Un groupe politique baptisé "Europe des Nations et des Libertés" a été constitué le 16 juin 2015 au Parlement européen autour du parti d'extrême droite français, Front national (FN), comme l’a annoncé la veille sa présidente Marine Le Pen sur Twitter.

Le nouveau groupe compte des élus du Parti pour la liberté néerlandais (PVV), du Parti de la liberté autrichien (FPÖ), de la Ligue du Nord italienne et du Vlaams Belang flamand (Belgique), avec lesquels travaille déjà le FN au sein d'une "coordination", ainsi que deux élus du KNP polonais et une ancienne de l’UKIP britannique qui viennent de se rallier. Le nouveau groupe sera coprésidé par Marine Le Pen et Marcel de Graaff, du PVV néerlandais.

Alors que le Front national était arrivé en tête des élections européennes de mai 2014 en France (23 élus), le parti n’était pas parvenu depuis à constituer un groupe politique autour de lui, 25 élus de 7 nationalités différentes étant nécessaires. Avec ses alliés classiques, le FN avait certes le nombre d'élus nécessaires (37), mais il lui manquait deux nationalités. Marine Le Pen ayant refusé, dans une logique de "dédiabolisation" du FN, de s’allier à des partis jugés trop radicaux, comme le parti fascisant hongrois Jobbik ou le parti néo-nazi grec Aube dorée.

Avec le ralliement de deux eurodéputés polonais, Michal Marusik et Stanislaw Zoltek, issus du parti d'extrême-droite KNP, et d’une élue britannique, Janice Atkinson, Marine Le Pen est désormais parvenue à former un groupe au Parlement européen avec sept nationalités représentées, a-t-elle annoncé le 16 juin lors d’une conférence de presse à Bruxelles. A noter que Janice Atkinson a été exclue de l'UKIP pour avoir "jeté le discrédit sur le parti", dans une affaire de surfacturation demandée à un restaurateur juste avant une conférence du parti UKIP. Par ailleurs, les eurodéputés français Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch, deux dirigeants historiques du FN, ne feront pas partie du nouveau groupe, qui comptera alors 21 élus FN, a précisé l’Agence France-Presse. La formation de ce groupe politique confèrera à ses membres une plus grande visibilité et leur donnera la possibilité de présider des commissions ou sous-commissions. Le groupe politique recevra également entre 20 et 30 millions d'euros de subventions du Parlement européen.

Avec le groupe "Europe, liberté et démocratie directe" (EFDD) mené par le leader du parti eurosceptique britannique UKIP, Nigel Farage, le Parlement européen compte désormais deux groupes europhobes et anti-immigration.

Les réactions

Dans un communiqué publié le 16 juin 2015, les eurodéputés Verts/ALE Ian Hudghton et Alyn Smith, respectivement président et membre du SNP, le parti national écossais, ont appelé Janice Atkinson à renoncer à son siège au Parlement européen, "purement et simplement". Alyn Smith précisant que Janice Atkinson avait été "élue sur une liste" et qu’elle n’a donc "aucun mandat personnel pour se diriger vers ce groupe dégoûtant" et Ian Hudghton tentant de rassurer sur le fait que "ce nouveau groupe restera à la marge du travail du Parlement européen" et appelant les "progressistes à travers l’Europe de rester unis dans les efforts pour combattre les politiques menées par ces gens".