A l’heure même où le Président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le collège des commissaires rencontraient le gouvernement néerlandais, Peter Kok, ambassadeur des Pays-Bas au Luxembourg présentait, dans la capitale, les priorités de la Présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne (UE) qui a succédé à la Présidence luxembourgeoise au 1er janvier 2016.
Après un bref bilan de la Présidence luxembourgeoise par Jean-Louis Thill, directeur adjoint des relations économiques internationales et des affaires européennes auprès du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg, Peter Kok a présenté les quatre priorités qui guideront la Présidence néerlandaise au cours des six prochains mois :
Selon l’ambassadeur, il s’agira d’une Présidence "pragmatique", "sans vision grandiose", mais qui délivrera des "résultats tangibles". "Les Pays-Bas assument la Présidence du Conseil dans des circonstances difficiles, ce qui réaffirme l’urgente nécessité d’une coopération européenne", a-t-il ajouté. Ainsi, la Présidence néerlandaise travaillera à une UE "centrée sur l’essentiel", elle s’attachera à impliquer les citoyens européens dans les entreprises et respectera le principe de transparence, a-t-il affirmé. L'agenda stratégique adopté par le Conseil européen en juin 2014 servira de fil conducteur à la Présidence néerlandaise, a encore ajouté l’ambassadeur.
En ce qui concerne la première priorité, "la migration et la sécurité internationale", la Présidence néerlandaise entend mettre en place une approche cohérente de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieures, qui sont selon elle étroitement liées. Il importera donc d’améliorer l’accueil des réfugiés dans la région comme en Europe, a dit Peter Kok, mais les Etats membres devront aussi répartir les charges de façon plus équitable, et examiner comment mieux maitriser les flux migratoires. Dans ce contexte, la Présidence entend accélérer la mise en œuvre de la stratégie élaborée par le Conseil européen et du paquet présenté par la Commission le 15 décembre 2015 qui prévoit la création d’un corps européen de gardes-frontières et de garde-côtes. "Pour protéger l’intégrité de l’espace Schengen, il est indispensable de reprendre le contrôle des frontières extérieures", a dit l’ambassadeur.
Il s’agira aussi de renforcer les mesures de lutte contre le trafic des migrants et la traite d’êtres humains, a-t-il ajouté. Enfin, la politique étrangère et de sécurité commune devra, selon la Présidence néerlandaise, être plus forte et il faudra élaborer de nouvelles stratégies de sécurité internationale.
S’agissant de la deuxième priorité, "une Europe innovante et créatrice d’emplois", les Pays-Bas s’efforceront de maintenir la reprise de l’économie européenne qui dispose d’un potentiel de croissance de 1,2 trillions d’euros, à condition que le marché unique soit accompli, a indiqué Peter Kok. La Présidence invite donc les Etats membres à stimuler les entreprises, les entrepreneurs, les services et les secteurs innovants, à lever les obstacles et moderniser et simplifier les règles afin que partout, elles servent réellement les citoyens et les entreprises, a dit l’ambassadeur.
Pour mener bien cette deuxième priorité, il importe également d’investir ensemble dans la recherche. Par ailleurs, l’Europe devra également conclure des accords commerciaux durables et équilibrés et assurer la protection des travailleurs contre la concurrence déloyale.
Enfin, les Pays-Bas œuvreront pour moins de régulation inutile et de charges administratives, un meilleur marché unique numérique avec des possibilités pour les entrepreneurs et avec plus de choix et des prix plus bas pour les consommateurs, a ajouté Peter Kok.
En ce qui concerne la "stabilité financière et la solidité de la zone euro", la troisième des priorités, il importe de poursuivre les efforts entrepris dans le sens de la reprise économique et la hausse de l’emploi afin de garantir des budgets sains dans une économie moderne. Peter Kok a encore indiqué que les accords passés au sein de l’Union économique et monétaire devront être respectés dans ce cadre, pour que les pouvoirs publics et les citoyens puissent disposer d’une zone euro forte.
Les Pays-Bas souhaitent également engager un débat sur une réforme du budget pluriannuel afin de réaliser une union des marchés des capitaux plus évoluée, des progrès en ce qui concerne les réformes structurelles et des mesures économiques plus coordonnées.
Enfin, au sujet de la quatrième priorité, "une politique climatique et une politique énergétique durables", les Pays-Bas prônent une approche cohérente des questions liées au climat, à l’environnement et à la durabilité, a fait savoir l’ambassadeur. Ils feront par ailleurs la promotion de modèles de croissance durable, a-t-il ajouté. Pour cela, il faudra mettre en place une économie circulaire basée sur un cycle d’exploitation responsable et le recyclage de toutes les ressources, y compris les déchets. Mais les Pays-Bas œuvreront également à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies, d’une Union de l’énergie européenne et d’une politique climatique durable. Il s’agira alors de travailler à la stimulation de secteurs novateurs qui contribuent à la transition vers l’économie circulaire, et à la mise en œuvre des résultats de la conférence de Paris sur le climat (COP 21) qui s’est tenue du 29 novembre au 11 décembre 2015.
En conclusion, Peter Kok a indiqué que le rôle primordial donné à l’innovation, à la croissance et à l’emploi exige une réglementation européenne plus intelligente. "Celle-ci doit être simplifiée et s’appliquer dans tous les Etats membres", a –t-il dit. Ainsi, les charges administratives et les coûts seront aussi moindres pour les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics, a-t-il ajouté.
"Il importe que les citoyens et les organisations de la société civile se sentent proches de l’Europe et donc qu’ils puissent suivre le fonctionnement de l’UE", a conclu le conférencier, en espérant que la tradition néerlandaise de concertation et de coopération se révèlera "précieuse pour l’Europe".