Principaux portails publics  |     | 

Politique étrangère et de défense
Les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis à Riga pour une réunion informelle "Gymnich" largement consacrée à l’Ukraine
07-03-2015


Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn (au centre), entouré de ses homologues allemand, Frank-Walter Steinmeier (à g.) et belge, Didier Reynders (à d.) lors du Gymnich des 6 et 7 mars 2015 (Source: MAEE)Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’Union européenne (UE) se sont réunis à Riga, les 6 et 7 mars 2015, à l’occasion de leur réunion informelle dite "Gymnich" qui aura notamment été consacrée à l'évolution de la situation en Libye et en Ukraine. Les ministres ont par ailleurs fait le point dans la capitale lettonne sur la politique de voisinage de l’UE, dont la révision vient d’être lancée, et ils ont abordé les préparatifs du Sommet du partenariat oriental qui aura lieu à Riga en mai 2015.

Ukraine : la situation sur le terrain s’améliore tandis que la question des sanctions fait débat

Traditionnellement organisée par la Présidence tournante du Conseil de l’UE en vue de faire le point sur l’actualité politique internationale, la réunion informelle aura permis aux ministres d’aborder plusieurs dossiers importants, à commencer par celui de l’Ukraine et des relations de l’UE avec la Russie.

Dans ce contexte, le ministre letton des Affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, et la Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, ont estimé que la situation s'était considérablement améliorée depuis le 12 février et la signature des nouveaux accords de Minsk, avec un début de retrait constaté des armes lourdes sur le terrain et une diminution de l'intensité des bombardements, peut-on ainsi lire dans communiqué de presse de la Présidence lettonne du Conseil de l’UE.

"Néanmoins, l'UE est consciente que le cessez-le-feu en Ukraine demeure fragile", précise le texte. Les ministres y rappellent la nécessité d’une application immédiate des accords de Minsk et soutiennent un renforcement des capacités de l'OSCE dans sa mission de suivi du respect de ces accords – dont le nombre d’observateurs devrait être porté à 1 000 contre moins de la moitié actuellement d’après le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier –, tout en rappelant que l'UE reste prête à renforcer les sanctions à l'égard de la Russie si la situation à l'Est de l'Ukraine devait se détériorer. Le ministre letton des Affaires étrangères a souligné dans ce contexte l’importance du maintien de l’unité de l’UE.

S’exprimant le 6 mars à Riga lors d’une conférence interparlementaire sur la politique européenne de défense et de sécurité, Federica Mogherini a ainsi reconnu que l'application de l'accord de Minsk n’était "pas parfaite", la Haute Représentante relevant encore "quelques violations" tout en soulignant une "tendance positive", selon des propos rapportés par l’agence de presse AFP. Quant aux sanctions, "elles ne seront pas levées tant qu'il n'y aura pas quelque chose de très positif sur le terrain", a-t-elle dit, citée dans l’édition du 7 mars du Bulletin quotidien de l’Agence Europe,  ajoutant que l'UE était "prête à réagir si les choses ne fonctionnaient pas". "Sur les sanctions, nous allons rester unis", a-t-elle encore prévenu.

En marge de la réunion informelle, plusieurs ministres ont cependant laissé entrevoir des divergences de vues à ce sujet. "Certains pays sont en faveur [du] maintien [des sanctions], d'autres sont en faveur de leur renforcement et d'autres sont pour leur réduction", a ainsi expliqué le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, selon des propos rapportés par l’Agence Europe. Pour l'Espagne, les accords de Minsk sont en train d'être mis en place et ce n’est donc pas le moment d'accélérer le processus de sanctions, a encore dit le ministre espagnol, suivi dans son analyse par son homologue français, Laurent Fabius. "Il est difficile de plaider une certaine amélioration et en même temps de renforcer les sanctions", a admis ce dernier en évoquant une "fragile amélioration", toujours selon l’Agence Europe.

De son côté, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a  également évoqué des progrès sur le terrain. Et d’estimer que si les choses évoluaient davantage dans la bonne direction, il s’agirait de réfléchir à diminuer l’intensité des sanctions contre la Russie, rapporte l’agence de presse DPA. "Nous attendrons d'avoir vraiment une désescalade avant de reculer en quoi que ce soit", a pour sa part déclaré le ministre belge, Didier Reynders, cité par l’AFP. Selon lui, les sanctions "devront probablement rester en application jusqu'à la fin de l'année". Enfin, le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevičius, s'est montré favorable à la prolongation des mesures restrictives. "L'unité est un très beau mot, mais l'unité de ne rien faire n'est pas pour moi. Nous devons être unis en faisant quelque chose", a-t-il dit selon l’Agence Europe.

La politique de voisinage ne doit pas "tracer de nouvelles lignes de démarcation en Europe", selon le ministre autrichien Sebastian Kurz

La réunion a par ailleurs permis aux ministres de se pencher plus largement sur la politique de voisinage de l’UE, dont la révision vient d'être lancée, cela dans le contexte des préparatifs du Sommet du partenariat oriental qui aura lieu à Riga en mai 2015. "L'importance de la coopération entre l'UE et les pays candidats a été soulignée par tous les ministres, qui ont abordé les différents domaines de coopération, comme celui de l'énergie ou celui de la lutte contre le terrorisme", lit-on dans un communiqué diffusé par le Ministère luxembourgeois des Affaires étrangères.

Dans ce contexte, les ministres ont évoqué la nécessité d'apporter un soutien équitable et équilibré aux pays du voisinage oriental et méridional, rapporte notamment la Présidence lettonne. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi plaidé pour une réforme qui mette aussi l’accent sur les pays du Sud de l’UE. "J’espère que nous arriverons à une réforme de la politique de voisinage qui développera des instruments de l'UE encore mieux adaptés aux intérêts de tous les pays du Partenariat à l'Est et au Sud", a-t-il dit selon la DPA.

De son côté, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, a estimé que l’UE devait s’assurer que le Partenariat oriental ne trace pas de nouvelles lignes de démarcation en Europe, selon la DPA. Par conséquent, il serait nécessaire d'impliquer la Russie dans les négociations, pense le ministre, selon lequel le Partenariat oriental ne devrait "pas être une épreuve de force pour les pays tels que l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie" qui devraient être en mesure de garder des liens économiques étroits avec la Russie.

Libye : soutien de l’UE au processus politique en cours

La réunion a également été l’occasion pour les ministres d’aborder l'évolution de la situation dans le voisinage méridional de l'Europe, en particulier en Libye.

Alors que le dialogue entre les parties libyennes a repris le 5 mars au Maroc, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont ainsi notamment évoqué les "mesures concrètes que l'UE et les États membres pourraient prendre à partir du moment où le processus [politique] déboucherait […] sur des résultats", a notamment déclaré la Haute Représentante de l'UE, Federica Mogherini, selon des propos rapportés par l’Agence Europe.

"Nous devrons être prêts à apporter notre plein soutien à tout type de réconciliation nationale pour éviter que la Libye ne tombe dans une absence d'autorité de référence", a-t-elle précisé toujours selon la même source, la Haute Représentante ajoutant que l’UE était prête "à reconstruire le pays par tous les moyens possibles" alors que la menace terroriste se renforce.