A l’occasion de l’édition 2015 de la Semaine verte, la plus grande conférence sur la politique de l’environnement qui se tient du 3 au 5 juin 2015 à Bruxelles, la Commission européenne a publié une liste rouge de l’état de conservation de quelque 6000 espèces (mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, etc.) présentes à l’échelle de l’UE. A l’instar du récent rapport sur l'état de conservation de la nature publié le 20 mai 2015, qui avait dressé un "tableau mitigé", la liste rouge "brosse un tableau tout aussi contrasté de la vie sauvage européenne et atteste la nécessité de prendre des mesures urgentes", note la Commission dans un communiqué.
Selon le rapport, 13 % des 533 espèces d’oiseaux étudiées au niveau européen (soit 67 espèces) sont menacées, dont 10 sont classées dans la catégorie «en danger critique» (niveau de menace le plus élevé). "Il s’agit notamment d'oiseaux emblématiques, tels que le vanneau sociable, le bruant auréole et le courlis à bec grêle", note la Commission qui précise tout de même que les mesures de conservation ciblées qui ont été prises à l'initiative de l’UE ont été couronnées de succès : 20 espèces autrefois menacées, dont le pélican frisé, l'œdicnème criard, le milan noir et le faucon crécerellette, sont aujourd'hui classées dans la catégorie «préoccupation mineure». A l’échelle de l’UE, ce sont même 18 % des 451 espèces qui seraient menacées, précise la Commission. L’ONG BirdLife, qui a dressé la liste rouge des oiseaux pour le compte de la Commission, précise que cette situation est due à deux facteurs principaux : le braconnage et les changements dans l’utilisation des terres, en particulier des terres agricoles. D’autres facteurs comme le changement climatique, la pollution et la présence d’espèces non-indigènes ont également été relevés.
En ce qui concerne les poissons, de nombreuses espèces sont en déclin en raison de la surpêche, des changements d'utilisation des sols, de la pollution, du développement d'infrastructures et des changements climatiques, indique la Commission. Si les stocks de cabillaud de l’Atlantique et de thon rouge de l’Atlantique sont en voie de reconstitution, la gestion du milieu marin s’est révélée moins efficace pour d’autres espèces commerciales. Requins et raies sont les plus en danger : 40,4 % d’entre eux sont menacés d’extinction et 39,7 % connaissent un déclin de leurs populations. En danger critique, l'ange de mer commun (Squatina squatina), que l'on trouvait auparavant dans toutes les eaux européennes, ne vit plus désormais que dans les eaux des îles Canaries.
L’ONG BirdLife a profité de la Semaine verte pour publier un bilan à mi-parcours de la stratégie de la Commission visant à protéger et à améliorer l’état de la biodiversité en Europe d’ici à 2020, stratégie qui avait été présentée le 3 mai 2011 et qui fixe des objectifs clairs en vue de réduire la biodiversité. Dans son rapport intitulé "Halfway there ?" et publié le 2 juin 2015, l’ONG reprend les éléments de la liste route et explique que c'est dans le domaine agricole que la stratégie de l'UE pour la biodiversité a le plus échoué au cours des cinq premières années de sa mise en œuvre.
En dépit de certains progrès réalisés notamment grâce à la législation européenne en matière de protection des oiseaux sauvages et des habitats (directives 'Habitats' et 'Oiseaux sauvages'), pas grand-chose n'a été fait en matière de restauration des écosystèmes (objectif 2 de la stratégie). Les progrès ont été limités concernant la perte de biodiversité internationale (objectif 6), et c'est un échec total en matière d'agriculture (objectif 3) où les prairies disparaissent à un rythme alarmant, ce qui a entraîné la perte de plus de la moitié des oiseaux de prairies depuis 1980, notamment en Allemagne, en Bulgarie et en Slovénie.