La Commission européenne a lancé le 18 février 2015 "son projet phare" consistant à "créer un véritable marché unique des capitaux pour fluidifier le financement des entreprises européennes et doper la croissance dans les 28 États membres de l’UE".
L'union des marchés des capitaux annoncée par Jonathan Hill, commissaire européen à la stabilité financière, aux services financiers et à l'union des marchés de capitaux, vise à supprimer les obstacles auxquels se heurtent les investissements transnationaux dans l’UE et qui empêchent, selon la Commission, les entreprises d’accéder au financement.
La Commission estime que "le contexte actuel est difficile pour les entreprises en Europe, celles-ci se finançant encore très largement auprès des banques et relativement moins sur les marchés des capitaux." Et elle souligne : "dans d'autres régions du monde, c'est l’inverse qui prévaut".
Un mémo cite le fait que les marchés des capitaux-risque sont cinq fois plus importants aux USA du fait qu’ils ont été intégrés. Si cela avait été le cas pour l’UE, la Commission estime que "90 milliards d'euros de fonds supplémentaires auraient été disponibles entre 2008 et 2013 pour financer les entreprises".
La Commission constate la baisse des marchés des capitaux depuis 2007, où ils représentaient 85 % du PIB, contre seulement 64,5 % en 2013, alors qu’ils représentent 138 % du PIB des USA ou 94 % de celui du Japon. La Commission pointe également les disparités entre les Etats membres dans ce contexte : les marchés des capitaux représentent par exemple 125 % du PIB au Luxembourg, 121 % au Royaume Uni, 112 % en Suède, 98 % aux Pays-Bas, 81 % en France, et 71 % en Belgique, mais seulement 51 % en Allemagne, 38 % en Autriche voire moins de 10 % dans les pays baltes et d’autres "nouveaux" Etats membres de l’UE.
Une des conséquences de cette évolution a été, entre autres, que 35 % des PME n’ont pas reçu de la part des banques les crédits dont ils avaient besoin. Les titrisations ont donc fortement reculé dans l’UE avec la crise, passant 594 milliards d’euros en 2007 à 216 milliards d’euros en 2014. S’y ajoute qu’en 2013, 40 % du capital-risque a été avancé par les Etats, contre 15 % seulement en 2007. La Commission est convaincue qu’une relance de ces marchés pourrait libérer autour de 20 milliards d’euros supplémentaires pour les entreprises.
Dans ce cadre, la Commission entend avec l'union des marchés des capitaux "lever les obstacles empêchant la rencontre entre les agents à besoin de financement et les investisseurs, et rendre le système d'acheminement des fonds (la chaîne d’investissement) aussi efficace que possible".
La Commission a lancé son "projet-phare" par un cycle de consultations de trois mois, baptisé livre vert, dont les résultats serviront à élaborer un plan d’action pour libérer le financement non bancaire afin d'aider les start-ups à se développer et les grandes entreprises à poursuivre leur expansion. Selon la Commission, "l'union des marchés des capitaux est un projet à long terme qui nécessitera un effort soutenu durant de nombreuses années, mais dans certains domaines, des progrès pourront être accomplis dès les prochains mois".
L’objectif du livre vert sur l'union des marchés des capitaux est de lancer un débat dans toute l’UE sur les mesures nécessaires pour créer un véritable marché unique des capitaux. Deux consultations complémentaires, sur la "titrisation de haute qualité" et sur la directive "prospectus", sont également lancées aujourd’hui (voir détails ci-dessous).
La Commission souhaite recueillir les commentaires du Parlement européen et du Conseil, des autres institutions de l’UE, des parlements nationaux, des entreprises, du secteur financier et de toutes les parties intéressées. Tous les acteurs et les parties intéressés sont invités à soumettre leur contribution d'ici le 13 mai 2015 (voir le lien vers la page de la consultation).
À l'issue de la consultation publique, la Commission adoptera cet été un plan d’action définissant une feuille de route et un calendrier pour la mise en place, d'ici 2019, des éléments constitutifs d'une union des marchés des capitaux.
Les résultats de cette consultation serviront à la Commission pour identifier les actions nécessaires qui lui permettront d’atteindre les objectifs suivants:
Le livre vert met en lumière les principes clés qui devraient être à la base d’une union des marchés des capitaux:
La Commission précise que sa communication de novembre 2014 intitulée "un plan d'investissement pour l'Europe", autrement le dit le plan Juncker, a déjà identifié certaines mesures pouvant être prises à court terme. Il s'agit notamment de la mise en œuvre du règlement sur les fonds européens d'investissement à long terme (FEILT), de la titrisation de qualité, de la standardisation des données de crédit sur les PME, du placement privé et de la révision de la directive sur les prospectus. Ce sont des domaines où la nécessité de progresser est largement reconnue et où des effets positifs pourraient rapidement se faire sentir.
Les prospectus sont des documents juridiques que les entreprises utilisent pour attirer des investissements. Ils contiennent des renseignements permettant aux investisseurs de prendre des décisions d’investissement en connaissance de cause. Mais la production de ces prospectus, qui comportent souvent des centaines de pages d'informations détaillées, entraîne un coût et représente une charge administrative pour les entreprises. Quant aux investisseurs, ils peuvent avoir du mal à s'y retrouver dans cette surabondance d'informations.
La Commission lance une consultation sur la directive "prospectus" en vue de faciliter la levée de capitaux pour les entreprises (y compris les PME) dans l'Union européenne, tout en garantissant une protection efficace des investisseurs. L'un des objectifs clés sera de réduire les lourdes démarches administratives dont les entreprises doivent s'acquitter. La consultation portera, entre autres, sur les moyens de simplifier les informations figurant dans les prospectus, sur la définition des circonstances dans lesquelles un prospectus est nécessaire ou non et sur la manière de rationaliser le processus d’approbation.
La titrisation est un processus consistant à créer un instrument financier en regroupant des actifs : un plus grand nombre d'investisseurs est alors en mesure d’acquérir une part de ces actifs, ce qui en augmente la liquidité et libère du capital pour la croissance économique. L'objectif d'une initiative à l’échelle de l’UE sur la "titrisation de haute qualité" serait de garantir des exigences élevées, la sécurité juridique et la comparabilité entre les instruments de titrisation grâce à un niveau plus élevé de standardisation des produits. Cela permettrait notamment de renforcer la transparence, la cohérence et la disponibilité des informations essentielles pour les investisseurs, notamment dans le domaine des prêts aux PME, et de favoriser une plus grande liquidité. Cela devrait faciliter l'émission de produits titrisés et permettre aux investisseurs institutionnels de procéder aux vérifications préalables sur des produits correspondant à leurs besoins en termes de diversification, de rendement et de duration des actifs.
Mesures à moyen ou à long terme
Le livre vert vise aussi à recueillir des avis sur la façon de surmonter d’autres obstacles au fonctionnement efficace des marchés, à moyen ou à long terme, y compris