Le 14 juin 2016, l'Union syndicale Luxembourg (USL) a tenu une conférence de presse pour dénoncer la perte d'attractivité du Luxembourg auprès des candidats à la fonction publique européenne et des fonctionnaires déjà en place.
"La procédure de sélection pour une place comme employé de l'UE est très dure. On demande énormément aux candidats. Dans les derniers entretiens d'embauche, il y a toujours plus de candidats, qui, quand on leur dit que le job est au Luxembourg, préfèrent renoncer", a déclaré la représentante de la délégation, Annamaria Csordas, selon des propos rapportés par le Luxemburger Wort. Ce désamour aurait pour origine les coûts de la vie plus élevés qu'à Bruxelles auxquels doivent faire face les salariés de l'UE en poste à Luxembourg. "Les employés de l'UE ne veulent plus travailler au Luxembourg et ceux qui le font le quittent à la première opportunité", a dit le président Miguel Vicente Nuñez.
L'USL déplore qu'il n'y ait pas d'adaptation financière des salaires, pour prendre en compte notamment le coût du logement. La perte de pouvoir d'achat d'un fonctionnaire qui va de Bruxelles à Luxembourg est d'environ 8 %. Le syndicat voudrait en conséquence l'introduction d'un coefficient correcteur de 8 %. Cette prise en compte de l'environnement national serait le seul moyen pour que le site de Luxembourg reste attractif et attire les meilleurs candidats. L'USL doit rencontrer le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, afin d'obtenir que le gouvernement s'emploie pour des moyens supplémentaires de la part de l'UE. L'USL souligne dans ce contexte que l'Association européenne de libre-échange AELE, regroupant Suisse, Norvège, Liechtenstein et Islande, adapte déjà un coefficient de correction de 8 % au Luxembourg depuis le 1er janvier 2016.
De manière générale, l'USL déplore la dégradation de la qualité du travail et des rémunérations. "C'est sans arrêt pire. Au contraire de ce qu'on affirme souvent, les fonctionnaires de l'UE ne sont pas fortunés. Ils ne vont même pas très bien ", a ainsi déclaré Francisco Fernandez, chef de la délégation du personnel de la Commission européenne. "Quand je dis que je travaille pour la Commission européenne, les gens disent 'c'est un job de rêve'. Mais je dis que ce n'est pas vrai. Ça pouvait être vrai il y a dix ou quinze ans. Mais plus maintenant", a déclaré Sorin Critescu, en poste à la Commission européenne.
Par ailleurs, l'Union syndicale souhaite également une compensation pour les coûts de santé plus élevés de 15 % à ce qui est déterminé dans le contrat. Elle déplore également que le personnel de l'UE ne puisse profiter du tiers payant pour le paiement des médicaments, car leur statut n'est pas le même que tout autre salarié ou fonctionnaire au Luxembourg.
Cette dernière situation serait particulièrement pénible pour les agents contractuels, dont la situation était également à l'ordre du jour de la conférence de presse de l'Union syndicale. Le syndicat dénonce le fait que 200 des 500 agents contractuels hautement qualifiés engagés à la Commission européenne gagneraient mois que le salaire minimum légal. Francisco Fernandez, chef de la délégation du personnel de la Commission européenne, parle d'une "logique d'esclavagisme", adoptée par la Commission. Après une grève de trois jours menée fin 2014, des améliorations ont certes été promises, mais elles n'ont été traduites dans les faits que pour une dizaine d'entre eux.