Dans une interview publiée le 8 mars 2015 par le journal allemand Welt am Sonntag, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, regrette qu’en termes de politique étrangère, "il semble" que l’UE ne soit "pas vraiment prise au sérieux". Dans ce contexte, il a esquissé le potentiel, les responsabilités et le sens d’une hypothétique armée européenne.
"Une armée européenne commune montrerait au monde qu’il n’y aura plus jamais de guerre entre les pays européens", a-t-il déclaré lorsque la rédaction du journal l’a interrogé sur la nécessité d’une armée de l’UE. "Une telle armée nous aiderait à concevoir une politique étrangère et de sécurité commune et à percevoir les responsabilités de l'Europe dans le monde", a-t-il poursuivi. Avec sa propre armée, "l’Europe pourrait réagir de façon crédible à une menace de la paix dans un État membre ou dans un pays voisin de l'Union européenne", a encore souligné Jean-Claude Juncker.
Lorsque les journalistes lui demandent si la Russie aurait selon lui renoncé à l’annexion de la Crimée s’il y avait eu une armée européenne, Jean-Claude Juncker a aussitôt indiqué que "les réponses militaires sont toujours les mauvaises réponses", et que celles-ci "constituent un aveu que la diplomatie et la politique ont échoué". "Nous n’avons pas d’armée européenne à engager immédiatement. Mais une armée commune à tous les Européens donnerait à la Russie la claire impression que nous sommes sérieux quand il s'agit de défendre les valeurs européennes", a-t-il expliqué.
A la question posée par les journalistes de savoir si l’OTAN n’y suffit pas, Jean-Claude Juncker rappelle que tous les membres de l’OTAN ne sont pas membres de l’UE. "Il ne s’agit pas de concurrence, mais aussi de renforcer l’UE", poursuit le président de la Commission européenne qui indique par ailleurs qu’une armée européenne permettrait d’intensifier la coopération dans le développement et l’achat de matériel militaire et entraînerait des économies importantes.
L’idée d’une armée européenne a déjà trouvé un certain soutien en Allemagne. "Notre avenir, en tant qu'Européens, passera un jour par une armée européenne", a ainsi indiqué dans un communiqué la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, précisant que ce ne serait pas fait "à court terme".
Le Welt am Sonntag citait également le même jour le chef de la commission parlementaire allemande de politique étrangère, Norbert Roettgen, disant que l'idée d'une armée de l'UE était "une vision européenne dont le temps est venu".