La zone euro fait peser un "risque majeur" sur la croissance mondiale, a jugé le 25 novembre 2014 l'OCDE dans son dernier exercice de prévisions économiques. Il faut une "réponse politique plus forte" afin "d’inciter la demande" et la croissance, a déclaré l'économiste en chef de l'OCDE Catherine Mann, selon le communiqué.
L’Europe est encore loin d’une "reprise durable", a pour sa part estimé Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, estimant qu’il y a un "risque croissant d’une stagnation dans la zone euro qui pourrait avoir des effets sur le monde entier". L’exercice de prévisions économiques ("Economic Outlook") pointe du doigt le chômage qui reste élevé ainsi que l’inflation qui reste loin de l'objectif de 2 % de la BCE.
L’OCDE prévoit pour la zone euro une croissance de 0, 8 % cette année, 1,1 % l'an prochain et 1,7 % en 2016. La croissance mondiale devrait atteindre 3,3 % cette année, 3,7 % l'an prochain puis 3,9 %, tirée notamment par les Etats-Unis (2,2 % puis 3,1 % puis 3 %), la Chine (7,3 % puis 7,1 % puis 6,9 %) et le Royaume-Uni (3 %, 2,7 % puis 2,5 %).
Face à cette conjoncture peu dynamique dans la zone euro, l’OCDE écrit dans son rapport que "le rythme plus lent de consolidation budgétaire structurelle (...) que la France et l'Italie proposent dans le cadre de leurs budgets 2015 semble justifié". Cette remarque intervient alors que la Commission européenne doit valider le 28 novembre 2014 les projets de budget des Etats membres dont sept, ceux de la France et l’Italie inclus, sont jugés "à risque" de ne pas respecter les règles européennes en matière de déficit et de dette.
Le rapport recommande des "réformes structurelles ambitieuses" afin de favoriser la création d’emploi et inciter la croissance. Il appelle les Etats membres de la zone euro à "ralentir" le processus d’assainissement budgétaire, dans le cadre budgétaire de l’Union, afin de "réduire son influence négative sur la croissance". "Il est vital pour la croissance dans la zone euro et la croissance mondiale que la politique monétaire européenne soutienne davantage l’activité afin d’écarter une menace d’une inflation toujours plus basse – voire d’un plongeon dans la déflation", prévient l'économiste en chef de l'OCDE Catherine Mann, dans un propos introductif, en ajoutant qu’un "retrait trop rapide de relance monétaire" ou un "regain d’austérité budgétaire" pourrait "freiner le rythme de la reprise".
L'OCDE répète que la BCE doit prendre "des mesures supplémentaires", par exemple "davantage d'achats d'obligations sécurisées et de titres adossés à des actifs (ABS), et aussi des achats d'obligations souveraines (...) et d'obligations d'entreprises".
Au Luxembourg, l’OCDE prévoit une croissance du PIB de 3,1 % en 2014, de 2,2 % en 2015 et de 2,6 % en 2016. Le rapport constate que les exportations vont être freinées par le nouveau régime de la valeur ajoutée (TVA) de l’UE pour le commerce électronique. Selon le texte, le relèvement des taux de TVA que "pèsera sur la demande" et se "traduira par une hausse des prix de consommation, qui risque de se répercuter sur les salaires à travers le mécanisme d’indexation rétrospective". Selon l’OCDE, un "effort supplémentaire d’assainissement budgétaire demeure nécessaire", tout en laissant "jouer les stabilisateurs automatiques". Le rapport recommande des réformes structurelles pour baisser le chômage structurel ainsi que des mesures en faveur de la concurrence et de l’éducation pour augmenter le potentiel de croissance.