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Migration et asile - Justice, liberté, sécurité et immigration - Politique étrangère et de défense
Des réactions plutôt positives suite à la présentation de l’agenda en matière de migration par la Commission
14-05-2015


Des réfugiés sur une embarcation de fortune sont sauvés par un navire (Source : ONU)Les réactions étaient plutôt positives, suite à la présentation de la Commission de son agenda en matière de migration le 13 mai 2015. Les grands groupes politiques au Parlement européen tout comme les ONG humanitaires ont salué un "pas historique et courageux" et une "étape importante", se félicitant du fait que la Commission propose d’activer le mécanisme d’urgence prévu par les traités en cas d’afflux soudain de migrants. Néanmoins, la gauche radicale et les Verts ont critiqué que les propositions n’aillent pas assez loin et n’envisagent pas une révision du système Dublin II.

Au Parlement européen

Le président du Parlement européen, Martin Schulz (S&D), a salué le système de quotas pour les réfugiés proposé par la Commission européenne. "90 % des réfugiés sont accueillis dans dix pays, dont quatre portent la charge principale", a-t- il déclaré le 13 mai 2015 à la radio publique RBB Inforadio. Il a accusé "certains Etats membres" à "poursuivre leurs intérêts nationaux avec froideur". "J’espère que cela soit visible maintenant et qu’on aura une majorité qualifiée", a-t-il dit. Sur Twitter, il a salué un agenda "ambitieux" et ajouté que le Parlement européen est "prêt" à "concrétiser la solidarité".

Le groupe PPE au Parlement européen a salué dans un communiqué l’agenda de migration. "Je félicite le commissaire Dimitris Avramopoulos pour ce travail. Il a notre plein soutien. Le Parlement européen et la Commission ont démontré qu’ils sont prêts à agir. Maintenant c’est aux Etats membres de prouver qu’ils sont capables à trouver une solution commune pour l’afflux massif de migrants", a déclaré Monika Hohlmeier. Elle a particulièrement salué l’activation du mécanisme d’urgence, prévu par le traité sur le fonctionnement de l’UE (TFUE), et le renforcement de l’opération EUCAP au Niger. "Une solution pour la pression migratoire ne peut être concentrée sur l’UE toute seule, c’est pourquoi je salue les efforts de Federica Mogherini d’inclure les pays de transit et d’origine et de trouver une approche commune pour détruire les navires utilisés par les trafiquants". Roberta Metsola a pour sa part salué une communication "ambitieuse" qui va "au-delà des pures réponses d’urgence".

Le groupe S&D a salué un "pas historique" et "courageux". "L’Europe se réveille. Après un retard honteux, la Commission a enfin fait un pas en avant sur la voie de la création d’une politique européenne commune en matière de migration", a déclaré Gianni Pittella, président du groupe, en saluant le "courage" du président de la Commission, Jean-Claude Juncker en référence à l’activation du mécanisme d’urgence. Ainsi, il a réussi à "retenir" les gouvernements nationaux en les obligeant à aller au-delà de leur "égoïsme national" et d’assumer leurs responsabilités. Il a appelé à réviser le règlement Dublin II, un instrument "anachronique et ineffectif" qui a été "dépassé par les évènements" et à rendre permanent le programme de réinstallation. Birgit Sippel a estimé pour sa part que l’agenda ne donne pas de réponse à la demande du groupe d’améliorer les voies d’entrée légales dans l’UE et n’arrive donc pas à prévenir de nouvelles tragédies en Méditerranée.  L’eurodéputé britannique Claude Moraes a appelé les Etats membres à transposer la législation existante, critiquant le fait que l’Allemagne reçoit six fois plus de demandes d’asile que le Royaume-Uni.

L’eurodéputé britannique Timothy Kirkhope (ECR) s’est exprimé dans une interview à Sky News en faveur d’initiatives "humanitaires" et de sauvetage en Méditerranée, tout en appelant à se concentrer sur la lutte contre les trafiquants.

Le groupe ALDE a salué une "étape importante", tout en appelant à "faire plus pour dissuader les immigrants d'entreprendre ce dangereux voyage vers l'Europe" et à s’adresser aux causes profondes de l’immigration. Le président du groupe, Guy Verhofstadt a plaidé pour un "système stable d'asile et d'immigration" et un "permis de séjour européen qui donne accès au marché européen si vous avez un contrat de travail" et  pour un "mécanisme européen de partage de demandeurs d'asile". "C'est au niveau de nos ambassades dans les pays d'immigration et de transit que l'on doit instruire les dossiers d'asile et d'immigration", a-t-il jugé. Cecilia Wikström a salué un " grand pas en avant", qu’elle juge pourtant insuffisant. Elle a appelé les Etats membres à partager la responsabilité des demandeurs d'asile et à accroître la solidarité.

Le groupe GUE/NGL a fait part dans un communiqué de son "mécontentement" avec l’agenda proposé, le seul point positif étant l’annonce de la Commission de proposer d’ici la fin 2015 un régime européen permanent de relocalisation dans les situations urgentes d’afflux massifs. Le groupe dénonce que trop peu est fait en matière de réinstallation qui reste volontaire et critique le fait que l’agenda ne dit rien sur la migration légale, à part la carte bleue, ou encore la révision du règlement Dublin II. Un système de relocalisation qui ne prend pas en compte les souhaits des migrants "va échouer", a estimé l’eurodéputée Cornelia Ernst, qui appelle à prendre en considération les liens familiaux ou des aspects culturels des migrants. Barbara Spinelli a dénoncé le fait que l’agenda appelle à la protection des réfugiés, mais la majorité des actions proposées feraient le contraire, comme les interventions militaires envisagées en Libye. Elle reproche à la Commission d’avoir rédigé l’agenda avec "les yeux fermés" et critique un nombre "dérisoire" de places de réinstallation.

Le groupe des Verts a critiqué des propositions "timides et incohérentes" qui ne vont pas assez loin et appelle à améliorer les voies légales d’entrées dans l’UE. "La Commission doit assurer que le règlement Dublin II n’enfreint pas le droit à l’asile", a déclaré l’eurodéputée allemande Rebecca Harms, jugeant que le "progrès en matière de quotas" de réfugiés est "entaché" par la proposition d’une opération navale afin de détruire les navires des trafiquants. Philippe Lamberts a jugé "regrettable" que la logique à l'œuvre dans la politique de migration soit "avant tout répressive et sécuritaire". "Si en effet, l'objectif est effectivement d'assécher le business de ces criminels, cela implique non pas de la coordination militaire mais politique pour enfin réguler et ouvrir des voies légales d'accès", a-t-il estimé, en appelant à la mise en place d’un "système d'asile équitable s'appliquant de manière générale et pas exclusivement en situation d'urgence". Eva Joly a pour sa part félicité la Commission pour "imposer" la solidarité européenne qui "fait tant défaut à la politique européenne de migration" et qu’elle "tente de pallier à l'attentisme criminel des États-Membres".

Au Luxembourg

L’eurodéputé vert luxembourgeois Claude Turmes a salué dans un communiqué la proposition d’un système de quotas obligatoires, qui aurait "dû être faite depuis longtemps". Mais la proposition d’une relocalisation de réfugiés exclusivement en situation d'urgence "ne va pas assez loin", critique-t-il. "Nous avons besoin d’une alternative durable au système de Dublin II, qui oblige les migrants à rester dans l’Etat membre par lequel ils sont entrés dans l’UE pour la première fois. Ce système a imposé une charge disproportionnée aux pays méditerranéens", a jugé Claude Turmes. Il a appelé des pays comme le Royaume-Uni, la République tchèque ou la Slovaquie à mettre fin à leur attitude de blocage. "La balle est aussi dans le camp de la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE qui devra traiter cette problématique et jouer le médiateur entre les Etats membres", a-t-il conclu.

Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a pour sa part annoncé lors d’un Conseil du gouvernement le 13 mai 2015, que le Luxembourg est "prêt à assumer sa responsabilité", mais dans la mesure de ses possibilités. Il n’a pas avancé des chiffres concrets, mais déclaré que le gouvernement est en train "d’examiner" les capacités d’accueil, tout en appelant à la solidarité des Luxembourgeois et des communes. L’agenda de la Commission prévoit que le Luxembourg accueille 147 réfugiés dans le cadre du programme de réinstallation.

L’eurodéputée luxembourgeoise (PPE) et ancienne commissaire européenne Viviane Reding a salué sur sa page Facebook la proposition comme une "stratégie courageuse" de la Commission qui "vise à apporter une solution humaine à une catastrophe humanitaire en remplaçant un système fragmenté par un mécanisme de solidarité". Elle a appelé les Etats membres à traduire leurs paroles en actes et à ne pas camper sur leur position du "pas chez moi". Elle appelle à soutenir Jean-Claude Juncker qui "s'attaque de front à cette tragédie, avec courage et détermination" et "propose une répartition juste et équilibrée des demandeurs d'asile en Europe"

La réaction des ONG et de l'UNHCR

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une organisation intergouvernementale avec 157 pays membres, a salué dans un communiqué l’agenda proposé par la Commission, notamment le triplement des moyens pour les opérations maritimes de surveillance, en rappelant qu’au moins 1 826 migrants ont perdu leur vie en traversant la Méditerranée depuis le début de l’année. L’OIM se félicite que la Commission porte une "attention renouvelée" sur le sauvetage de migrants et la lutte contre les trafiquants.

L’ONG Amnesty International (AI) a salué une "évolution positive qui ne doit pas être affaiblie par les Etats membres". "La Commission européenne a tardivement concédé qu’il est essentiel de mener des patrouilles navales et aériennes le long des principaux itinéraires migratoires, y compris près de la Libye. Que cela soit accompli par des États membres à titre individuel ou par le biais de l’opération Triton, c’est le résultat qui importe, à savoir sauver des vies", a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. L’ONG remarque que l’Agenda "ne précise cependant pas clairement dans quelle mesure le champ opérationnel de Triton sera élargi ni s’il couvrira les zones de haute mer où la plupart des bateaux de réfugiés et de migrants se trouvent en difficulté". AI fait état d’un "risque que certaines ressources (bateaux et aéronefs) déployées hors de Triton ne soient détournées de leurs fonctions de recherche et de sauvetage" pour assurer des interventions militaires contre les trafiquants.

Le "Conseil européen sur les réfugiés et les exilés" (ECRE) a salué sur son compte Twitter des "développements positifs". 

L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a qualifié l’agenda de "percée" en matière de gestion des flux migratoires, tout en appelant à une mise en œuvre rapide des propositions afin de sauver des vies, en rappelant que 219 000 personnes ont traversé la Méditerranée en 2014, dont 3 500 sont mortes. L’UNHCR s’est dit "très satisfait" par le fait que le principe de solidarité a été reconnu dans les propositions de la Commission.

La réaction de certains Etats membres

Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, a salué sur son compte Twitter "des jours au cours desquels des progrès ont été faits sur la flexibilité, l’immigration, la croissance économique". "Il y a encore beaucoup à faire, mais nous ne flanchons pas", a-t-il ajouté.

L’Allemagne a salué la proposition de la Commission. "Tous les Etats membres ont une responsabilité commune d’accueillir des réfugiés", a déclaré le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière. Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a affirmé que l’Allemagne ne s’opposera pas à l’agenda.

La Pologne s’est montrée quant à elle critique. "Nous ne disons pas que nous n'allons pas accueillir d'immigrés. Nous disons que nous voulons être crédibles dans cette offre et par conséquent je vais oeuvrer, tout comme une partie de mes collègues européens, en faveur des décisions bénévoles", a déclaré la Première ministre Eva Kopacz le 15 mai 2015. "Cela m’étonne beaucoup que la Commission veuille nous imposer des quotas alors que les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé clairement que l’accueil des migrants se fera volontairement. Il n’y a pas d’accord" sur un système de quotas, a déclaré pour sa part le 14 mai 2015 à TVN24 le ministre des Affaires étrangères polonais, Rafal Trzaskowski, ajoutant que c’est aux Etats membres de décider combien de réfugiés ils acceptent sur leur sol.

Le même argument avait été formulé par Bohuslav Sobotka, le Premier ministre tchèque, en amont de la présentation de l’agenda, qui avait suscité la critique de plusieurs autres Etats membres, dont le Royaume-Uni, la Hongrie et les pays baltes. Le Premier ministre tchèque a réitéré le 13 mai 2015 son opposition : "Nous avons l’intention de défendre nos intérêts nationaux et nos principes avec le bon sens", a-t-il déclaré. Les quotas n’empêcheront pas les réfugiés à voyager dans d’autres pays avec un standard de vie plus élevé. "La République tchèque n’est pas la destination des réfugiés, plutôt un pays de transit", a-t-il dit.

"Le Conseil européen s'est mis d'accord sur le fait que toute décision des pays membres concernant les migrants doit être volontaire, si bien que je refuse la politique de quotas comme principe", a renchéri le chef du gouvernement slovaque Robert Fico.