 %). Il constate des insuffisances dans la formation professionnelle, qui "ne fournit pas suffisamment aux jeunes, en particulier à ceux issus de l'immigration, les compétences nécessaires sur le marché du travail, ce qui conduit à un taux de chômage des jeunes relativement élevé."

Le rapport constate un écart important et croissant entre les sexes en mathématiques, et les garçons surpassent nettement les filles dans les sciences. Le milieu socio-économique joue également dans la performance, et les enfants issus de familles immigrées mais nés au Luxembourg ne performent que légèrement mieux que ceux qui ne sont pas nés au Luxembourg.

Selon le rapport, le Luxembourg reconnaît que les écoles devraient être plus souples pour répondre à la diversité croissante de la population scolaire.

D’une manière générale, la proportion d'élèves peu performants est nettement supérieure à la moyenne de l'UE en lecture et en sciences et un peu plus élevée en mathématiques.

Un taux de décrochage scolaire qui varie en fonction du sexe et de l’origine

Avec ses 6,1 %, la proportion des jeunes de 18 à 24 ans en décrochage scolaire au Luxembourg est en 2013 près de deux fois inférieure à la moyenne européenne (12 %). En outre, comparé à 2010, ce pourcentage a diminué d’un point. Avec ces chiffres, le Luxembourg respecte pleinement l’objectif européen et national de la stratégie Europe 2020 qui fixe une limite de 10 %.

Cependant, les statistiques nationales indiquent que le taux d'abandon scolaire est plus élevé parmi les immigrés (environ 8 %) et parmi les hommes (8 %).

Le rapport note que Luxembourg n'a pas de stratégie spécifique pour lutter contre le décrochage scolaire, mais qu’il y a un certain nombre de politiques et de projets qui visent à identifier les groupes à risque et de fournir un soutien individuel.

Le taux d'emploi pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur dépasse la moyenne de l'UE

Près de la moitié des 30-34 ans ont un diplôme de l'enseignement supérieur. Leur taux (50,8 % en 2013) est supérieur à la moyenne européenne (36,9 %) et se dirige vers l'objectif national de 66 % d'ici 2020. Cet objectif reflète le développement économique du Luxembourg, car deux emplois sur trois exigent des qualifications de l'enseignement supérieur, selon le rapport. Le taux d'emploi des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur est légèrement supérieur à la moyenne de l'UE (83,8 % par rapport à 80,7 %, en 2013).

Les auteurs du rapport estiment que le Luxembourg doit faire des efforts afin d'augmenter le nombre de personnes dans les groupes vulnérables qui participent à la formation professionnelle, en particulier les personnes peu qualifiées, les migrants et les travailleurs âgés. Le taux global de participation des adultes à la formation continue (14,4 % en 2013) est supérieur à la moyenne de l'UE (9 %) et a augmenté depuis 2010. Le Luxembourg est proche de l'objectif moyen de 15 % fixé par la stratégie Europe 2020.

Selon le rapport, malgré des niveaux relativement élevés de participation des adultes à la formation continue, il en faut davantage, comme les résidents luxembourgeois doivent de plus en plus faire face à la concurrence d'un grand nombre de travailleurs des pays voisins potentiellement plus qualifiés.

Des réformes scolaires contradictoires

Le rapport note en outre qu’au Luxembourg, il n'y a aucune stratégie politique dans le système de l’éducation pour mettre en œuvre une formation en entrepreneuriat.

Au Luxembourg, les enseignants sont, en termes de pouvoir d’achat, les mieux payés dans l’UE. Les auteurs du rapport soulignent néanmoins que, au vu des mauvais résultats luxembourgeois dans les tests PISA, des initiatives doivent être entreprises afin d’accroître la professionnalisation des enseignants. Ils estiment par ailleurs que les réformes scolaires ont été contradictoires et qu’il n’existe pas de  système national d'évaluation des enseignants et des élèves. Ils indiquent que l'OCDE a également noté que les étudiants passent trop de temps sur l'apprentissage des langues et a relevé un manque d'attention accordée à la diversité de l’origine des étudiants. Pourtant, dans le rapport de la Commission, le Luxembourg arrive à la première place en ce concerne le pourcentage d’élèves apprenant deux langues ou plus dans l’enseignement secondaire inférieur.