Selon le dernier rapport de Transparency International (TI) sur l'Index de perception de la corruption (CPI) publié le 3 décembre 2014, la Roumanie, l'Italie, la Grèce et la Bulgarie sont les pays de l'UE les moins performants en matière de lutte contre la corruption.
L’indice de perceptions de la corruption est élaboré à partir de l’opinion d’experts sur la corruption dans le secteur public. Transparency International explique que les pays obtenant une note élevée "disposent souvent d’une administration transparente" et qui permet aux citoyens "de demander des comptes à leurs responsables". À l’inverse, une mauvaise note dénoterait un recours systématique à des pots-de-vin, l’absence de sanctions en cas de corruption et une inéquation entre les activités de l’administration et les besoins de la population.
Les pays sont notés de 0 (extrêmement corrompus) à 100 (faible corruption).
Dans cette 20e édition du rapport, parmi les pays de l’UE les plus performants, le Danemark (92), la Finlande (89) et la Suède (87) arrivent en tête, suivis des Pays-Bas (83), puis du Luxembourg (82) et de l'Allemagne (79). Les 4 derniers pays européens (Bulgarie, Grèce, Roumanie, Italie) sont notés à 43, et l'UE est en moyenne créditée d'une note de 64 sur 100. La Belgique obtient 76 points, et la France 69.
Le Danemark est par ailleurs en tête au niveau mondial, suivi de la Nouvelle-Zélande (91), puis de la Finlande. Le Luxembourg détient la 9e place mondiale. Plus de la moitié des 20 dernières places sont occupées par des pays africains.
TI explique la bonne performance du Danemark par le fait que le pays aurait de fortes dispositions en matière d'État de droit, de soutien à la société civile et des règles claires régissant le comportement des détenteurs de postes publics. Le Danemark a également annoncé la création d'un registre public d'informations sur les bénéficiaires d'entreprises établies dans le pays qui doit rendre également la corruption plus difficile, explique l'ONG.
Le mouvement anti-corruption est actuellement engagé dans une campagne intitulée "Démasquer les corrompus" pour inciter l’Union européenne, les États-Unis et les pays du G20 à suivre l’exemple du Danemark et à mettre en place des registres publics pour indiquer clairement qui contrôle chaque société, ou qui en est le bénéficiaire effectif.
Les pays de l'UE ont de meilleurs scores que certains de leurs voisins, turc ou ukrainien notamment, mais ne sont pas exempts de scandales, signale TI. "Cette année a été marquée par de nombreuses affaires, en France, en Espagne ou en Italie" qui ont concerné un ancien président, un actuel président régional et des membres de la famille royale, écrit TI. Par contre, la situation de la Grèce se serait améliorée (elle gagne 3 points dans le nouvel index) grâce à la mise en œuvre de plusieurs réformes. TI applaudit le fait que des manifestations contre la corruption se soient tenues dans plusieurs pays: en Espagne, en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie ou encore en Slovaquie. Mais, d'une manière générale, la situation dans l'UE serait restée la même ou se serait légèrement améliorée, entre autre grâce à l'amélioration dans certains endroits de la conjoncture économique.
Selon l’ONG, la corruption est "un mal qui affecte tous les pays", et il incomberait aux grandes places financières d’Europe et des États-Unis de coopérer avec les économies à croissance rapide pour "éviter que les corrompus ne s’en tirent impunément". Transparency International (TI) exhorte les pays les mieux classés, où le secteur public est relativement intègre, à "arrêter de favoriser la corruption en dehors de leurs frontières", en s’engageant davantage à "éviter le blanchiment d’argent" et à "empêcher le recours à des sociétés écrans pour dissimuler certaines pratiques".
"Bien que certains des pays les plus performants sont en Europe, les États de l'UE devraient être préoccupés par leur complicité dans la corruption dans le monde entier", explique l’ONG, "nous savons que tout effort pour arrêter la corruption dans un pays est compromis tant que les fonctionnaires corrompus sont autorisés à cacher leur argent dans un autre État".
Transparency International encourage l’UE à agir "dans les prochaines semaines" pour prévenir le blanchiment d'argent et "lutter contre les sociétés secrètes qui masquent la corruption".