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Politique étrangère et de défense
Interpellé par le député Gusty Graas dans la foulée des déclarations de Jean-Claude Juncker, Etienne Schneider observe que la création d’une armée européenne commune constitue une perspective encore lointaine
07-04-2015


Dans un entretien accordé au journal allemand Welt am Sonntag le 8 mars 2015, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait évoqué l'idée d'une armée européenne. Les réactions avaient aux déclarations du président de la Commission européenne avait été vives, et le député Gusty Graas (DP) a aussitôt adressé une question parlementaire au  ministre de la Défense, Etienne Schneider, pour connaître sa position sur la question.Chambre des Députés

Gusty Graas demandait au ministre s’il partageait le point de vue de Jean-Claude Juncker au sujet d'une armée commune européenne et il souhaitait savoir, le cas échéant, par quels moyens le Luxembourg pourrait assurer sa contribution dans la constitution de l'armée de l’UE.

Dans sa réponse datée du 7 avril 2015, Etienne Schneider rappelle en premier lieu que l’article 28A, paragraphe 2 du Traité sur l'Union européenne (Traité de Lisbonne) spécifie que "la politique de sécurité et de défense commune inclut la définition progressive d'une politique de défense: commune de l'Union. Elle conduira à une défense commune, dès lors que le Conseil européen, statuant à l'unanimité, en aura décidé ainsi".

La mise en place, le moment venu, d'une telle "défense commune" déboucherait très probablement sur la création d'une armée européenne commune qui en constituerait l’outil militaire, analyse le ministre.

Etienne Schneider relève toutefois aussi que, "compte tenu des réalités politiques au sein de l'UE, la réalisation d'une défense européenne commune  - et a fortiori la création d'une armée européenne commune - constituent nécessairement des perspectives encore lointaines". "Une défense et une armée européenne commune présupposeraient un consensus des Etats membres de l'UE sur de très nombreuses questions politiques complexes touchant à des prérogatives et traditions nationales (commandement, autorisation et contrôle d'éventuels déploiements etc.)", explique-t-il en effet.

Le ministre note qu’une armée européenne commune pourrait "contribuer à affirmer le rôle de l'Union européenne en tant qu'acteur de sa sécurité ainsi que de la sécurité autour de ses frontières extérieures". Il relève aussi "d'autres attraits parmi les plus évidents" qui seraient "les synergies et économies d'échelle rendues possibles, mettant en commun les efforts de tous les Etats membres". "Cela pourrait avoir pour effet une réduction des coûts et une meilleure efficience militaire", poursuit-il.

"Le moment venu et en fonction de la configuration retenue pour la mise en place d'une défense et d'une Armée européenne commune, le Luxembourg assurerait de manière adéquate sa contribution", assure enfin le ministre de la Défense.

Dans sa question parlementaire, Gusty Graas se demandait aussi si la création d'une armée de l'Union européenne n'entraînerait pas un affaiblissement de l'OTAN. Etienne Schneider lui répond sur ce point que "la mise en place d'une défense et d'une armée européenne communes ne pourraient se faire que dans le plus parfait respect de la compatibilité et de la complémentarité avec l'OTAN, cela tout en excluant de manière catégorique toute duplication des structures".

Enfin, Etienne Schneider précise que "le débat actuel sur une armée européenne ne devrait aucunement détourner l'attention des défis actuels de la Politique de Sécurité et de Défense commune (PSDC) de l'UE".  "Notre pays s'appliquera de manière très pragmatique et terre-à-terre à faire avancer la cause de la PSDC lors de sa Présidence UE du deuxième semestre 2015", annonce le ministre.