La Commission européenne a publié le 3 mai 2016 ses prévisions du printemps 2016 , des chiffres basés sur des politiques inchangées qui serviront de base dans le cadre du semestre européen 2016, avant leur prochaine mise à jour en novembre 2016.
Par rapport aux prévisions d’hiver publiées en février 2016, les services de la Commission ont revu légèrement à la baisse les prévisions de croissance, ce qu’ils expliquent notamment par la détérioration des performances des principaux partenaires commerciaux de l’UE. "La croissance du PIB de la zone euro devrait rester modérée sur la période 2015-2017», prévoient-ils par conséquent.
La Commission note "la grande incertitude" qui entoure ses prévisions du fait des tensions géopolitiques, des possibles turbulences sur les marchés internationaux ou encore des risques "considérables" liés à l'évolution de la situation intérieure de l'UE, en lien notamment à "l'incertitude du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union".
Selon ces prévisions, la croissance économique atteindra 1,6 % en 2016 et 1,8 % en 2017, contre 1,7 % en 2015. Dans ses prévisions d’hiver, la Commission tablait sur une croissance de 1,6 % en 2015, 1,7 % en 2016 et 1,9 % en 2017. La croissance du PIB de l’UE, quant à elle, devrait être plus modérée et passer de 2 % l’an dernier à 1,8 % en 2016 et 1,9 % en 2017, alors que dans ses prévisions d'hiver, la Commission tablait sur une croissance de 1,9 % en 2015, 1,9 % en 2016 et 2 % en 2017.
Selon les prévisions de la Commission, la croissance économique devrait augmenter ou rester globalement stable dans la plupart des États membres au cours de la période de prévision. Si elle devrait concerner tous les États membres d'ici à l’an prochain, elle devrait néanmoins rester inégale dans l'UE, ce que n’a pas manqué de mettre en exergue Pierre Moscovici devant la presse.
Les exportations nettes de la zone euro devraient continuer à freiner la croissance en 2016 avant de devenir neutres en 2017, estime la Commission. Par conséquent, la croissance dépendra de la demande intérieure : d'après les prévisions, l'investissement se redressera l'an prochain pour atteindre 3,8 % dans la zone euro et dans l'UE, et la consommation privée ralentira en raison de la reprise de l'inflation, qui réduira la croissance du revenu réel.
La Commission prévoit que l'amélioration du marché du travail devrait se poursuivre à un rythme modéré, étant donné l'effet différé de l’embellie conjoncturelle et de la hausse limitée des salaires. "Dans certains États membres, les réformes du marché du travail menées ces dernières années et les mesures budgétaires favorisent également la création nette d’emplois", observe la Commission.
Même si les disparités entre les marchés du travail subsisteront encore quelque temps, le taux de chômage de la zone euro devrait tomber de 10,9 % en 2015 à 10,3 % en 2016 puis à 9,9 % en 2017. Quant à l'UE dans son ensemble, son taux de chômage devrait passer de 9,4 % en 2015 à 8,9 % en 2016 et 8,5 % en 2017.
Des prévisions un peu plus optimistes que celles formulées en février 2015, puisque la Commission tablait sur un taux de chômage passant de 11 % en 2015 à 10,5 % en 2016 et à 10,2 % en 2017 dans la zone euro. Dans l’UE, la Commission prévoyait cet hiver qu’il passerait de 9,5 % en 2015 à 9 % cette année et 8,7 % l’an prochain.
D'après les prévisions, les déficits agrégés des administrations publiques de la zone euro et de l’UE continueront à se réduire cette année et l’an prochain, grâce à la croissance économique et aux faibles taux d’intérêt.
Le déficit public global de la zone euro devrait, à politique constante, diminuer et passer de 2,1 % du PIB en 2015 (UE: 2,4 %) à 1,9 % en 2016 (UE: 2,1 %) et 1,6 % en 2017 (UE: 1,8 %).
La zone euro devrait avoir une orientation budgétaire légèrement expansionniste cette année. Son taux d'endettement devrait continuer à diminuer progressivement et passer de 94,4 % en 2014 à 91,1 % en 2017 (UE: 85,5 %).
En raison de la poursuite de la baisse du prix du pétrole au début de l'année 2016, l'inflation est devenue négative. Elle devrait rester proche de zéro dans les mois à venir, les prix de l’énergie étant plus bas qu’il y a un an. Les pressions extérieures exercées sur les prix sont faibles, elles aussi, compte tenu de l'appréciation légère de l'euro et des prix mondiaux à la production relativement bas.
La Commission prévoit une progression de l'inflation plus marquée au deuxième semestre, étant donné que les prix de l’énergie augmentent progressivement et que les prix intérieurs se redressent sous l'effet d'un raffermissement de la demande intérieure.
D'après les prévisions, l'inflation des prix à la consommation atteindra, dans la zone euro, 0,2 % cette année (UE: 0,3 %) et 1,4 % en 2017 (UE: 1,5 %).
En 2015, la croissance en dehors de l’Union européenne a probablement connu son rythme le plus faible depuis 2009 (3,2 %), en raison du ralentissement des marchés émergents. Les prévisions de croissance du PIB mondial se sont encore détériorées, les grandes économies avancées subissant elles aussi un ralentissement, tandis que de fortes incertitudes entourent la prévision d’une reprise modérée. L’économie mondiale devrait enregistrer une croissance de 3,1 % en 2016 et de 3,4 % en 2017.
"Une grande incertitude entoure ces prévisions", note, prudente, la Commission européenne.
Parmi les risques extérieurs cités par la Commission figure l'éventualité que le ralentissement de la croissance des marchés émergents, en particulier de la Chine, ait des répercussions ou une ampleur plus fortes que prévu. L’incertitude liée aux tensions géopolitiques reste élevée et pourrait avoir des conséquences plus graves que prévu pour les économies européennes. Une évolution brutale des cours du pétrole ou l'apparition de turbulences sur les marchés financiers pourrait également freiner la croissance européenne.
De plus, observe la Commission, "les risques liés à l'évolution de la situation intérieure de l'UE restent considérables, comme par exemple ceux liés au rythme de mise en œuvre des réformes structurelles et à l'incertitude du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union". Dans son rapport, la Commission cite aussi, comme en février 2016, les risques liés à "l’incapacité à trouver des solutions communes par exemple dans la gestion des flux migratoires" ou encore les conséquences que pourrait avoir "une suspension plus généralisée des accords de Schengen". Des conséquences qui pourraient se faire sentir notamment sur la consommation privée ainsi que sur l’investissement privé, observe la Commission.
En revanche, escompte la Commission, les réformes structurelles pourraient avoir des effets bénéfiques plus importants qu'attendu et la transmission des politiques monétaires particulièrement accommodantes à l’économie réelle pourrait s'avérer plus forte qu'escompté.
La Commission européenne, qui a revu ses prévisions sur le Luxembourg de février 2016, prévoit une croissance de 3,3 % en 2016, soit une baisse de 0,5 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes. Ce taux de croissance du Luxembourg sera néanmoins deux fois plus important que celui de ses voisins. Seules Malte, l’Irlande, la Pologne et la Roumanie affichent des taux de croissance plus forts. La Commission estime que la demande intérieure a rejoint les performances du secteur financier comme moteur de la croissance, ce qui lui fait dire que la croissance sera plus équilibrée. Le chômage baissera légèrement, passant de 6,4 à 6,2 %, une détérioration néanmoins du chiffre de l’ordre de 0,2 point de pourcent par rapport aux prévisions de février 2016. L’inflation restera basse à cause des prix bas de l’énergie. L’excédent budgétaire devrait baisser à 0,1 % en 2017 à cause de la réforme fiscale.
La croissance passera de 4,8 % en 2015 à 3,3 % en 2016. Cette baisse toute relative est due à la baisse de l’exportation des services financiers et non-financiers alors que les marchés financiers sont en difficulté. Mais le secteur de la construction croîtra très fortement, favorisé par de bas taux de crédit et des commandes venant tant du secteur privé que de l’investissement public. Seul l’investissement dans les biens d’équipements restera encore faible, à cause d’une sous-utilisation des capacités actuelles.
La consommation privée augmentera de 2,2 %, vu la croissance de l’emploi, alors qu’en février 2016, la Commission prévoyait encore une progression de 2,9 %. Mais en 2017, avec l’impact de la réforme fiscale et du paiement d’une tranche indiciaire sur les salaires sur le pouvoir d’achat des personnes privées, la demande intérieure devrait passer à 2,9 %, nettement plus forte que prévue en février.
La croissance passera, elle, à 3,9 % en 2017.
Si la croissance élevée n’induira qu’une faible baisse du chômage de 6,4 à 6,2 %, c’est selon elle dû au fait que la plupart des nouveaux emplois, qui augmenteront à une moyenne de 2,5 %, iront à des non-résidents.
L’inflation restera très basse, car l’effet de l’augmentation de la TVA en 2015 a été absorbé par la baisse des prix de l’énergie.
Alors que la Commission avait prévu en février 2016 encore un excédent budgétaire de 0,2 % seulement du PIB pour 2015, elle admet qu’elle a été surprise que cet excédent ait été finalement de 1,2 %. Elle explique cette hausse par des dépenses moins élevées pour la consommation intermédiaire, les salaires des fonctionnaires, tout comme par des investissements publics différés. Par ailleurs, les recettes dues à l’impôt sur les revenus des ménages et des entreprises ont été plus importantes que prévues et les pertes sur la TVA sur les produits électroniques moins importantes que prévu. L’augmentation de la TVA de 2 % a également eu un impact positif sur les finances publiques. En 2016, l’excédent budgétaire devrait être de 1 % du PIB. En 2017, cet excédent devrait fondre à 0,1 % du PIB, à cause de la réforme fiscale qui impliquera une révision des barèmes et du taux d’imposition des revenus d’entreprises, qui passera de 21 à 19 %. Les recettes de l’Etat devraient baisser de 0,8 % du PIB.
L’excédent structurel baissera de 1,7 % en 2015 à 1,4 % en 2016 et 0,3 % en 2017. La dette publique passera de 21,4 % du PIB en 2015 à 22,5 % en 2016 et à 22,8 % en 2017.