À l’occasion du discours du président Juncker sur l’état de l’Union en 2016, la Commission a présenté le 14 septembre 2016 son réexamen à mi-parcours du budget pluriannuel de l’UE (2014-2020).
Le cadre financier pluriannuel (CFP) 2014-2020 a été adopté en 2013 et est doté, pour la première fois dans l’histoire de l’UE, de montants inférieurs au cadre budgétaire précédent. L’accord politique sur le CFP, qui a fait l’objet de longues et difficiles négociations, prévoyait un réexamen à mi-parcours. Les propositions de la Commission doivent à présent être approuvées par le Parlement européen et le Conseil, l’objectif de la Commission étant de "parvenir à un accord sur la plus grande partie possible du paquet d’ici à la fin de 2016".
La Commission propose de libérer des financements supplémentaires de 6,3 milliards d’euros d'ici à 2020, ce qu’elle annonce pouvoir faire sans que cela n’ait d'incidence sur les plafonds de dépenses convenus avec le Parlement européen et le Conseil. Cette somme sera destinée à stimuler la création d’emplois, les investissements et la croissance économique ainsi qu'à faire face à la migration et à ses causes profondes.
Le paquet contient également des propositions sur la manière de mieux doter le budget de l’UE et de lui permettre de réagir plus rapidement à des circonstances imprévues en introduisant une plus grande flexibilité. La Commission propose par exemple de mettre en place une nouvelle réserve de crise qui serait financée par des crédits non utilisés.
Le paquet de la Commission prévoit aussi de simplifier les règles financières et de faire en sorte qu’elles soient plus axées sur les résultats.
Le financement supplémentaire proposé jusqu’en 2020 correspond aux deux grandes priorités que sont l’investissement et la migration.
La répartition des crédits est la suivante:
Compte tenu des hausses inscrites dans le projet de budget 2017 (1,8 milliard d’euros) et de l’ajustement technique des enveloppes au titre de la cohésion, qui consacreront des fonds supplémentaires à ces priorités (4,6 milliards d’euros), le réexamen à mi-parcours comporte une dotation financière de près de 13 milliards d’euros.
La Commission précise que les États membres n'auront pas à payer de montants supérieurs aux engagements qu'ils ont déjà pris au titre du CFP 2014-2020 : "ces crédits seront prélevés sur certaines des réserves du budget, comme les marges non allouées et les instruments spéciaux", est-il expliqué dans le communiqué de presse de la Commission.
Parallèlement au réexamen à mi-parcours, la Commission propose de simplifier les règles qui régissent l'octroi des fonds de l’UE aux États membres et aux autres bénéficiaires. Parmi les résultats escomptés figurent:
La Commission propose également d’améliorer la capacité du budget de l’UE à réagir de façon rapide et adéquate à des événements imprévus, à travers:
Les eurodéputés de la commission des budgets (BUDG) ont eu l’occasion de réagir aux propositions que la commissaire européenne en charge du budget, Kristalina Gerogieva, était venue leur présenter dès le 14 septembre. La plupart d’entre eux se sont montrés, dans l’ensemble, satisfaits, même si la provenance des 6,3 milliards d’euros de fonds supplémentaires prévus par la Commission n’a pas manqué d’en inquiéter un certain nombre.
Isabelle Thomas (S&D), rapporteur sur le CFP, a ainsi salué les éléments du paquet proposé sur la flexibilité du budget et sur la création d’un nouveau fonds d’urgence. En revanche, elle s’est montrée critique le fait que la Commission ne prévoit pas de débattre des plafonds du CFP. Le fait de ne pas connaître pas la provenance de l’argent mobilisé pour les nouvelles dépenses l’inquiète et elle déplore que la Commission ne propose que 1 milliard en tout pour la garantie jeunesse, alors que le Parlement européen réclame 1 milliard par an.
Jan Olbrycht (PPE), l’autre rapporteur sur le CFP, a salué les propositions de la Commission, tout en se disant insatisfait du niveau des allocations supplémentaires et surpris du fait qu’elles puissent être financées sans toucher aux plafonds du CFP. "L’extension de la flexibilité budgétaire ne peut suffire à elle seule à faire face à tous les besoins urgents, argue l’eurodéputé.
Eider Gardiazabal Rubial (S&D) a, elle aussi, salué les éléments sur la simplification et la flexibilité. Elle a regretté que la Commission n’ait pas prévu "une nouvelle injection d’argent pour couvrir les nouveaux besoins".
Jean Arthuis (ADLE), le président de la commission des budgets du Parlement européen, a salué "un paquet de réformes intelligentes pour un budget plus simple et plus flexible". Malheureusement, déplore-t-il, "ce budget, même réformé, ne permettra pas de faire face aux crises actuelles". "La proposition de révision de la Commission européenne ne touche pas aux montants du cadre. Soucieuse de ne pas froisser les États membres la Commission n’a donc pas proposé de réviser les fameux "plafonds" qui corsettent l’action politique de l’UE, mais propose une révision de la philosophie et des pratiques budgétaires", explique-t-il, apparemment résigné, dans une tribune publiée sur Euractiv. Il y salue toutefois "la simplification des règlements financiers" envisagés et conclut que "compte tenu du périmètre du corset, la proposition de la Commission, à l’image de la Commissaire Georgieva, est intelligente, pragmatique et courageuse".