Comme chaque année avant le Conseil européen de printemps, les partenaires sociaux européens, la Commission européenne, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne (UE), et les ministres de l’emploi et des affaires sociales du pays qui assure la présidence du Conseil de l’Union et de celui qui lui succédera, se sont réunis à Bruxelles pour un Sommet social tripartite. Lors de cette réunion qui a eu lieu le 19 mars 2015, les dirigeants de l’UE et les partenaires sociaux ont examiné les priorités en matière d’emploi, de croissance et d’investissement pour l’Europe et ont discuté de la façon dont les partenaires sociaux pouvaient contribuer à la relance de l’emploi et de la croissance en Europe.
Ainsi, les participants se sont penchés sur l’analyse de la situation économique des États membres présentée dans les rapports par pays publiés récemment par la Commission, ainsi que sur les préparatifs des prochaines étapes du semestre européen de coordination des politiques économiques. Ils ont également fait le point sur le plan d’investissement Juncker et eu une discussion sur l’Union de l’énergie. Nicolas Schmit, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire, y représentait le Grand-Duché dans le cadre de la future présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE. La Confédération européenne des syndicats (CES), la confédération patronale BUSINESSEUROPE, le Centre européen de l’entreprise publique (CEEP) et l’Union européenne de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises (UEAPME) représentaient les employeurs et travailleurs de l’UE.
Dans un communiqué publié à l’issue du Sommet, Donald Tusk a parlé d’un "échange utile" avec les partenaires sociaux, soulignant que l’économie européenne était "clairement en train de s’améliorer" grâce à des "facteurs économiques qui jouent en notre faveur". Il n’a cependant pas été sans rappeler la situation du chômage en Europe, "inacceptable" selon lui, et le "besoin urgent de réformes du marché du travail dans la zone euro".
La première ministre lettonne, Laimdota Straujuma, a énoncé, au cours de sa conférence de presse, les "mots clés" qui avaient orienté le Sommet ("nouveaux emplois", "égalité sociale", "réformes structurelles" et "compétitivité"), tout en insistant sur le fait qu’il fallait "travailler tous ensemble pour connecter ces mots clés et délivrer des résultats."
Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission, a réitéré quant à lui l’engagement de la Commission à améliorer la participation des partenaires sociaux à travers le Semestre européen. Il a rappelé "l’importance d’impliquer les partenaires sociaux" dans le développement des programmes nationaux de réformes et la mise en œuvre de ces réformes. Il a également fait part de la volonté de la Commission et du Conseil de "mettre les affaires économiques et sociales sur un pied d’égalité" dans le but de créer une "croissance forte et durable en Europe".
En indiquant que le dialogue social constitue "l’élément clé d’une Europe sociale", Nicolas Schmit, ministre luxembourgeois du Travail, a plaidé pour un renforcement de l’implication des partenaires sociaux dans la gouvernance économique et tout au long du Semestre européen. Il s’est également prononcé pour que l’économie sociale figure davantage dans le dialogue social tant au niveau national qu’au niveau européen. Enfin, il a parlé de la révolution digitale et numérique comme étant "le grand défi pour l’Europe dans son ensemble".
Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), a indiqué, lors de sa conférence de presse, que contrairement aux autres participants, la CES juge la situation économique en Europe "extrêmement préoccupante". Si l’organisation salue le plan d’investissement Juncker, elle estime également qu’il est insuffisant pour restaurer le niveau d’investissement d’avant la crise et pense qu’il "favorisera uniquement les pays qui en ont le moins besoin" car les fonds privés qui seront mobilisés investiront pour "avoir des retours". Bernadette Ségol s’est cependant dite satisfaite que la Commission s’engage à "renouveler le dialogue social" tout en rappelant la "grande responsabilité" qui pèse sur la Commission. Concernant le Semestre européen, les membres de la CES sont "alarmés" par les conclusions du Conseil qui ne mentionnent "rien sur la dimension sociale de l’UEM et sur la qualité du travail". Au sujet des réformes, Bernadette Ségol a jugé que ce sont les pays qui ont engagé le plus de réformes structurelles qui ont "le moins de réussite". Elle plaide pour plus de "justice sociale". Enfin, la CES a manifesté son soutien à l’Union pour l’énergie mais a mis en garde contre le faits qu’il y aura des "gagnants et des perdants". Il faut une "transition juste" et un "projet ambitieux pour la décarbonisation des économies". A l’issue de la réunion Bernadette Ségol a déclaré sur son compte Twitter que "les mots changent, l’attitude et les références aux partenaires sociaux aussi, mais il faut un réel changement".
Markus Beyer, le directeur général de BusinessEurope, a parlé, dans sa conférence de presse, d’un "très bon échange de vues" tout en indiquant qu’il y a encore "beaucoup à faire" pour améliorer la compétitivité de l’Europe et que c’est grâce au dialogue social que les réformes réussissent. Au sujet de l’Union de l’énergie, Markus Beyer a indiqué qu’elle allait dans la "bonne direction" mais qu’il y avait encore un "problème de prix de l’énergie". BusinessEurope a également exprimé son "soutien total" au plan d’investissement Juncker tout en soulignant qu’il était "très ambitieux mais possible". A cet égard, Markus Beyer a clairement indiqué qu’il fallait "garder le politique hors de la prise de décision" lors de la sélection des projets. Enfin, au sujet du TTIP, il a parlé de "grandes opportunités" et d’un projet "très stratégique".
Dans un communiqué, l’UEAPME, le syndicat des artisans et des PME européens, a appelé les partenaires sociaux à s’attaquer à la compétitivité pour créer plus d’emplois et de croissance en Europe. Pour l’organisation, il s’agit du seul moyen pour déclencher les investissements privés qui créeront de la croissance et de l’emploi en Europe. Gunilla Almgren, la présidente de l’UEAPME, a réitéré la nécessité de créer une nouvelle loi pour les petites et moyennes entreprises ("new Small Business Act" en anglais) qui sera le principal critère d’une politique efficace pour les PME efficace dans le cadre du Semestre européen.
Valeria Ronzitti, Secrétaire générale du Centre européen de l’entreprise publique (CEEP), a fait part de ses positions sur les thèmes qui ont été abordé lors du Sommet tripartite. Dans un communiqué, elle a indiqué que le CEEP "soutient fortement" la mise en place d’une "vraie Union de l’Energie" qui contribuera à la relance économique européenne. Au sujet du plan d’investissement, elle a fait savoir que pour qu’il fonctionne, les Etats membres doivent orienter leurs programmes de réformes nationaux vers l’investissement et la croissance. Enfin, elle est d’avis que le secteur public, qui contribue au PIB européen à hauteur de 26 % et emploie 30 % des actifs européens, s’engage pour relancer la compétitivité européenne.
Le Sommet tripartie a fait suite à la conférence de haut niveau intitulée «Un nouvel élan pour le dialogue social», qui s’est déroulée le 5 mars 2015 à Bruxelles et qui avait marqué le début d’un partenariat renouvelé entre les partenaires sociaux et les institutions de l’Union, et mis en évidence l’importance du dialogue social européen pour faire face aux défis économiques et sociaux que connait l’Europe actuellement.