L’eurodéputé socialiste Marc Tarabella a demandé que les boissons alcoolisées soient soumises au même régime réglementaire d’étiquetage que les autres denrées alimentaires, lors d’une interview avec la chaine de télévision belge RTBF du 15 avril 2015 qu’il a publié via Youtube ainsi que sur sa page Facebook. "Les Européens sont les plus grands consommateurs d’alcool au monde. Et pourtant, personne ne connaît le nombre de calories, la composition ou la valeur énergétique de ce qu’il boit", y écrit-il. Et d’ajouter : "En effet, l’Europe tarde à réglementer, la position législative était déjà attendue en 2014 mais toujours aucune nouvelle : ce n’est pas acceptable !".
L’eurodéputé rappelle que le Parlement européen votera le 28 avril 2015 sur une résolution qui vient d’être adoptée par sa commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) le 31 mars 2015. Cette résolution appelle la Commission à élaborer une nouvelle stratégie d’alcool, censée prendre la relève de l’ancienne stratégie adoptée en 2006 et qui visait à réduire les dangers liés à l’alcool. Selon le bulletin d’information du Parlement européen, 360 amendements ont été présentés.
Dans cette résolution, dont la rapporteure est la Britannique Glenis Willmott (S&D), les eurodéputés prient la Commission d’élaborer "sans attendre" un rapport dont la présentation était prévu en décembre 2014, selon le règlement 1169/2011, et qui doit déterminer si les boissons alcoolisées ne devraient pas à l'avenir être soumises aux mêmes exigences que les aliments en matière d'informations sur les ingrédients et le contenu nutritionnel.
Pour rappel, l’obligation d’une déclaration nutritionnelle avait été levée dans ce règlement pour les boissons titrant plus de 1,2 % d’alcool en volume. Dans la résolution, les auteurs estiment que le public "doit être informé sur les ingrédients et le contenu nutritionnel" dans les boissons alcoolisées et qu’une "information détaillée" sur ces boissons est "nécessaire" compte tenus des risques liés à l’alcool. Ils veulent également que les consommateurs "aient connaissance du contenu en alcool et en calories sans que le marché unique en soit entravé".
"4 ans ont passé : il est temps de mettre fin à ce régime particulier. Je souhaite à présent que le secteur collabore pleinement à la mise ne place d’une nouvelle législation. Nous voulons jouer la carte de la transparence. Le consommateur a le droit de savoir", a commenté Marc Tarabella. Il rappelle qu’un verre de vin équivaut à une tranche de gâteau et que l’alcool "contribue à 10 % des apports caloriques journaliers chez les buveurs réguliers".
La résolution souligne la nécessité d’un étiquetage d’avertissement au niveau européen sur le risque de l’alcool pour les femmes enceintes et sur les risques de conduire en état d’ivresse. Dans ce contexte, les auteurs rappellent que conduite en état d'ivresse est à l'origine de près d'un accident de la route sur quatre et que pas moins de 5 200 personnes meurent chaque année des suites d'accidents liés à l'alcool sur les routes de l’UE ce qui en fait deuxième cause de mortalité sur les routes.
Quant aux jeunes, les auteurs de la résolution rappellent que leur consommation excessive d’alcool est devenue une pratique courante dans les Etats membres. C’est pourquoi ils invitent les Etats membres à augmenter l’âge légal pour la consommation d’alcool à 18 ans et de renforcer les contrôles de ces limites d’âges, notamment à proximité des écoles. Ils recommandent aux Etats membres de "surveiller" la publicité en faveur des boissons alcoolisées et ses effets sur les jeunes et les appellent à empêcher la vente d’alcool bon marché.
Quant aux femmes, la résolution insiste sur le fait que le foie chez la femme est beaucoup moins apte à éliminer l’alcool que chez l’homme et que les femmes vont devenir des alcooliques chroniques plus rapidement et en buvant des quantités d’alcool plus petites. Le texte rappelle que 25 % des décès des hommes âgés entre 15 à 29 ans sont imputables à l'alcool (contre 10 % chez les jeunes femmes).
Si les eurodéputés appellent à les Etats membres à sensibiliser le public aux effets nocifs de l'abus d'alcool, ils reconnaissent qu’une "consommation modérée de boissons alcoolisées fait partie intégrante de la vie culturelle dans de nombreux États membres et ne s'oppose pas nécessairement à un mode de vie sain".
La résolution rappelle également quelques faits accablants : l'abus d'alcool entraîne 3,3 millions de décès par an dans le monde, soit 5,9 % des décès et 25 % des décès des 20 à 39 ans sont imputables à l'alcool. Les coûts sociaux directs et indirects imputables à l'abus d'alcool sont estimés à 155,8 milliards d'euros en Europe pour 2010, dont la part la plus importante (82,9 milliards d'euros) ne concerne pas le système de santé. Le texte insiste sur le fait qu’environ 5 à 9 millions d'enfants vivent dans un environnement familial soumis aux effets nocifs de l'alcool. De plus, l'alcoolisme est un facteur de risque dans plus de 60 maladies chroniques.